Tous les articles par La Fabrique Narrative

Donner la parole à des pensées
ou des émotions silencieuses

Par Stéphane Kovacs
http://www.viadeo.com/fr/profile/stephane.kovacs

Cette note fait suite à l’article intitulé « Michel Foucault, Jacques Derrida et Michael White » qui décrit un lien imaginaire entre ces trois personnages. Ce lien imaginaire tient dans une juxtaposition, sorte de bricolage réalisé à partir de la citation de l’un, du néologisme de l’autre et de l’approche narrative créée par le troisième.

Il consiste en la proposition suivante : déconstruire serait comme donner la parole à des pensées ou des émotions silencieuses. J’ai trouvé aidante cette façon d’expliquer l’accompagnement narratif pour le domaine du coaching, domaine où comme il n’est pas nécessaire que les gens qui consultent aillent mal pour avoir envie d’aller mieux, il est parfois difficile d’expliquer en quoi consiste le rôle de l’accompagnant, les bénéfices que retire l’accompagné, voire le prix de la consultation.
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ou des émotions silencieuses
 

Des Bleus à l’âme

Le naufrage relationnel et collectif de l’équipe de France nous offre une double opportunité narrative.

D’une part, être confrontés en temps réel et en direct, avec une puissance planétaire, à un retelling de ce que les Bleus ont compris de notre société. Ce n’est pas très agréable et gageons que c’est pour cela que la condamnation a été aussi violente et unanime, avec une urgence à localiser le problème qui chez le coach, qui dans l’équipe avec une recherche frénétique de coupables qui nous évite de réfléchir à notre participation à ce système.

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Blanc-Sahnoun Pierre

Couscous identitaire

par Dina Scherrer
http://www.dinascherrer.com/

Lors d’un de nos derniers groupes de pairs, où nous avions décidé d’expérimenter « l’arbre de vie », je me souviens m’être sentie un peu ridicule, au moment de présenter mon arbre, à la lecture du mot « couscous » que j’avais écrit impulsivement entre les racines de mon arbre. Aux racines d’un arbre de vie j’imagine que l’on trouve plus souvent des mots comme « père », « mère », « pays », « ancêtres », « langue », que le nom d’une spécialité culinaire. Pourtant, j’y ai repensé et je suis persuadée que certains aliments sont une vraie composante de notre identité, une invocation à la mémoire, une source d’histoires à raconter ou, seulement, à rêver.

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Il est paru !

Le premier ouvrage de la collection Hermann-l’Entrepôt, première collection française exclusivement consacrée à l’approche narrative et animée par la Fabrique Narrative, vient de paraître. Pour l’acheter : voir ici. Ci-dessous la préface à l’édition française.

Le livre que vous tenez entre les mains est important à plusieurs titres. D’une part, c’est la meilleure première initiation possible à l’approche narrative. Développée en Australie et dans le monde entier depuis une trentaine d’années, cette approche connaît un développement considérable dans les champs de la psychothérapie, du coaching, de l’accompagnement du changement dans les organisations, du travail social, du soutien psychologique aux victimes de traumas, etc.

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De l’importance et
de la puissance des métaphores

Par Michèle Gauthier
http://www.michele-gauthier-coaching.fr/

Un bel extrait de conversation qui illustre la puissance du changement de métaphore comme point de départ de la renégociation du sens. Illustré par une splendide photo de Luc Pouyanne, reçue il y a quelques jours, et qui s’applique pour sa part à illustrer une métaphore collective née lors d’un exercice du dernier séminaire Initiation.

« Vous m’avez parlé du vinyl, la dernière fois. Moi je me voyais tranquille sur mon manège, à regarder le paysage. Mais ce n’était pas du tout ça. Vous m’avez parlé de disque rayé. C’était plutôt ça ! »

Je suis surprise, étonnée et émerveillée de ce que Brigitte a fait de la métaphore que je lui avais proposé. Lors de la précédente séance, j’ai donné l’image qui me venait, celle du « disque rayé » en parlant de sa relation avec son frère.

