Résistance, chocolat et approche narrative


Petite fille, Francine Christophe a porté une grosse étoile jaune sur sa poitrine avant d’être déportée à Bergen-Belsen.

Adulte, elle organise une conférence sur le sujet ” et s’il y avait eu des psys à notre retour des camps en 1945 ? ” L’histoire qu’elle nous en raconte est touchante, puissante et témoigne de la force du lien humain face aux horreurs. La vidéo est émouvante, et le sourire et les mots de Francine à la fin témoignent pour moi une histoire préférée de l’être humain.
Je vous invite à regarder cette vidéo et après, si ça vous parle, de répondre à la question :  ” et s’il y avait eu des praticiens narratifs pour accueillir les gens qui revenaient des camps en 1945 ? ”
Et si Barbara Myerhoff, Michael White, Cheryl White, David Epston, David Denborough, et nous, avions été présents, qu’aurions nous proposé?

Et vous, qu’auriez- vous eu envie de proposer ?

Elizabeth Feld

6 réflexions au sujet de « Résistance, chocolat et approche narrative »

  1. Bouleversant de force et de subtilité et d’émotions.
    L’ essentiel est dit simplement sur le meilleur de l’ humain, et du féminin
    La force du lien : la maman, la fille, l’ autre mère ,le bébé.
    Dans le dénuement ,le temps qui passe et l’énergie de vie, la transmission de la vie ,de l’ amour
    Merci

  2. Avant de répondre, il faut laisser le temps aux émotions de se reposer.

    Le moment où, le malheur ayant frappé, la vie se présente à nouveau, est un moment rare et fragile. Cette douleur des survivants des camps est-elle différente ? Il faut se transférer vers ce temps. Chacun cherchait à savoir qui avait survécu et comment retrouver quelque proche y étant parvenu aussi. C’était la priorité et c’est le service qu’essayaient de rendre les autorités, d’aider les rescapés à se retrouver les uns les autres.

    La question qui est posée par la fille de Madame Christophe à sa mère est une question de notre temps. Aujourd’hui, quand un avion est crashé, les autorités installent une cellule psychologique sur les lieux afin de secourir les proches accourus affolés. La douleur des gens est traitée comme une maladie dont il faut tout de suite les guérir. Ne peut-on les laisser la vivre ?

    Ce que dit cette cellule psychologique, c’est qu’une personne endeuillée ou bouleversée est forcément un problème que la société doit résoudre en ramenant tout le monde à l’équilibre, le plus vite possible.

    Je crois que le regard du praticien narratif est forcément différent. La personne n’est pas le problème est une phrase qui reste vraie si cette personne hurle sa douleur devant quelque chose d’intolérable, ou si cette personne regarde silencieusement dans le vide car elle renonce à décrire avec des mots les images qui hantent sa mémoire.

    S’il y avait eu des praticiens narratifs pour accueillir les gens qui revenaient des camps en 1945, notre temps serait différent. Il n’y aurait peut-être plus de psychiatre ni de psychothérapeute aujourd’hui. Chacun appartiendrait à de nombreuses communautés auprès desquelles il pourrait se réfugier en cas de coup dur.

  3. Merci Z de nous avoir fait rencontrer Francine,
    quelles merveilleuses ressources sont en l’être humain
    Je me demande, à défaut de lui demander, quelle force en elle lui permet d’être si sereine ?

  4. Merci Elizabeth pour cette vidéo que je connaissais et que je revois toujours avec émotion et admiration.
    Question un peu sioux ? Proposer à la petite fille du passé ou à la femme du présent ?
    Je choisis le passé… en faisant abstraction du mien qui aurait pu être identique au sien.
    En supposant qu’elle ait accepté une conversation :
    “Pourrais tu me raconter un beau souvenir ?”
    Ma proposition serait d’aller vers le positif… la suite dépendant de sa réponse, évidemment.
    Peut être que je n’aurais rien trouvé d’autre à dire à la “femme du présent”…
    Hélas je n’ai pas l’expérience des exemples suggérés.
    Et toi, que proposerais tu ?
    Merci pour cet exercice.

  5. Merci d’avoir passée cette histoire, si bien narrée par cette dame.
    Imre Kertész, qui vient de mourir, a écrit quelque chose comme (de mémoire) : ” ce n’est pas le Mal qui est rare, mais le Bien”. Cette émouvante histoire l’infirme et le confirme à la fois.
    Bien à vous,

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