Déjà dix jours depuis la Master Class de Jill Freedman et pas un mot dans “Errances Narratives”…
Afin de proposer un espace d’échange entre participant-e-s avant que la Vraie Vie et ses contraintes ne finissent de nous happer à nouveau, afin aussi d’offrir à celles et ceux qui n’ont pas pu venir un reflet de ce beau séminaire sur “le conflit”, voici le petit texte que nous avons lu à Jill pour la remercier à l’issue de ces 4 jours. Et nous espérons de nombreux commentaires autour de la question de savoir où cette Master Class vous a transporté-e où vous n’auriez pas prévu d’aller…
Jill, tu voulais être écrivaine, tu n’es pas devenu auteure mais tu as choisi d’être éditrice des histoires de vie de tes client-e-s. Ton roman contient des centaines et des milliers de personnages, des héros et héroïnes que tu as accompagné-e-s depuis une histoire écrite pour eux où ils étaient des personnages jouant un rôle vers un roman dont ils sont, au moins en partie, les auteurs. Tu nous as rappelé que nous sommes agis par des discours sociaux que nous interprétons en les confondant avec nos opinions, quand je dis nous, je parle à la fois de nous en tant que client-e-s et de nous en tant que thérapeutes / coachs. Tu nous a montré cent façons différentes de faire naître l’intelligence dans les rapports entre humain-e-s et de relier leurs vies. Tu nous as offert avec une grande modestie la grande, lumineuse et inimitable démarche de Michael dont les questions, le sourire et la douceur nous accompagneront longtemps, comme le cercle vert que l’on conserve sur la rétine après avoir regardé une lumière en face.
Tu nous a montré que les cartes narratives peuvent devenir des prisons si l’on fait la route en regardant la carte au lieu de regarder le paysage avec curiosité. Enfin, tu t’es gracieusement mêlée à nos vies, appréciant nos traditions et nos bizarreries, promenant ton sourire bienveillant parmi nous comme une grande sœur qui nous aiderait à devenir de meilleurs Narrapeutes et de meilleurs humains. Et c’est donc dans un tonnerre d’applaudissements que nous te disons bravo et merci.
En effet, Pierre, ce séminaire a modifié très profondément ma pratique à moi aussi, et je me suis demandée pourquoi ?
Ouvrir les espaces de compréhension, d’échanges figuraient très nettement dans mes intentions jusqu’alors mais l’intention de trouver les interstices les plus fins, dans les conversations, a modifié l’ambiance de celles-ci : plus de possibilités d’ouvrir l’espace, plus de nouveautés, plus de curiosités, plus d’espoirs ! quelque chose de nouveau !
Et puis il y eu ce questionnement personnel autour de mes convictions, mes valeurs, « structurantes » sur ma pratique.
Jill m’a permis de comprendre mieux encore la nécessité de la déconstruction des opinions, souvent confondues avec les convictions et les prises de position et de la juste nécessité de revenir simplement à la relation entre êtres humains. Il y va, dans les conflits, d’une prise de pouvoir et cette histoire- là, partout et à chaque fois, est destructrice de relations. Elle est si bien alimentée par les convictions et les valeurs de chacun, qu’elle donne satisfaction à ses intentions et détruit la confiance.
Je suis, depuis le séminaire, remplie d’espoir, d’espoir d’une surprise, de quelque chose de nouveau à chaque rencontre.
C’est étonnant qu’il n’y ait pas eu un seul commentaire sur la Master Class de Jill. J’ai eu beaucoup d’avis de participant-e-s qui disaient combien ce travail les a inspiré-e-s et soutenu-e-s mais pas un-e seul-e qui ait eu envie de le prolonger par quelques réflexions ou quelques lignes, voire d’en partager les impacts sur leur façon de travailler… ou en partager certains aspects avec des collègues qui n’ont pas eu la chance de participer… ce n’est pas une réflexion culpabilisatrice car bien évidemment chacun-e fait ce qu’il-elle veut mais cela m’intrigue quand je compare avec les commentaires qui avaient suivi la Master de David Epston en mars 2014,
http://www.lafabriquenarrative.org/blog/resistances/david-epston-la-narrative-2-0.html
sachant que franchement, même si elle était parfois moins spectaculaire et renversante, la Master de Jill Freedman était à mon avis aussi puissante et importante sur le travail narratif au quotidien – et sur notre propre façon de penser le conflit- et son influence, en ce qui me concerne, et très perceptible aujourd’hui sur ma façon de coacher.
Avoir vu ou revoir Michael travailler était aussi un sujet, qui aurait permis à ceux-celles qui le voyaient pour la première fois de partager leurs étonnements et réactions et aux autres de partager quelques anecdotes.
Est-ce qu’on atteint là une sorte de limite d’un blog… le temps ou l’envie que nous avons parmi nos multiples activités de privilégier telle ou telle dans des journées qui devraient avoir au moins 40 heures pour que nous puissions faire tout ce que nous avons à faire ?
Ou alors est ce que c’est spécifique à Jill ? parce qu’elle est une femme ? 😉
En tout cas, cette Master aurait mérité quelques traces…