Rita Charon traduite en français !

rita charonExcellente nouvelle pour les amateurs et trices de belle ouvrage narrative : « Médecine Narrative », le livre-clé de Rita Charon, est enfin édité en français.

Nous avions déjà consacré un article à Rita Charon lors de sa venue à Paris fin 2011. Traduit par quelques passionné-e-s sous la direction du Dr Anne Fourreau, le livre clé de la créatrice de la médecine narrative, directrice du programme de médecine narrative à l’université de Columbia, propose de considérer avec respect le récit transmis par le corps du patient et sa parole.  Honnête, humaine et authentique dans son propos comme dans ses engagements, Rita Charon nous ouvre à une médecine revisitée à la lumière de la relation médecin-patient, : une relation qui guérit, ou participe à la guérison au moins autant que les gestes techniques et les médicaments.

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Résistance, chocolat et approche narrative


Petite fille, Francine Christophe a porté une grosse étoile jaune sur sa poitrine avant d’être déportée à Bergen-Belsen.

Adulte, elle organise une conférence sur le sujet ” et s’il y avait eu des psys à notre retour des camps en 1945 ? ” L’histoire qu’elle nous en raconte est touchante, puissante et témoigne de la force du lien humain face aux horreurs. La vidéo est émouvante, et le sourire et les mots de Francine à la fin témoignent pour moi une histoire préférée de l’être humain.
Je vous invite à regarder cette vidéo et après, si ça vous parle, de répondre à la question :  ” et s’il y avait eu des praticiens narratifs pour accueillir les gens qui revenaient des camps en 1945 ? ”
Et si Barbara Myerhoff, Michael White, Cheryl White, David Epston, David Denborough, et nous, avions été présents, qu’aurions nous proposé?

Et vous, qu’auriez- vous eu envie de proposer ?

Elizabeth Feld

Souris narrative

Sans titreFrançoise Quennessen, aujourd’hui doyenne des praticiennes narratives françaises, publie un récit sensible et lumineux de sa rencontre avec la thérapie narrative. Une mosaïque de conversations dédiées à ses filles, la vivante et l’absente. L’épigraphe est de Christian Bobin : “j’ai vu un chat couvrir de brindilles la dépouille d’une souris”.

Quand je dis “j’ai fait une thérapie narrative, la question est : “c’est quoi ?” Ce livre est ma réponse; Ma solitude me pesait. “Vivre seule” ou “vivre sans”, sans ma fille morte. J’ai toujours refusé l’idée d’une analyse classique. J’ai eu la chance de rencontrer un “narrapeute” qui m’a proposé de faire l’expérience d’une thérapie par e-mails…

C’est à 74 balais que j’ai attaqué cette thérapie. Enfin, à 82 ans, je vis en paix avec moi. Il ne faut jamais dire qu’on ne peut pas évoluer. Aujourd’hui il y a une “moi avant” et une “moi après” mais ne vous frottez pas à la “moi maintenant”… je n’ai pas changé, c’est mon regard sur la vie qui a changé. De tout cela, il y avait de quoi faire un livre.

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Le voyage de vie

voyage de viePar Dina Scherrer
J’ai découvert, il y a quelques semaines, un nouvel outil narratif passionnant et très efficace qui s’appelle le VOYAGE DE VIE. C’est un outil que l’on doit à David Denborough, tiré de son livre « Retelling the stories of our lives » (re-raconter les histoires de nos vies). Le chapitre concerné s’intitule « Life as a Journey : Migrations of Identity » (La vie comme un voyage : migrations d’identité). Un grand merci à Antonia Benque, une collègue qui s’est formée aux Pratiques Narratives avec nous à Paris, qui nous a fait découvrir ce passage du livre de David et qui l’a traduit en français, avec le regard final d’Elizabeth pour nous le rendre accessible.

Tout comme l’Arbre de vie, il y a quelques années, j’ai tout de suite été séduite par cette nouvelle métaphore qui est un beau moyen d’aborder la vie comme un voyage. Et comme tous les voyages, il y a des chemins parcourus et des chemins encore à parcourir. Il y a les compagnons de route, les lieux que nous avons envie de visiter, les obstacles qui se sont mis sur notre chemin, des souvenirs que nous allons garder, les chansons qui nous ont accompagnés, etc.

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Intégrer la question politique en thérapie ou en coaching : cas de force majeure ?

Combien de souffrances faut-il pour qu’un cœur chavire ? Et quand il chavire, combien de temps lui faut-il encore pour accepter de remettre en cause ce qu’il a appris et tient pour certain ?
Cet article de Richard Brouillette (psychothérapeute installé à Manhattan), posté le 15 mars 2016 dans le New York Times, porte beaucoup d’espoir. David Epston l’a envoyé à Pierre Blanc-Sahnoun et j’ai eu envie de le traduire. Les idées narratives et leurs nombreuses sœurs repoussent inexorablement les frontières de la psychologie moderne dans le monde occidental, et rien ne peut plus les arrêter.
Si j’ai choisi l’approche narrative, c’est exactement pour les raisons que décrit Richard dans cet article, lorsqu’en formation de coaching, je refusais l’idée de faire porter l’entière responsabilité de la résolution des problèmes sur la personne. Aucun des auteurs de développement personnel qu’on me prescrivait alors ne se préoccupait, comme l’a fait Michael White, du contexte « élargi », forcément politique. Leurs pratiques par conséquent ne faisaient à mes yeux que renforcer la culpabilité des personnes en difficulté. Quand j’ai lu Maps, j’ai découvert avec un immense soulagement quelque chose de très différent, dont je retrouve l’esprit dans cet article. Car comme dit David Epston (email du 18 mars 2016) : « Et il faut être clair : c’est comme des esclaves sur des galères romaines qui seraient soignés par des docteurs pour des lésions attribuables au travail répétitif. »

galere-romaine1
Pour mieux comprendre le sens des paroles de David, lisez l’article du NYT :

