Tous les articles par La Fabrique Narrative

DE DELEUZE À DELOREAN : LA THÉRAPIE NARRATIVE COMME VOYAGE DANS LE TEMPS

imgresUne conférence passionnante et très attendue de John Winslade (NZ) sur le voyage dans le temps, Deleuze, et la thérapie narrative. Notes de travail prises à la volée.

Parler de mémoire, c’est faire référence au temps. John nous propose une machine à voyager dans le temps qui nous emmène où nous voulons dans notre mémoire. Il fait également référence à la façon dont Deleuze, philosophe du temps, conceptualisait la thérapie comme une « machine à expérience » qui permettait au client de mettre au point son propre « projet de devenir ».

Ainsi, la thérapie narrative a déjà le voyage dans le temps au cœur de ses mécanismes. Ceci s’oppose à Freud qui voyageait dans le passé à la recherche des causes et en déduisait à la lumière du complexe d’Œdipe que les abus sexuels étaient des fantasmes et non des traumas réels subis par les patient-e-s (ce qui influence encore beaucoup de traditions thérapeutiques). Ceci s’oppose également à la Gestalt, au behaviourisme ou à la thérapie centrée sur la personne dont le parti-pris est de rester ancré dans le présent (et ce qui est également lié à l’historicité de leurs fondations, après la guerre).

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REPORTAGE VIDÉO SUR MR COLÈRE

Sabine VermeireSabine Vermeire est une thérapeute narrative Flamande qui propose un type particulier d’acting-out narratif.

Elle propose aux enfants de devenir des rois, des super-héros et des policiers et de dessiner leur univers à partir de cette position –ce que nous faisons déjà mais plutôt en remembrement- ainsi que d’imaginer les lois et les décrets qu’ils prendraient en tant que souverains.

Mais surtout, lorsque l’enfant est confronté à une histoire de problème, elle lui propose de réaliser une enquête scientifique –ou journalistique- sur la façon dont ce problème est vécu par différentes personnes librement choisies, afin de faire émerger une vision « polyphonique » de cette histoire.

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LES INFORTUNES DE L’AMOUR

Gid'on
On n’entend pas souvent parler d’amour dans les conférences narratives, même si c’est un sujet qui revient tout le temps dans les conversations thérapeutiques. « Quand l’amour devient un problème », tel est le titre de l’atelier animé par Gi’don Mordecai Friedmann, vraisemblablement le premier sur le sujet au fil des nombreuses conférences narratives.

Gi’don déconstruit les représentations culturelles dominantes de l’amour à travers poèmes, fils, textes et chansons, et l’influence qu’elles exercent sur la façon dont notre expérience est identifiée à un « vrai amour » ou pas. Il propose une conversation (voir photo) qui permet d’explorer les réponses possibles face à un échec amoureux et de reconstruire l’espoir dans la relation. Un atelier plein d’humour et d’humanité, à l’image de cette figure de la Thérapie Narrative israélienne.

UNE PURÉE DE CARTES

Hugh Fox - copie
C’est ce que propose ce schéma de Hugh Fox (UK) : sortir de l’ordre structuré des cartes et tout mélanger comme dans une purée (« mash up ») et cherchant à dépasser la métaphore des cartes (difficiles selon lui à enseigner sans en faire une recette ou une contrainte). Hugh tente de déconstruire la célèbre métaphore cartographique de Michael White et de propose des métaphores alternatives : par ex. celle du vaisseau spatial qui conduit de ce qui est connu et familier à ce qu’il est possible de connaître (cf. Vigotsky) à travers des récits préférés de l’identité, rendus visibles par la conversation. Michael White appelait parfois la Thérapie Narrative « Thérapie qui relie les vies ». Essayons de ne pas l’oublier dans nos explorations théoriques. Les cartes sont, comme le dit Tali Gogol-Ostrowski, des lettres qui permettent de composer des poèmes et des chansons. Ecraser les lettres ne permet pas forcément de créer de nouveaux mots.

“POUR TIRER QUELQU’UN DE LA BOUE, IL FAUT SAVOIR S’Y ROULER SOI-MÊME”

Par Elizabeth Feld et Christine Barnier

Un très très grand Merci a Andrée Zerah et à Martine Compagnon pour cette délicieuse dernière soirée de la saison sur les contes et l’approche narrative.

