On ne sait jamais quand ça finit
mais par contre on sait où.

Supervision narrative new style. Deuxième à partir de la droite, on reconaîtra Elizabeth.
Supervision narrative new style. Deuxième à partir de la droite, on reconnaîtra Elizabeth.

La première Conférence Narrative Européenne de l’histoire se termine aujourd’hui et s’il y avait vraiment un truc dans mes bagages qui ne m’a servi à rien, c’est bien mon maillot de bain.

Mais peut-on dire qu’une conférence est terminée autrement par le choix arbitraire que nous faisons de la réduire aux quelques jours de rassemblement ? Pour moi, la Conférence Narrative d’Adelaide ne s’est jamais terminée, il y a eu la chance de correspondre régulièrement avec des collègues du monde entier intelligents, humbles et enthousiastes, il y a eu la rencontre avec quelques concepts nouveaux qui ont influencé et qui influencent tous les jours mon travail. Il y a eu la possibilité d’être supervisé par un très grand thérapeute australien. Les conférences sont des occasions de déployer son identité en démarrant tout un tas de nouvelles histoires avec de nouvelles personnes, et en épaississant les liens avec ceux que l’on connaissait déjà. Les conférences continuent à vivre longtemps après que les lampions de la fête se soient éteints.

J’ai encore des découvertes à partager : la construction d’une sorte d’épistémologie du récit par Ricardo Ramos, une façon de superviser extrêmement novatrice développée par Eva Sophia Myers à partir d’un paradigme narratif qui réinvestit la créativité et l’intuition, le très beau travail de Geir Lundby sur les obsessions intitulé : “obsessions can not be suppressed or forced, but they might be tricked” (les obsessions ne peuvent pas être supprimées ou forcées, mais on peut éventuellement les rouler). Cette Conférence a également vu naître une équipe européenne multinationale qui a pour mission de coordonner des initiatives européennes de développement de l’approche narrative. Pratiquement chaque pays a pu se réunir et désigner un délégué. C’était un moment fondateur, très joyeux, l’un de ces moments fraternels où l’on se sent vraiment appartenir à une communauté bienveillante et accueillante. C’était trop cool.

Les conférences continuent à vivre longtemps après que les lampions de la fête se soient éteints. Mais il ne faut pas non plus se dissoudre dedans, succomber à l’ivresse des colloques comme M. Jourdain s’étourdissait de savantes palinodies et vouloir à toute force rentrer dans le “circuit”. L’objectif d’un voyage narratif réussi, c’est de cheminer vers de nouveaux territoires de sa vie qui contiennent des possibilités inédites pour mettre en valeur ce qui est vraiment important et précieux. Passer une ou deux semaines par an à voyager et faire ce genre de “conference therapy” ne se justifie que dans la mesure où ce voyage me ramène plus solidement à mon Sud Ouest, mieux armé pour y vivre dans le respect et l’honneur avec ceux que j’aime, plus riche d’un savoir que je pourrai accroître en le partageant avec mes clients, élèves et collègues. Mais surtout plus conscient que le véritable miracle de la narrative est qu’elle nous met en contact avec l’expérience de vivre une vie vivante, qu’elle nous invite à habiter cette conscience richement décrite, qu’elle nous permet de rester connectés avec le miracle de partager et de co-écrire cette vie avec une partenaire, des enfants, des amis. Tout le reste, c’est de la littérature.

Une réflexion au sujet de « On ne sait jamais quand ça finit
mais par contre on sait où.
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  1. Merci d’avoir chroniqué la conférence. Ca me fait plaisir de pouvoir m’y retrouver et d’y retrouver des moments forts, tels les reconstructions narratives très puissantes au delà des simples paroles qu’on a retrouvées dans l’ atelier sur la supervision …

    Je suis désolée d’avoir été obligée de partir avant la fin: Avons-nous donc choisi un délégué français, et qui?

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