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de la puissance des métaphores
 

Michel Foucault, Jacques Derrida et Michael White

Un belle réflexion qui épaissit de fines correspondances entre ces trois oeuvres et fait émerger de façon forte et claire le sens du concept de “déconstruction”, central à la Narrative. Dénichée par Françoise Quennessen sur le hub Viadeo de Marianne Lechifflart (“pratiques narratives et histoires préférées”) cette chronique est reproduite ici avec l’aimable autorisation de Stéphane.

A ma connaissance Michael White n’a pas eu l’occasion de rencontrer l’un ou l’autre de leurs vivant et je me suis demandé ce que Michel Foucault aurait pensé de la mise en œuvre par Michael White de ses travaux. Jusqu’au jour où je suis tombé sur le paragraphe suivant dans lequel Michel Foucault décrit ce qu’est la raison d’être de son œuvre (1) :

Les cérémonies définitionnelles et l’entreprise

Par Catherine Mengelle
www.dclictonavenir.com

Question souvent posée dans les ateliers de la Fabrique Narrative : quel autre nom trouver pour ce concept et processus essentiel de l’approche narrative qu’est la cérémonie définitionnelle, qui ne procure pas à nos clients donneurs d’ordre cette réaction épidermique de fuite que suscite, à raison, la peur du gourou illuminé ?

C’est un problème de vocabulaire, mais il est important pour le développement de notre pratique au sein des entreprises, dont l’intérêt nous est d’ores et déjà complètement évident.

Cérémonie définitionnelle vient de l’Anglais « definitional ceremony », expression, pour une fois, plutôt facile à traduire ! Et pourtant…

Pour resituer rapidement1 les choses, la recherche de Michael White s’est nourrie du travail de Barbara Myerhoff qui s’est intéressée, dans les années 1980, à comprendre ce qui se jouait dans les rituels collectifs. C’est elle qui est à l’origine de l’expression : il lui semblait que les rituels qu’elle observait (notamment ceux d’une communauté juive de personnes âgées à Venice Beach) permettaient à des personnes dont l’identité était altérée pour une raison ou une autre, d’aller mieux, en leur donnant l’occasion de parler d’eux-mêmes (definitional) devant leur communauté donc devant un public (ceremony). Michael White a superposé à ces idées la notion d’équipe réfléchissante de Tom Andersen (années 1990) et a mis au point sa fameuse carte des témoins extérieurs2, tout en conservant l’expression « definitional ceremony ».

L’expression, qui ne pose sans doute aucun problème aux sociologues, anthropologues ou philosophes, en pose un de fait, en France en tout cas, aux coachs et thérapeutes qui souhaitent pouvoir parler de ce processus (incontournable dans notre approche) et de ses intentions, en entreprise. Cela a du sens de réfléchir à un autre terme car le champ d’intervention traditionnel des praticiens narratifs français est différent de celui des australiens.

En lisant David Denborough3, j’ai compris que la communauté narrative russe butait également sur le mot « ceremony », peut-être pas pour les mêmes raisons que nous toutefois. Daria Kutusova, praticienne narrative russe et traductrice de nombreux ouvrages et articles, m’a répondu :

« Yes, the word ‘ceremony’ is not very appropriate. We are leaning towards the word ‘celebration’ in a more informal sense… but still not sure. The sources that Michael White and David Epston refer to when introducing the term ‘ceremony’ are not represented in Russian… this will have to be remedied in some way. »4

Sa réponse peut contribuer à faire qu’on se sent moins seuls… mais cette proposition, « celebration », me fait penser que leurs raisons sont sans doute assez différentes des nôtres. Le contexte, voilà encore une notion narrative majeure : l’importance de prendre en compte, chacun de son côté, le contexte culturel « élargi » de sa région ou son pays.

Nous voilà donc avec deux mots, chacun chargé de sens : cérémonie d’une part et définitionnelle (ce qui nous définit), d’autre part.

