Tous les articles par La Fabrique Narrative

BEN MOI J’VEUX BIEN

par Dina Scherrer

Comment être à l’affût des «fines traces»…

Alors que j’étais en séance de coaching dans un collège du 93 avec une classe de 4ème en grande difficulté scolaire, je me suis subitement retrouvée moi-même en difficulté. Je me demandais comment j’allais me sortir de cette situation, quand l’un des jeunes est venu à mon secours et m’a tirée de l’impasse. C’est souvent le cas en coaching: l’on aide une personne qui sans le savoir nous aide aussi. Ils étaient vingt-cinq, âgés de 13 ans, qu’on avait regroupés dans une classe spécialement adaptée pour les accompagner dans leurs difficultés. Ma mission était principalement axée sur l’estime de soi. A chaque séance, ces jeunes sont plutôt contents de me voir, mais comme ils manquent de confiance en eux, ils ont du mal encore à s’exprimer publiquement. D’autre part, il y a des clans et peu de solidarité entre eux au sein de la classe, notamment entre filles et garçons. J’avais donc choisi ce jour-là un exercice qui les fassent à la fois gagner en confiance et qui leur permettent de se connaître mieux les uns les autres afin de s’apprécier davantage. J’avais décidé de leur faire réaliser leur «arbre de vie». Continuer la lecture de BEN MOI J’VEUX BIEN 

L’ATTAQUE DU TRAIN POSTAL

Qu’est-ce qui peut motiver un passage à l’acte aussi pathétiquement voué à l’échec que l’attaque d’un TGV avec des cailloux, sinon une intention métaphorique ?

Quel hypothèse oblique le praticien narratif peut-il formuler sur cette affaire pour y rechercher un sens identitaire et social, non pas sous la forme auto-satisfaite du diagnostic mais en termes d’idées de questions à poser aux protagonistes (ceux qui étaient dehors et ceux qui étaient dedans) ? Continuer la lecture de L’ATTAQUE DU TRAIN POSTAL 

TED : LA PEUR EST UN TEXTE

Voici un TED très intéressant déniché par notre amie Stéphanie Tchibanda. Karen Thompson Walker établit un parallèle entre la peur et la narratologie, ce qui la conduit à construire une métaphore de la peur-comme-texte et à renégocier notre relation avec celle-ci, externalisée sous les traits d’un auteur de versions possibles de notre avenir. Du très joli TED, informé par les idées narratives.

POUR TOUS ? MAIS QUI EST TOUS ?

Par : anonyme

C’est qui, le pouvoir moderne? Cette force diffuse et invisible qui tire des ficelles, qui influence, qui manipule personnes, idées, institutions…

Je ne sais pas trop la définir mais je me pose toujours la question, telle Miss Marple, Hercule Poirot ou Maigret: à qui profite le “crime”? Dimanche dernier, je traversais le quartier de Montparnasse vers 13h, heure du rassemblement de la ” Manif pour tous”, et pour la première fois depuis très très longtemps, je ne me suis pas sentie en sécurité. J’étais contente d’avoir mon casque de vélo sur la tête. Continuer la lecture de POUR TOUS ? MAIS QUI EST TOUS ? 

GOTHAM – BENTHAM : MATCH NUL

Habitants de Gotham (et de Narrapolis), la Fabrique Narrative vous souhaite une bonne année 2013.

“Batman, the dark knight rises” est un film de propagande. Il nous propose une histoire dominante de problème et une fausse contre-histoire (les gentils sauvent le monde à la fin). Il nous fait passer en sous-main quelques idées silencieuses plutôt gratinées :

  • si le peuple prend le pouvoir, il ne fait que des bêtises,
  • la suprématie technologique assure la victoire,
  • les milliardaires peuvent être beaux et gentils (mais quand même pas au point de se sacrifier vraiment pour la communauté).

Cette propagande en creux nous ramène vers le pouvoir moderne et son inventeur, Jeremy Bentham, philosophe et économiste du 18ème siècle lu et décrypté par Foucault. Continuer la lecture de GOTHAM – BENTHAM : MATCH NUL 

SAUVE TOI, LA VIE T’APPELLE !

