Tous les articles par La Fabrique Narrative

LE RWANDA, RETOUR

Photo Julie Epp

L’univers me reparle du Rwanda.

Pierre Claver, le chanteur à la voix de bronze de “la chanson des survivants”, remet en ligne sur Facebook une photo de lui, Aya Okumura et moi prise le jour de l’enregistrement de la chanson. Patrick Pastor, l’ingénieur du son, est à Paris et il prend contact avec moi pour que l’on se revoie. Et puis le même jour, mon ami et collègue Luc Pouyanne m’invite à Toulouse à une représentation d’une pièce de Jean-Pierre Azagar et Bruyère Robb sur ce même sujet du génocide Rwandais. Continuer la lecture de LE RWANDA, RETOUR 

L’APPARTENANCE, LE SACRE ET LA LIBERATION

Par Elizabeth Feld

Après les derniers articles de Jean Louis et de Pierre post conférence, je voudrais continuer sur des thèmes évoqués, je suis lente, je réfléchis, je digère encore toute cette riche expérience…

Stephen a ouvert la conférence en disant dans son keynote: ” Be accountable to the privilege you have.” Soyez responsable envers les autres par rapport aux privilèges que vous détenez.  . Il a évoqué ce qui est dit et ce qui est tu ( passé sous silence) (what is said and what is silenced) Toutes les conversations sont spécifiques à la culture (culture-specific).  Ces idées ont fait leitmotiv à travers toute la conférence, et me portent aussi dans mes réflexions.

Dans la conférence nous avons eu plusieurs présentateurs qui intègrent le côté ‘politique’ dans leur travail. Notamment trois ‘keynotes’ : le Just Therapy Team (“Just therapy” est un jeu de mots sur Juste de la thérapie et La thérapie juste- dans le sens de la justesse) avec Charles Waldegrave et  Taimalieutu Kiwi Tamase ,  Rosa Elena Aertega the Battered Women’s Support Services  (les services de soutien pour les femmes battues) et les membres de RainCity housing , une organisation communautaire pour l’accès à l’abri. Chacun soulevant des questions d’ordre différent. Continuer la lecture de L’APPARTENANCE, LE SACRE ET LA LIBERATION 

JET LAG

par Jean-Louis Roux

Dernière journée au soleil sur les terrasses de l’hôtel Coast Plaza, à Vancouver avec Mozart dans les oreilles.

La première chose que je constate dans cette dernière matinée, c’est l’engagement communautaire des personnes. Comme l’a écrit Pierre, nous avons écouté les personnes de la communauté Gay, Lesbiennes et Trans, et ma foi, c’est vrai que le contraste avec ce à quoi l’on croit de la masculinité est assez discordant pour nos pensées. Est-ce un homme, une femme, tout autre chose ? le temps de comprendre le message inconscient que nous cherchons à décoder, l’empreinte de la différence vous étrangle. Ce dont je me rends compte en les écoutant, c’est que contrairement à nous, Européens, ici, les personnes sont rapidement en mesure de créer des communautés militantes et identitaires regroupant les forces vives, les forces faibles, les personnalités dans leur choix de vie, dans leur choix de différences et qui militent fortement pour se protéger et soutenir les personnes de la communauté des agressions, des discriminations des “biens pensants” acteurs de la normalité “un homme, c’est un homme ; une femme, c’est une femme”. Continuer la lecture de JET LAG 

JUST THERAPY : APPARTENANCE, JUSTICE ET SPIRITUALITÉ

Des gens très importants dans le monde narratif, peu connus par les narratiens Français qui ont été plutôt exposés depuis les débuts en 2004 à l’Australie qu’à la Nouvelle Zélande (cela va changer, à commencer par la visite de David Epston à la Fabrique Narrative en septembre).

Charles Waldegrave et Taimalieutu Kiwi Tamasese, fondateurs de la “Just Therapy”  reconnaissent l’importance du contexte et commencent toutes leurs interventions en l’honorant (notamment avec un chant). On peut dire qu’ils ont eu une influence cruciale dans le développement par Michael White du travail avec les communautés.

Selon eux, la plupart des problèmes viennent de l’injustice, même s’ils sont localisés dans les personnes qui subissent cette injustice. Les valeurs sont plus importantes que les techniques. Ils opèrent une distinction entre les ancêtres, le territoire dont vous venez et votre rôle, responsabilites et obligations relatifs à votre héritage, les trois constituant les brins entremêlés de notre appartenance. Ce qui les conduit à être conscients en permanence du contexte et des problèmes de culture, de genre et de privilèges. Continuer la lecture de JUST THERAPY : APPARTENANCE, JUSTICE ET SPIRITUALITÉ 

UNE MYRIADE DE PERSPECTIVES

20120512-123319.jpg

Le dialogue intérieur des thérapeutes n’est jamais publié et c’est dommage.

Sekneh Hammoud-Beckett est très honnête dans le récit de l’horreur qu’elle ressent dans certaines situations, et de la façon dont cette horreur fait littéralement “glisser la curiosité de ses doigts”. Son workshop a pour objet “parler de sexualité avec les jeunes” mais il ouvre sur les perspectives politiques, féministes et inter-culturelles (elle est proche de ses origines musulmanes libanaises et le revendique).

