Le grand match de l’Envie

Par Nicolas Chagneux

Coupe du monde de Football, c’est quoi la composition de ton équipe de vie ?  Dans le cadre du coaching d’un jeune manager qui se questionne (et est questionné) sur sa posture de manager, j’ai eu l’occasion d’expérimenter la métaphore de l’équipe de vie.

Je tiens tout d’abord à remercier la 3D qui m’a permis de me lancer alors que je ne l’avais pas du tout anticipé en abordant cette séance. Par 3D, je veux parler bien entendu de David (Epston), David (Denborough) et Dina (Scherrer). Au cours de la séance, ce jeune manager m’a fait part de son Envie de prendre cette fameuse posture managériale (attendue par son manager) mais que cela lui faisait un peu Peur. 

L’inspiration Epstonienne est venue un peu plus tard dans la conversation grâce à la vidéo de Justin avec David Epston lors de l’atelier « Footage » de Questions (private joke Pierre, Laure pourra t’expliquer) : j’ai dessiné sur ma tablette un panneau de score de stade de foot en indiquant mi-temps : Envie-Peur. Je lui ai tendu le stylet en disant : « toi qui a joué au foot étant plus jeune, je souhaiterais que tu me donne le score de ce match important à la mi-temps ». Il prit le stylet pour indiquer 2-1 pour l’Envie en précisant « il y a quelques mois, j’aurai écrit 3-0 pour la peur… ».

Mi-temps du match et mi-temps de la séance car nous avions une matinée ensemble. Instinctivement (enfin largement inspiré par le livre de David Denbourough) lors de la pause, je me suis mis à dessiner un terrain de foot avec à l’esprit l’idée de reprendre les visuels de L’Equipe (le journal) où l’on découvre la composition des équipes avant chaque match.

En reprenant la séance, je lui ai dit : « Voilà, on est à la mi-temps du match. Le score est de 2 à 1 en faveur de l’Envie et j’aimerai bien connaître la composition de ton Equipe qui permet à l’Envie de mener au score. Tu peux y mettre des personnes de ton entourage pro et perso, des personnes fictives ainsi que des compétences qui te permettent de jouer ce match ». Il est tout de suite rentré dans le match et la métaphore en commençant par le Milieu Défensif, celui qui récupère les ballons, organise la contre attaque et joue le rôle de sentinelle. Ce numéro 6, c’est son Bien Être. Il a réussi très spontanément à trouver 11 joueurs en alternant des membres de son club de vie, tous les membres de l’équipe qu’il encadre ainsi que ses propres compétences. La magie de la métaphore permet d’aller encore plus loin car il a identifié des remplaçants, l’entraineur de l’équipe (qui pousse à aller de l’avant et qui croit en ses capacités), le sponsor (partenaire des bons et des moins bons moments, pas dans la vision financière), le club des supporters et même un pompier de service dans le stade. On aurait pu aller plus loin en abordant l’équipe médicale, les adjoints (entraineur des gardiens, des attaquants…) mais il n’en a pas exprimer le besoin. De la même manière, les 11 joueurs sont le fruit du hasard car on aurait pu s’arrêter à 5/6 joueurs. Je tenais néanmoins à ce qu’il identifie au moins 1 joueur par ligne (Défense, Milieu, Attaque).

Une fois la composition terminée, je lui ai demandé de m’expliquer comment est ce que l’Envie avait réussi à marquer les 2 buts à la Peur. Une action bien construite à enseigner à tous les centres de formation des Clubs Pro : La balle est partie du gardien (sa Réactivité) qui relance à la main. Le ballon circule entre tous les membres de l’équipe pour finir par un centre d’un attaquant pour l’avant-centre qui marque le but. De quelle manière ? « Avant, elle aurait mis un but de raccroc en taclant le ballon dans le but mais aujourd’hui, elle mettrait un beau but de la tête.. ».

Un fois cette narration d’une partie de la 1ère mi-temps effectuée, je lui ai signalé que l’on était toujours à la mi-temps, que l’entraineur venait de donner ses consignes et que c’était maintenant à lui en tant que Capitaine de l’Equipe de prendre la parole. Quel serait son speech ? « Continuer à être serein, ne pas lâcher et aller de l’avant ! ».

Suite du match lors de la prochaine séance et en attendant, il a pu repartir avec une copie de son Equipe de Vie, ce qui m’a permis de faire une documentation en tant réel.

Avec du recul, je dirai que la métaphore lui a permis de formaliser ses compétences mais on avait déjà travaillé dessus et surtout d’identifier une place et un rôle précis pour chacun des membres de l’équipe qu’il encadre.

Je rejoins l’idée d’Anne Sophie sur le fait de mixer la métaphore (Arbre, Voyage, Equipe de Vie…) avec le Club de Vie : quelle était son équipe de vie dans son enfance, actuellement et la renégociation lui aurait peut être permis d’ancrer d’avantage tout le chemin qu’il a parcouru

J’avais acheté (mais pas encore lu) le livre de Dina avant cette séance. En rentrant chez moi, je me suis rué dessus. A la lecture du chapitre sur l’Equipe de Vie, je me suis rendu compte que j’avais occulté la dernière étape, celle où il aurait raconté comment son équipe réussit à contrer les attaques de la Peur. J’aurai pu ou peut être dû le faire mais chez lui la Peur peut le mener à des crises de paniques qui l’empêchent d’être dans l’action et en plus, au foot on n’a pas trop le droit d’utiliser les coudes et les épaules…

5 réflexions au sujet de « Le grand match de l’Envie »

  1. Merci, Nicolas, Super Partage!

    je suis toujours avide d’entendre de vraies histoires vécues des praticiens avec leurs clients, c’est tellement enichissant.

    Elizabeth

  2. Merci Nicolas pour ton témoignage. C’est la première fois que je lis une expérience avec l’équipe de vie avec un manageur et je trouve ça super intéressant dans ce cadre là. Jusqu’à présent je ne l’avais utilisé qu’avec les jeunes. Cela me donne très envie du coup de l’utiliser aussi avec les équipes en entreprise.
    Ce que je trouve intéressant et que tu montres super bien avec ton témoignage c’est plus que d’utiliser une méthode c’est d’adapter la méthode aux personnes et aux cas spécifiques que nous avons tout en restant en lien avec les intentions initiales c’est à dire en gardant la posture décentrée influente.
    Merci Nicolas
    Bise

  3. Merci Christophe pour ton commentaire qui me touche étant également un « jeune » praticien narratif. Pierre nous a dit quelque chose que j’ai trouvé fortement inspirant lors de l’atelier Affûtage de questions : « vous con’aissez les cartes de M. White. Vous connaissez donc le solfège et bien maintenant vous pouvez faire du jazz… »

  4. Bonjour Nicolas, Je découvre ce post et la réponse à mes interrogations.

    Merci pour ce billet, merci pour l’illustration de ce mix métaphore-club de vie.

    A bientôt,

  5. Merci Nicolas pour cette magnifique narration.
    Quelle expérience inspirante pour le “débutant” que je suis. La lecture de ta séance, riche de moult détails, me donne déjà de belles idées pour les prochaines miennes avec mes clients. Elle a surtout le mérite de libérer en moi un vent de créativité, sagement contenu par une vision assurément trop scolaire encore de la Narrative. Vive la puissance de l’expérimentation !
    Je suis toujours admiratif d’une telle intelligence de situation, qui autorise à rebondir avec sagacité à partir des fines traces collectées.
    Enthousiaste je suis à l’issue de ton témoignage.
    Un très sincère et chaleureux Merci pour ce partage.

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