Nous nous étions déjà posé la question ici-même il y a quelques mois de la proximité de Boris Cyrulnik avec les idées narratives en intégrant une belle interview de lui issue d’Identités Créatrices, le blog de Wahid Choueiri (voir l’interview).

Ceci avait suscité des commentaires passionnants dont celui de notre consoeur Catherine Farzat, qui avait développé les passerelles entre l’oeuvre du psychiatre bordelais (eh oui, cocorico !) et les travaux de l’approche narrative australienne et néo-zélandaise telle que nous la pratiquons ici.

Avec “Sauve toi, la vie t’appelle” (Odile Jacob), ses mémoires rédigées au scalpel, à fleur d’intelligence et de sensibilité, Cyrulnik nous propose au delà d’un récit de vie bouleversant, une véritable master class narrative en 300 pages, que devraient lire au même titre que “L’espèce fabulatrice” de Nancy Huston, tous ceux qui s’intéressent à l’autobiographie comme identité et à l’identité en tant que fiction. Continuer la lecture de SAUVE TOI, LA VIE T’APPELLE ! 

PARLER DE LA NARRATIVE EN 2 PHRASES

Comment présenter les pratiques narratives en une ou deux phrases ? Telle est la question à laquelle ont répondu les membres du groupe d’initiation 2011-12 de la Fabrique Narrative de Paris au cours de leur séminaire final.

L’exercice était parti de la fameuse “présentation allumette” que l’on utilise en outplacement : tu craques une allumette, tu la laisses se consumer et tu te présentes avant de te brûler. Les membres de ce groupe plein d’inspiration et de finesse se sont prêtées à l’exercice et ont accepté que leurs définitions soient reproduites dans “Errances Narratives” (voir ci-après) sous forme de patchwork.

Et vous, si vous faisiez l’exercice, que diriez-vous dans vos 2 phrases?  Continuer la lecture de PARLER DE LA NARRATIVE EN 2 PHRASES 

COUPABLES

Une étude américaine récente citée par notre ami Philippe Duport dans sa chronique « c’est mon boulot » de vendredi dernier sur France Info démontre que les personnes les plus sensibles à la culpabilité font les « meilleurs » collaborateurs. 

Selon cette étude, ils seraient plus assidus, travailleraient mieux, se montreraient plus polis avec leurs collègues et avec les clients. Une telle étude, sa publication, et les commentaires qui en sont proposés, contribuent à un récit. C’est un récit qui a pour thème l’évaluation des salariés en termes de performances à partir de leur “psychisme”.

Continuer la lecture de COUPABLES 

“JE SUIS NULLE EN ANGLAIS”

par Natacha Rozentalis

La pratique de l’anglais, grande question pour le praticien narratif français… et une occasion aussi, comme nous le montre Natacha avec humour, d’explorer des histoires riches personnelles et culturelles.

Depuis des années, je me fais le reproche de ne pas être à l’aise en anglais, de ne pas pouvoir travailler ou communiquer en anglais alors que j’ai eu dans ma vie toutes les facilités pour le faire, toutes les conditions pour être fluent ! Longtemps j’ai accusé mon manque de talent et d’obscurs blocages venus du fond de mon inconscient tortueux. C’est une conversation narrative avec un ami qui a permis à une autre de histoire d’être enfin entendue. Continuer la lecture de “JE SUIS NULLE EN ANGLAIS” 

CE QUE JE RETIENS DE DAVID EPSTON

Par Laurence d’Andlau

LE RESPECT IMMENSE DONT DAVID FAIT PREUVE VIS-A-VIS DE LA PERSONNE
La délicatesse avec laquelle il pose ses questions.

Par ex : « est-ce que cela te dérangerait que je m’intéresse à cela ? » ou, « voudrais tu me dire quelque chose de cette vision que tu as eue ce jour-là ? », ou « est-ce quelque chose dont tu veux bien me parler, ou bien est-ce quelque chose que tu veux garder pour toi ? si tu voulais en garder une partie pour toi parce que c’est trop privé, je le comprendrais », ou encore « je peux te demander quelque chose ou puis-je te poser une question ? », ou encore « est-ce agréable pour toi d’évoquer ces souvenirs ? » Continuer la lecture de CE QUE JE RETIENS DE DAVID EPSTON