Dans le travail thérapeutique, elle ouvre des pistes en installant des métaphores richement décrites, et surtout en proposant à son client d’explorer ce qu’elle appelle “une myriade de perspectives” culturelles différentes, restant toujours consciente de la position privilégiée du thérapeute et de ce qu’il apporte de son imprégnation culturelle. Il n’est pas très fréquent, dans une conférence, d’entendre une telle sincérité sur les doutes et les colères qui viennent visiter nos conversations et cherchent à les faire dévier. Une posture qui se résume par : “Dis moi et j’oublierai, montre moi et je me souviendrai peut-être, implique moi et je pourrai comprendre”.
PBS

VOUS AVEZ DIT OUVERTURE ?

Par Jean-Louis Roux

Comme pour d’autres conférences narratives, celle de Vancouver s’est ouverte avec des chants. (une chanson composée justement par Cathy Richardson, la collègue dont il est question ci-dessus – NDLR)

Stephen Madigan à ouvert la conférence en nous faisant part de ses travaux sur l’individualisme, sa progression et ses effets sur les personnes et le monde. Il nous rappelle aussi les références importantes desquelles il puisse les idées qu’il met en avant en parlant des auteurs comme Foucault et Derrida. Pour soutenir l’importance de ces références, John Winslade avec qui nous avons passe deux jours à la Fabrique Narrative en compagnie de Lorraine Hedtke, sa compagne, anime un workshop sur la théorie de ces auteurs.

Continuer la lecture de VOUS AVEZ DIT OUVERTURE ? 

DSM : TOUS LABELLISÉS ?

Keynote sur le DSM V qui succède inexorablement au célèbre DSM IV.
Les thérapeutes narratifs nord américains sont beaucoup plus mobilisés que nous sur le sujet, d’abord parce que les coachs ne sont pas impliqués de la même façon (l’étiquetage prend d’autres formes, plus insidieuses, dans notre monde) et ensuite parce que ce débat n’a pas vraiment “pris” dans notre pays. Le DSM est un manuel qui décrit les pathologies mentales à partir d’identification de symptômes. Tom Strong, un constructionniste social, déconstruit cette tentative d’étiquetage des pathologies mentales et d’internalisation des problèmes au service de l’industrie pharmaceutique, qui influence la rédaction du manuel en fonction des molécules et des classes thérapeutiques disponibles. Il y a des centaines de milliards de dollars en jeu. L’avenir : trouver une pathologie pour chacun d’entre nous pour pouvoir nous médicaliser toute notre vie. “Tout concept de désordre mental est fondé sur un système de valeurs”, résume Tom Strong. En signe de solidarité, je vire mon badge “Presenter” !
PBS

QUEER NARRATIVES

Par Elizabeth Feld

Cette conférence est tellement stimulante que j’ai du mal à tout digérer , et donc à chroniquer. Le mot qui me vient avant tout, c’est prise de conscience aiguë de l’aspect politique de notre travail. Toutes les rencontres me font vibrer, m’inspirent, me challengent.

Le just Therapy Team de new Zélande, dont je parlerai dans un autre article sont un exemple de thérapeutes qui ont totalement intégré l’aspect politique dans leur travail (” si tu aides une personne pauvre à aller mieux et que tu le remets dans sa situation de pauvreté sans adresser la situation, tu ne t’es pas servi de ta position de privilège et d’influence potentielle pour effectuer des changements sociaux)

Charley Lang (photo) hier matin nous a proposé un workshop très interactif  et très narratif inspiré par les nouvelles apprises ce matin que le président Obama soutient le droit au mariage gay aux USA. Le titre “queer narratives on film” (narratives homos filmées) m’avait séduite, surtout qu ‘en parlant en début de matinée  avec Pierre, nous nous sommes fait la réflexion qu’il n’y aucune conscience dans notre communauté narrative française du mouvement “queer” (la déconstruction des droits, privilèges, normes et constructions du privilege hétérosexuel majoritaire). Ce courant est très vivant ici au Canada et à TCX . Continuer la lecture de QUEER NARRATIVES 

DANS UN FAUTEUIL

20120511-092427.jpg

Voici Norman Kunc, qui fait une keynote ce matin sur le thème “explorer des discours alternatifs sur le handicap”.

Derrière lui, une citation de Neil Marcus : “le handicap n’est pas une lutte courageuse, ou du courage en face de l’adversité, le handicap est un art de vivre”. Il souffre de troubles neuromoteurs depuis sa naissance et son élocution est difficile (encore plus pour nous en anglais). Devant une salle de 200 personnes rapidement séduites par son humour et son intelligence, il déconstruit magistralement les représentations dominantes sur le handicap (organisme infra-humain, animal, légume, esprit, menace, objet de peur, de pitié, de charité, éternel enfant, ennuque sans sexualité, objet de ridicule, ange innocent, corps cassé…), et c’est accablant pour notre culture de gens “normaux”, et on réalise que l’un des grands combats politiques pour faire émerger une culture minoritaire est là, au cœur de la société. Continuer la lecture de DANS UN FAUTEUIL