Nous avons fait une balade passionnante entre contes, approche narrative et accompagnement. À la tombée du jour, bercés les bruits du jardin du Forum qui montaient derrière nous, Martine nous a transportés dans les pays de Nasrudin, du fils du roi nu sous la table qui se proclame coq (“pour tirer quelqu’un de la boue , il faut savoir s’y rouler soi même”)…et bien d’autres…

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LILAS ET DYSPRAXIE

Par Catherine Mengelle

Je travaille actuellement avec une jeune fille de 14 ans, qui partage sa vie avec Dyspraxie depuis longtemps. Elle a souhaité s’appeler Lilas dans cet article.

Pour mieux l’aider, j’ai cherché sur internet des renseignements sur Dyspraxie et j’ai trouvé des tas de choses intéressantes confirmant, complétant ce qu’elle m’avait expliqué. Notamment le fait que les gens comme elle rencontrent, entre autres, de grandes difficultés avec la lecture et l’écriture. Une vidéo essaye de montrer ce que devient une page d’écriture lorsqu’elle est regardée par Dyspraxie. Si c’est vrai, c’est édifiant ! J’ai également trouvé une discussion entre une jeune femme de 22 ans et Dyspraxie, magnifique exemple d’externalisation du problème, rapportée sur son blog personnel : http://dyspraxie-andicap-fantom.skyrock.com/2.html.

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REGARDS CROISÉS

Cas DoraNous avons longtemps gardé une dent contre Roland Gori qui avait plus qu’égratigné les coachs dans un ouvrage que nous avions à l’époque trouvé à charge (voir ici). Certains de ses arguments nous avaient paru totalisants, caricaturaux et peu respectueux des professionnels qui s’efforcent de faire la part des choses : être au service du client sans trahir l’institution ni répondre à une demande de normalisation, ne pas se faire recruter par la localisation dominante du problème “dans” le client.

Voilà aujourd’hui que nous  retrouvons notre casseur de coachs en débat avec Edith Goldbeter,  thérapeute familiale systémique et notre ami Serge Mori autour du célèbre Cas Dora, rapporté par Freud dans les “Cinq psychanalyses” (conférence à Aix le 28 juin : voir ici). Continuer la lecture de REGARDS CROISÉS 

TEMPS ET RÉCIT : LA THÉRAPIE FLÂNEUSE

Par Serge Mori*

Il existe une joie élémentaire de l’univers humain, dont on assombrit l’horizon chaque fois que l’on prétend être quelqu’un ou l’on sait quelque chose.

Quelques rares thérapeutes l’ont compris. Marginaux, ils concentrent leur effort vers un seul but : peser le moins possible, n’alourdir la thérapie que d’une très fine, très légère rosée. Ils creusent un abîme entre un savoir lourd embaumé dans les mots et les figures de style. Je qualifie ces rares thérapeutes comme étant exceptionnels, seuls aptes à nous faire revenir à un état d’innocence primesautière ; ils s’adressent à nous d’une région de l’âme qui n’aurait pas connu le péché ni éprouvé le mal dispersé dans le monde des mots. Ils soignent comme on respire, comme on vit, au rythme des jours et des nuits, des joies et des chagrins, d’une région intérieure bruissante de rires, de voix de femmes, d’arbres odoriférants, de toutes les choses simples et douces sorties de la main de l’Homme.  Continuer la lecture de TEMPS ET RÉCIT : LA THÉRAPIE FLÂNEUSE 

CLOWN.E, NARRATIF.VE ET MILITANT.E

En sortant de la première Journée de thérapie narrative francophone à Genève de vendredi 4 avril…

Par Camille Bierens de Haan*

La première journée de thérapie narrative francophone se termine à l’instant. D’autres plus légitimes que moi en feront sans doute le compte rendu sur ce blog. Je voudrais de mon côté compléter à chaud la réponse que j’ai tenté d’apporter à une des questions du débat final, tant il est vrai qu’à peine prononcés, les mots ont continué à résonner dans ma tête et qu’en rentrant chez moi, me sont venues les idées que j’aurais voulu pouvoir exprimer pour rendre compte plus exactement de ma pensée. Chez nous, on appelle ça « l’esprit d’escalier »…., ou alors c’est juste du « slow thinking » ou le « swiss touch » … je ne sais pas, mais heureusement qu’il existe les blogs pour continuer à penser ensemble ! Continuer la lecture de CLOWN.E, NARRATIF.VE ET MILITANT.E