POUR TOUS ? MAIS QUI EST TOUS ?

Par : anonyme

C’est qui, le pouvoir moderne? Cette force diffuse et invisible qui tire des ficelles, qui influence, qui manipule personnes, idées, institutions…

Je ne sais pas trop la définir mais je me pose toujours la question, telle Miss Marple, Hercule Poirot ou Maigret: à qui profite le “crime”? Dimanche dernier, je traversais le quartier de Montparnasse vers 13h, heure du rassemblement de la ” Manif pour tous”, et pour la première fois depuis très très longtemps, je ne me suis pas sentie en sécurité. J’étais contente d’avoir mon casque de vélo sur la tête.

Et pourtant. Il n’y avait rien de menaçant dans cette foule de belles familles, avec leurs banderoles, ballons de baudruche et badges ornés d’un symbole bleu clair ou rose bonbon (rien de plus gentil) d’une belle famille de papa, maman et 2 enfants se tenant par la main.

Il n’y avait rien d’ouvertement menaçant et je suis sûre que toutes ces personnes étaient mues par de “bonnes” valeurs et sans doute que beaucoup d’entre eux disaient, “ah, mais je n’ai rien contre les gais, j’en connais de très gentils…. mais quand même le mariage, c’est sacré !”

Pourtant tout cela m’a mise très mal à l’aise.

Assise dans un restaurant, mon malaise s’est renforcé quand plusieurs jolies familles (maman, papa et enfants) sont entrées. Tous les enfants portaient un beau ballon de baudruche bleu ciel orné du symbole rose bonbon de la chouette famille maman, papa, et deux enfants. C’est la fête. On amène les enfants à la fête. Mais on fête quoi, au juste, là?

C’est cela qui me met très mal à l’aise. Sous prétexte que la manif est “Pour
Tous” que fait-on des gens qui ne font pas partie de ce “tous”? L’absent mais implicite dans cette manif pour tous c’est que nous, les autres on n’est rien, personne…on n’existe pas…puisqu’on ne fait pas partie des tous …

Je suis toujours très mal à l’aise avec des positions qui se disent “pour” alors qu’en fait il ne s’agit que d’une prie de position “pour” la famille traditionnelle. Dans ce “pour” il existe un absent très implicite et très important qui est qu’en fait, il est très “contre” l’inclusion des homos dans ce statut.. Et je suis consciente que les positions contre peuvent aller très très loin….

C’est la raison pour laquelle je signe cet article ‘anonyme’; c’est en symbole de ce statut de “rien” implicite dans la manif pour tous…

Pour moi, cette histoire de mariage gai est une belle histoire qui divise les gens, la communauté gaie et la communauté – la communauté quoi, d’ailleurs – chrétienne, et qui d’autre? Les porteurs de valeurs plus traditionnelles autour du mariage, c’est sûr.

Quelles sont les histoires véhiculées ? Sont elles des romans, contes de fées, tragédies, bandes dessinées, mangas ? Et quelle est l’histoire que se racontent les homosexuels qui veulent le droit de se marier? Je n’ai rien contre le mariage traditionnel en soi. Parmi mes meilleurs amis il y a des personnes mariées, comme il y en a en couple gai, avec et sans enfants, divorcés, célibataires, monogames, non monogames….

Je ne regrette pas d’avoir été élevée dans une famille avec un papa, une maman et une sœur. Mais je n’aurais pas regretté non plus d’avoir été élevée dans une autre configuration- gaie, recomposée, créative, innovatrice, différente, du moment qu’il y aurait eu de l’amour, de la sécurité, un cadre, des valeurs…

Mais à qui profite l’institution de mariage?

J’ai beaucoup d’amis et de clients (hétéros, je précise) qui ont souffert à cause de cette institution et la façon dont elle est véhiculée dans notre société. Telle qu’elle est construite aujourd’hui il me semble que les avocats et les notaires en profitent. (cf. le coûte élevé du divorce)
Telle qu’elle est construite aujourd’hui il me semble que l’église en profite, surtout catholique (qui a organisé cette manif?)
Telle qu’elle est construite aujourd’hui il me semble que le mariage peut profiter à des relations de pouvoir et de dépendance entre les hommes et femmes.
Telle qu’elle est construite aujourd’hui il me semble qu’elle promet beaucoup de choses qu’elle ne délivre pas forcément.

Alors, avant que vous vous énerviez contre moi et la position que je prends, je voudrais préciser que je ne suis pas contre la valeur de l’engagement entre deux personnes, ni la valeur de stabilité d’un foyer pour un enfant. Si ces deux personnes veulent s’engager par le mariage, et si ce mariage dure, tant mieux.

Mais je souhaiterais proposer l’idée que ce débat sur le mariage gai est un faux débat et une idée qui divise, sans doute alimentée par des éléments de pouvoir moderne. On va fêter le mariage sur le Champs de Mars, on se polarise sur le mariage, et on ne déploie ni son énergie ni son attention ailleurs.

