David Epston a donné ce matin une conférence qui commençait par une déconstruction de l’apprentissage de la propreté autour de l’idée communément acceptée (pour des raisons culturelles et sanitaires) que les excréments seraient obligatoirement quelque chose de sale.
Il a revisité l’article de référence qu’il a écrit avec Michael White sur l’encoprésie (celui avec “Sneaky Pooh” -Caca Sournois- qu’ils ont publié en 1983 et qui figure dans leur livre “Les moyens narratifs au service de la thérapie”, Editions Satas) et les réflexions autour des tours que les problèmes peuvent jouer aux enfants et des farces, ou “trucs” dont l’enfant et son équipe (parents, thérapeute, famille…) peuvent jouer en retour aux problèmes.
Même si au départ, l’enfant n’est pas apparemment très impliqué. Un enfant qui évite la conversation thérapeutique ou s’en protège est en effet probablement extrêmement concerné et angoissé par cette conversation et les effet de cette conversation sur ses parents.
Inventée par David Epston, “the Growing Up Fairy” habite au Pays des Merveilles et elle aide les enfants à grandir. Passant des coups de téléphone dans le monde entier pour donner un coup de main aux enfants confrontés à des problèmes qui les tirent en arrière et les empêchent de grandir, elle est de la même famille que la “fée des dents” (“tooth fairy” = notre “petite souris”).
La fée (incarnée par une thérapeute) prend contact avec l’enfant en lui téléphonant. Elle se présente et définit sa vocation : l’aider à grandir et à déjouer les ruses de “Sneaky Pooh”. Puis quelques jours plus tard, elle le rappelle et lui propose une re-narration de ses merveilleuseries (“wonderfulnesses”) telles que ses parents les ont évoquées lors des conversations thérapeutiques. A chaque fois, elle doit raccrocher en catastrophe parce qu’elle est appelée par une situation urgente auprès d’un autre enfant en difficulté. Au fil des coups de téléphone, elle commente les événements de la vie du jeune patient et met toujours en valeur ses merveilleuseries (David a publié ses travaux sur le concept de “merveilleuserie” et ses utilisations thérapeutiques).
Sneaky Pooh apparait lui aussi parfois au téléphone pour supplier l’enfant de ne pas grandir et de continuer à souiller son pantalon et à se comporter comme un enfant d’un an, et surtout à ne pas devenir un “super kid” de 5 ans, le menaçant de ne plus être son ami s’il décide de grandir.
Au bout d’une vingtaine de jours, l’enfant commence à aller aux toilettes. Il montre à sa mère le coin secret où il se cachait pour faire ses besoins. A partir de cette histoire, David a développé des dizaines de façons de faire des farces et de jouer des tours aux problèmes. Ce travail a été lui aussi documenté et s’il vous intéresse, il vous suffit de nous le demander (l’article est en anglais, toutes les bonnes volontés pour le traduire sont les bienvenues).
Mais à votre avis, qu’est-ce que ce petit garçon essayait d’éviter en n’allant pas aux toilettes ? Et quel pourrait être le message suivant de la Fée qui aide à grandir ? Peut-être pourriez vous, comme les participants de cet atelier ont été invités à le faire, écrire le texte de sa prochaine intervention ? Et surtout, partager les réflexions que vous inspire ces stratégies thérapeutiques, parfois très différentes des interventions narratives classiques, et qui peuvent susciter chez chacun d’entre nous des interrogations et des réactions …