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Conversations entre parents et enfants

La conférence de Fanny Moureaux-Néry prévue à l’origine le 17 mars a été reportée au lundi 4 avril. Fanny a traduit le best-seller narratif et anglo-saxon de Marie-Nathalie Beaudoin “les mille compétences en chaque enfant” qui est sorti en fin d’année dernière chez l’Harmattan. A ne pas rater ! 

S’interrogeant sur sa façon de converser avec de jeunes enfants et des adolescents, plutôt que de leur enseigner comment ils devaient se conduire, Marie-Nathalie a préféré rechercher leur ressenti, s’ils étaient mécontents ou contents d’eux-mêmes, stressés ou sereins. Elle a découvert leur propre réflexion, les a aidés à la développer dans les moindres détails, à ressentir le bénéfice d’être attentifs à leurs émotions négatives et positives ainsi qu’à celles des autres, pouvant ainsi établir des relations de coopération et de respect mutuel, de savoir bien vivre ensemble.

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“Rôder” et / ou “flâner” ?

David Epston pointe une différence importante entre “loitering” (rôder) et “lingering” (flâner). 

“Loitering”, c’est traîner dans le coin avec le regard affûté de celui qui a faim et cherche l’opportunité. On a traduit ça en français depuis  les années Médiat par “vagabondage” et on l’a enseigné sous ce terme. “Lingering”, par contre, c’est traîner dans le coin pour le plaisir, les mains dans les poches. David écrit : “c’est pareil que rôder, mais sans intention de commettre un crime.” Et il donne un exemple : “Il trouvait la conversation tellement fascinante qu’il a traîné dans le bar (je ne suis pas du tout satisfait de cette traduction  de “linger” par “traîner”, qu’est-ce que vous diriez, les créaducteurs ?) donc, qu’il a traîné dans le bar largement après l’heure où il avait promis à sa partenaire de rentrer pour le dîner”.  L’enseignement est une biographie involontaire. Bref.

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Jeu de cartes, jeu de coquin-e

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Longtemps, j’ai joué aux cartes. Sans jamais me poser d’autres questions que celles qui me permettaient de faire le pli.

En préparant l’atelier que je vais animer avec Elizabeth Feld sur la déconstruction, je suis tombée sur cette image, qui provient du site internet www.cartes-egalite.com.

Et je réalise qu’il n’a jamais fait aucun doute dans mon esprit que le roi prenait la reine, qui prenait le valet ! Et oui…

Sauf qu’il arrive dans la vie que le roi soit une “queen” et la reine un roi, ou que ce soit parfois encore bien plus compliqué que ça. Mais là… joker, n’est-ce pas ! On ne va pas parler des choses qui fâchent.

Et qu’est-ce qui fait qu’à la belote, dans la couleur d’atout, c’est le valet qui est la carte “maîtresse” ?… Maîtresse, drôle d’expression !

De quels jeux de pouvoir et de quelles prescriptions sociales est ce que ce simple jeu de cartes, que nous mettons très innocemment entre les mains des enfants, est le reflet ? 🙂

Catherine Mengelle

Interventions brèves en entreprise

interventions brèvesUn recueil d’expériences sur les interventions brèves en entreprise vient de sortir chez Interéditions, sous la direction de Gregory le Roy.

Il intéressera certainement celles et ceux qui travaillent avec les idées narratives dans les entreprises et les organisations, nombreux-ses en France du fait de l’historicité particulière des PN dans notre pays. A noter justement dans cet ouvrage, pour la première fois, un chapitre consacré aux pratiques narratives et à leurs applications dans le coaching.

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Master Class de David Epston en octobre : le programme

P1110525Pourquoi certaines histoires raflent la mise ? Comment co-construire des contre-histoires puissantes et durables ? L’approche narrative comme un voyage entre différentes temporalités… et bien plus encore !

Nous partirons de la question posée par la philosophe féministe narrative Hilde Lindeman Nelson[1] : « Qu’est ce qui fait que certaines histoires parviennent à bluffer les autres ? ». Cette question est au cœur du travail des praticiens narratifs. Les réponses apportées jusqu’ici ne sont pas complètement satisfaisantes.

Dans cet atelier, nous reprendrons le concept de « contre-histoire » de Nelson et examinerons comment co-construire ce type d’histoire de façon pratique. Nous partirons de deux exemples particulièrement extrêmes et dramatiques : une jeune femme de 15 ans avec un diagnostic d’anorexie nerveuse, avisée qu’elle « peut mourir d’un instant à l’autre », ainsi qu’un jeune homme de 16 ans qui avait souffert « d’asthme sévère » toute sa vie, et à qui les médecins avaient pronostiqué cinq jours à vivre. Continuer la lecture de Master Class de David Epston en octobre : le programme