Aujourd’hui plus que jamais on voit que les promesses du mariage ne se tiennent souvent pas. Les statistiques du divorce montrent à quel point cette institution aurait besoin d’être re-réfléchie. Surtout en France ou le coût financier d’un divorce est très élevé.

Je trouve ironique qu’au jour d’aujourd’hui, avec ces statistiques parlantes qui suggèrent plutôt un besoin d’innover, de mettre ce concept de mariage à jour, que les gais aient envie de se marier.

J’ai eu de longs débats avec des amis autour de ce sujet. Des personnes qui ont été émues quand Obama a soutenu le mariage gai. Qui trouvent que c’est important que nous ayons les mêmes privilèges que les hétérosexuels.
Les mêmes droits, je suis d’accord. Mais la France, avec le pacs était un des pays les plus avancés à ce sujet. Le droit d’élever nos enfants, d’être en couple, d’adopter, les droits de succession etc. Oui…

Mais le mariage tel quel, pourquoi?

À l’aube d’une époque ou l’on pourrait imaginer créer de nouvelles configurations pour les couples et les familles, configurations qui libèrent, qui répondent mieux aux réalités relationnelles d’aujourd’hui, quelle est la valeur de revendiquer une institution, un rite, qui de toutes façons, a besoin d’être modernisé?

D’avoir le droit de se pacser, de pouvoir m’engager envers ses biens et sa place dans la société, oui… D’y ajouter les droits autour des enfants, oui, (et cela n’est pas encore acquis)…
Mais d’avoir le droit de faire une cérémonie où l’on décide laquelle des deux femmes porte la robe blanche virginale et laquelle s’habille en costard… D’avoir le droit d’avoir accès à une institution qui est surtout soutenue par l’église qui -elle- ne reconnaît pas les unions gaies… À peine le divorce… À quoi bon?

C’est bien sûr un symbole, le mariage gai, et je trouve que c’est un symbole mal choisi qui raconte une histoire de conte de fées. (…et ils vécurent heureux jusqu’à la fin de leurs jours). Pourquoi se polariser autour d’une histoire de conte de fées? Alors qu’il y a des histoires beaucoup plus intéressantes à créer, à soutenir, que celle d’une institution périmée.

Et je reviens aux paroles de Kiwi Tamasese -“les mots peuvent embrasser ou repousser”. Je pense qu’il y a des concepts et causes qui réunissent comme des causes qui divisent. Celle-là est forcément divisante.

Et aujourd’hui il me semble que nous aurions mieux fait d’investir notre d’énergie commune pour le bien-être de la communauté humaine. Il y a des combats qui divisent et des combats qui unissent.

J’aimerais poser donc quelques questions pour ouvrir un débat. Selon vous:

À qui profite l’institution du mariage?

À qui profite cette polarisation autour du mariage gai?

Et que veut dire pour vous le fait d’appeler cette manif anti-mariage gai “la manif pour tous”?

8 réflexions au sujet de « POUR TOUS ? MAIS QUI EST TOUS ? »

  1. Bonjour à tous,

    Je lis avec grand intérêt les réponses à ce que j’ai lancé. Mon intention étant de lancer un débat autour des idées narratives appliquées, les façons qu’ont le pouvoir moderne d’agir, j’en suis ravie.

    Après les idées de Stephen Madigan et de David Denboroug et Cheryl White qui nous amenaient les questions politico sociologiques au sein de la refelexion narrative, il me semblait que notre communauté pouvait,s’enrichir en se penchant sur ces questions d’actualité.

    Merci, Natacha, pour ta remarque autour de ce que ces débats que la partie importante n’est pas débattue. Je serais curieuse de savoir ton “implicite”.

    Ou est la responsabilité sociale du praticien? En avons- nous?

    Merci a tous

    Merci, Natacha,

  2. Mais qu’est-ce que fait ce sujet dans “Errances” ? demande très judicieusement Natacha. “Et pourquoi j’y réponds ? ” ajoute t-elle. Et j’ai envie d’ajouter : “et en plus, comment se fait-il qu’il ait tant de commentaires ?” J’ai hésité à le passer, me demandant s’il rentrait bien dans la ligne éditoriale du blog. Mais il était histoirisé de façon très narrative. Et puis j’ai beaucoup d’affection pour Anonyme, ce qui n’a rien à voir et ne devrait pas entrer en ligne de compte dans l’administration du blog, mais ça rentre quand même en ligne de compte, je n’y peux rien (sinon le dire). Mais surtout, les idées narratives et les praticiens narratifs ont toujours été en première ligne dans toutes les manifestations du pouvoir et du privilège. Michael White, David Epston, Cheryl White, et tous les autres ont été avant tout des activistes, ils ont été de toutes les luttes et de tous les combats, utilisant les idées narratives pour déconstruire les systèmes de pouvoir et d’écrasement des cultures minoritaires en les rendant invisibles. C’est surtout pour cela que cet article a puissamment sa place dans les Errances Narratives. Ce blog ne doit pas se confire dans une recherche théorique et des commentaires talmudiques des textes de tel ou tel brillant narrapeute. Nous vivons au coeur du monde, il nous appartient de l’empoigner et de participer à son écriture. Je suis heureux (Christophe merci) que cette écriture se fasse à plusieurs voies et à plusieurs voix.

