JET LAG

par Jean-Louis Roux

Dernière journée au soleil sur les terrasses de l’hôtel Coast Plaza, à Vancouver avec Mozart dans les oreilles.

La première chose que je constate dans cette dernière matinée, c’est l’engagement communautaire des personnes. Comme l’a écrit Pierre, nous avons écouté les personnes de la communauté Gay, Lesbiennes et Trans, et ma foi, c’est vrai que le contraste avec ce à quoi l’on croit de la masculinité est assez discordant pour nos pensées. Est-ce un homme, une femme, tout autre chose ? le temps de comprendre le message inconscient que nous cherchons à décoder, l’empreinte de la différence vous étrangle. Ce dont je me rends compte en les écoutant, c’est que contrairement à nous, Européens, ici, les personnes sont rapidement en mesure de créer des communautés militantes et identitaires regroupant les forces vives, les forces faibles, les personnalités dans leur choix de vie, dans leur choix de différences et qui militent fortement pour se protéger et soutenir les personnes de la communauté des agressions, des discriminations des “biens pensants” acteurs de la normalité “un homme, c’est un homme ; une femme, c’est une femme”. Cette propension à s’identifier à une communauté m’a particulièrement touché. Et ce qui m’étonne le plus, c’est la conviction, la manière, le ton avec lequel les personnes expriment leur travail. Je constate de la congruence de la part des représentants de ces communautés à être elles-mêmes dans leur revendication identitaire.  Je comprends de ce continent nord américain ou le puritanisme envahit plus que de raison l’espace public, la ressource représentée  par  la communauté. La communauté est un élément essentiel d’une survie, voire de vie,voire d’un accès à la vie correspondant à son sexe, un acte politique. Il est clair que l’acte politique porté par les thérapeutes présents permet aux personnes de trouver des lieux ressources ou elles peuvent parler d’elles-mêmes, être soutenues et représentées, se représenter.

L’acceptation de l’autre est le futur de nos relations humaines, je crois. Il nous reste une large marge de progression pour faire taire ce dialogue interne faisant son office en organisant les résonances en lien avec les comparaison soi / soi-autres. Cela me rappelle le récit de Stephen Madigan sur son père. Il se souvient des actions caritatives de son père et de sa mère, durant lesquelles, il ne les jamais entendus proférer la moindre critique concernant les personnes aidées. Peut être en parlaient-ils le soir quand les enfants dormaient ? Cet homme devait être quelqu’un !

Je pense m’intéresser au travaux de mon amie Peggy Sax sur les communautés de soutien et d’entraide. peut être est-t-il temps de demander aux personnes quels pourrait être aujourd’hui leurs espoirs pour construire une vie de proximité avec leurs amis, leurs parents, leurs enfants, leurs actes politiques.

Le retour est amorcé. Je vole vers Montréal ou j’ai une visite à faire à mon fils, rencontrer les personnes de Comsep et Linda Moxley à l’hôpital de Montréal. Cette conférence n’a pas répondu à toutes mes attentes, mais ma relation à la communauté narrative s’en trouve enrichie. J’ai un peu plus découvert Elizabeth, regardé Pierre grandir dans son rôle de “colporteur” des idées narratives au travers des workshops avec Chené empreints d’émotion et de plaisir partagé.

J’ai aujourd’hui un pied-à-terre chez Aya à San Francisco, Charles va venir boire du vin à Bordeaux et me propose de venir faire une partie de rugby en nouvelle Zélande, ce que j’ai accepté après avoir refait France-All Blacks, Alicia pétillante et infatigable bavarde madrilène, Peggy et le Vermont aux subtiles odeurs de campagne (le Vermont, pas Peggy), Marie-Nathalie dont le travail avec les enfants serait de bonne inspiration pour Peillon et les projets de Hollande, (l’article de Libération sur le sujet sens la naphtaline) Jeff avec ses histoires sur la plasticité du cerveau et son amour immodéré de la musique, ces conférenciers qui remplacent le verre d’eau de nos conférences européennes bien sages par un whisky irlandais de la meilleur facture et enfin, Stephen et Hilda, avec ses grands yeux bleus ouvert sur la vie

L’année prochaine Adélaide, encore un putain de jetlag.

À bientôt de vous voir tous,

Jean Louis