  3. Anonyme,
    quel beau débat tu as lancé.

    Le mariage a été historiquement l’union de deux familles. Aujourd’hui il unit deux individus qui apparemment n’ont aucun compte à rendre à leur famille, à ce sujet.

    Est-ce du droit de deux personnes, dont il faut s’occuper avant tout, ou du sort des enfants hétéro et homo, qui issus de parents hétéro ou homo ou inconnus ne sont pas à l’abri de la séparation de leurs parents et du rejet ?

    Toutes ces prises de position sur le droit ou le non droit au mariage ne devraient-elles pas faire place à une réflexion sur le besoin fondamental des enfants à être aimés, guidés et accompagnés ? et donc d’une réflexion sur la PMA après 50 ans et la GPA, qui amènent les riches à transformer les enfants en poupées qu’ils s’achètent ?

    J’ajouterais à tes questions , Anonyme, à qui profite la technologie médicale ?

    Si seulement le gouvernement, sans l’avoir voulu, allait rendre ces questions plus évidentes ?

  4. Que fait ce sujet sur la Fabrique ? Comme s’il y avait sa place ?
    Qu’est ce qui me prend de vouloir y répondre ?

    C’est sans doute là que se cache l’implicite.

    L’absent et l’implicite c’est en effet à cet endroit que l’on pourrait retrouver une union une compréhension mutuelle une acceptation inconditionnelle, c’est vrai que ce débat divise, il divise car on le discute sur l‘explicite d’une loi et à partir des histoires dominantes.

    Ces prises de positions, ces manifestations, ces échanges passionnés parlent de comment chacun résiste pour Etre dans la société d’aujourd’hui, pourquoi on ne se résigne pas, quelles sont les rêves, les intentions et les engagements qui nous font tenir debout dans notre humanité. C’est aussi là que s’exprime ce qui ne peut jamais être dit de nos ressentis, de nos réflexions, de nos doutes sur notre devenir sur la planète.
    La division est attisée par l’impossibilité du débat au delà du problème posé, par les histoires que chacun raconte sur l’autre et le réduit à une caricature identitaire monolithique. Cette caricature est relayée dans les médias en faisant croire qu’un camp s’affronte à un autre alors qu’il y a une multitude d’identités représentées et de nuances dans les positions. Tout cela provoque de la violence, réveille toutes les peurs de ne pas être entendu dans son identité et dans son éthique, c’est à dire l’idée que l’on a du bonheur pour soi et pour les autres.

    Ici l’absent et l’implicite relève-t-il de notre l’histoire préférée de ce devenir ? D’un refus d’un histoire dominante ?
    Les prises de position dépendent telles de ce que chacun se place différemment dans le temps pour étudier ce projet à partir de son passé, de son présent, de son futur ?
    Est ce que la prise en compte de l’absent et de l’implicite pourrait réconcilier ces histoires et contre histoires en combat ? Je ne serai pas étonnée que sur l’implicite les différents protagonistes soient bien plus d’accord qu’il ne semble.

    Ce qui me fait souffrir aujourd’hui * sur ce sujet c’est que je pressens que la partie la plus importante n’est pas débattue, et qu’il y a un enjeux de société non dit qui n’a pas à voir directement avec cette loi, ni avec la communauté homosexuelle mais que le sujet cristallise les questionnements sur le chemin que de notre civilisation et notre place dans le vivant.

    Alors pourquoi ce sujet est-il là ? Est-ce parce que la pratique narrative donne la permission d’une pensée politique ? Est-ce une occasion de travailler notre posture de narrapeuthe qui peut entendre les histoires et les contres histoires sur un sujet qui nous interpelle directement ? Est-ce le rôle que peut tenir l’approche narrative aux endroits qui divisent les communautés, attisent les violences, poussent à vouloir se détruire (même symboliquement) les uns les autres ?

    * je partagerai volontiers « mon implicite » mais je ne sais pas si c’est le lieu.

  5. Bonjour,

    J’ai lu ces messages avec beaucoup d’intérêt.

    On voit bien que des raisonnements simples (voire simplistes) et des positions traditionnelles (voire conservatrices) font référence à des situations banales et ont l’avantage de nous questionner. Pourtant il y a des contre exemples à ce qui est déclaré : Mr Hitler avait un papa et une maman et..il s’est transformé en monstre acharné contre l’humanité. Encore un agrégat de “tous” qui nous éloigne de la réalité visée par cet homme, celle des homos, tziganes, juifs, communistes et j’en passe tous ceux contre lesquels il a mené une extermination totale; personnellement j’ai cru au mariage et après un divorce, j’ai élevé, seule, ma fille.

    Je vous rassure cette petite est “normale” et a réussi un des concours les plus prestigieux et difficile de notre administration et s’est d’ailleurs pacsée.

    Allez, laissez de côté vos croyances limitantes ou vos haines de la différence et de ce qui s’oppose à la morale judéo chétienne!
    Historiquement le mariage avait un double objectif: rassembler des patrimoines et pouvoir les transmettre à ses enfants.
    On peut s’interroger sur ce qui pousse aujourd’hui toutes ces personnes à manifester, sur le milieu socio-culturel où elles se trouvent et nous aurons une lueur de réponse.
    Bon week end,
    paname

  6. Merci Anonyme. Je partage ce point de vue.
    En Espagne, pays catholique, en Belgique, il n’y a pas eu de problème, la loi sur le mariage pour tous est passée “comme une lettre à la poste”.
    J’ai lu sur un site que pour 42000 mariages hétéros, il y a eu 1000 mariages homos, (Espagne ou Belgique, je ne me souviens plus)
    Pas de statistique concernant le divorce.
    J’ose poser une question à propos du bonheur, de l’épanouissement de l’enfant.
    Qu’est ce que le sexe des parents a à voir avec l’AMOUR qu’ils donnent à leur enfant ?
    Quant à la PMA, hypocrisie totale, ceux qui ont les moyens vont à l’étranger :
    sélection par le fric ?

  7. Je défends farouchement l’union libre entre les êtres et déteste le mariage. Je suis une femme, je vis avec un homme et nous avons un enfant. C’est la liberté qui règne entre nous trois, celle d’être ensemble, et celle, plus flippante, de se séparer.
    Toutefois, et je m’étais déjà exprimé à ce sujet, sans doute est-il important, avant que la communauté gaie ne boude le mariage comme je le fais, qu’elle ait droit au mariage. Ensuite, choisir ou pas le mariage, comme choisir ou pas de faire avancer un débat sur la recherche d’autres voies, est affaire de réflexion et de motivation personnelles. Mais encore faut-il avoir la possibilité de choisir. Qu’en penses-tu, Anonyme ?

  8. Bonjour anonyme!
    je suis d’accord avec pas mal de choses que vous évoquez: et surtout: “nous aurions mieux fait d’investir notre d’énergie commune pour le bien-être de la communauté humaine. Il y a des combats qui divisent et des combats qui unissent.”
    j’ai l’impression que notre gouvernement s’est engagé un peu à la légère en faisant cette promesse à tel ou tel lobby, avant les élections…
    – d’abord, parce que notre pays a d’autres priorités (sans parler de l’affaire du Mali) : chômage abyssal des jeunes, déficit structurel, absence de vraies remises en question et donc de vraies réformes, …
    – ensuite parce que le principe de précaution est brandi pour tout (les 3 cars pour le cirque Gruss de la fille d’une de mes collaboratrices a été annulé ce matin par décision préfectorale!…) sauf pour un sujet qui concerne chacun d’entre nous et qui tient à coeur un grand nombre: le mariage,… au point de déclencher des manifestations à temps et contre-temps… et, comme vous dites, divisent et opposent, parfois avec beaucoup de violence verbale, les gens…
    Et pourtant… j’aurais pu être ce père de famille entrant dans le café où vous étiez… puisque j’étais à Montparnasse à 13h00 ! avec ma femme et un de mes fils…
    Je crois qu’un débat est nécessaire, pour améliorer la situation des couples homosexuels n’ayant pas assez de garanties, en cas de décès par ex…
    mais pourquoi mettre de grands coups de ciseaux dans le Code Civil, qui nomme “père” et “mère” les impétrants au mariage civil?
    J’ai des copains homos qui ne veulent pas entendre parler de ce projet de loi, trouvant, qu’il amène assez souvent au divorce: pourquoi vouloir nous refiler qq chose que les hétéros commencent à rejeter? (voir la progression exponentielle des pacsés chez les hétéros au cours des 10 dernières années…)
    Personnellement, le mariage, qu’il soit républicain ou catholique ne signifie pas seulement “amour”; il implique désir d’avoir des enfants, engagement dans la durée et fidélité;
    Plutôt que de poser la question de l’élargissement du mariage, on devrait poser la question de: pourquoi tant de séparations ou de divorces? et la réponse remet en cause de façon beaucoup plus profonde…
    bien à vous
    Christophe

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