J’ai longtemps cherché des synonymes, mais peut-être serait-il plus intéressant de faire éclater le cadre, d’inventer quelque chose de tout à fait nouveau, pour être au plus proche de ce dont nous avons véritablement besoin. Ce qui est important, c’est bien le sens, l’intention de ces cérémonies : permettre aux histoires alternatives des individus ou des groupes de s’épaissir, en étant jouées (« performed » en Anglais) devant un public, amené à réagir à son tour, et le fait que nous voulions les introduire en entreprise, simplement et de façon transparente, sans risque de mauvaise interprétation. L’idée de cérémonie, qui nous gêne, ne devrait pas être totalement négligée toutefois car la fête, comme tous les rituels religieux ou laïques que nous connaissons et qui rythment nos vies, est ici aussi organisée autour d’une personne, ou d’un groupe de personnes : il est demandé aux témoins extérieurs appelés à réagir de se mettre à son service. Ils participent à la fête, mais n’en sont pas les héros. On souhaite donc bien célébrer un individu ou un groupe, qui raconte de lui une nouvelle histoire, qu’il lui tient à cœur pour différentes raisons de faire connaître autour de lui.

Ceci posé, je vous livre en vrac des mots qui me sont venus :

forum, assemblée, témoins, identité, rituel, re-narration, événement, surprise-partie, histoire, récit, collectivité, mise en scène, lecture, club, miroir, réflexivité, équipes réfléchissantes, fête, festival, gala, protocole, identification, théâtralisation, représentation, célébration, reconnaissance, ressource identitaire, comédie, intensification, manifestation collective, commémoration, séance, liturgie, communion, définir, dramatisation, déterminer, performance, réunion, garden-party, cercle, conférence, débat, meeting, public, récital, épaissir, enrichir, récréation, java, caractérisation, parole, expression, honorer, rencontre, match, répondre, table ronde, carrefour, image, colloque, task force, veillée, etc.

… sans pour autant trouver quoi faire avec à ce jour !

Estime-party ? Témoins-party ?… Bof, rien de très convaincant encore… Un anglicisme ? Les entreprises et leurs cadres en sont friands en général. Ou bien : Cercle définitionnel ? Conférence miroir ? Forum narratif ?… ou tout simplement, Réunion ou assemblée définitionnelle ?… Je ne sais pas…

Pour l’instant, je sèche et lance ici un appel à contributions ! Peut-être qu’à nous tous…

1 Rapidement, et probablement aussi de façon très raccourcie : j’engage tous ceux qui voudraient approfondir le sujet à revenir aux sources de Michael White, cf. bibliographie jointe à « Maps of narrative practice ».
2 Longuement décrite et documentée par Michael White dans le même ouvrage.
3 « Collective Narrative Practise », en cours de traduction.
4 “En effet, le mot “ceremony” n’est pas vraiment approprié. Nous penchons pour celui de “célébration”, dans un sens plus informel… mais réfléchissons encore. Les sources auxquelles se réfèrent michael White et David Epston quand ils décident d’introduire le terme “ceremony” dans leur pratique ne sont pas disponibles en Russie. Il va d’ailleurs falloir y remédier.”

Un “coup de gueule”

Par Catherine Mengelle
www.dclictonavenir.com

Une tribune subjective, un brin totalisante et volontairement partiale qui interroge le contexte sous-jacent au recrutement dans certaines entreprises aujourd’hui… L’indignation de l’auteur donne à voir en absent-mais-implicite les valeurs de courage, d’honnêteté et de respect dans lesquelles elle est engagée.

Emploi et compétence, illusion et colère

Cet article, écrit sous le coup de la colère, force le trait et provoque à chaque ligne.

C’est une forme de rébellion contre des systèmes que personne ne remet jamais en cause. C’est aussi le reflet de la détresse que je croise régulièrement dans mon travail et un questionnement sur ma responsabilité d’accompagnante. Je sais que le ton employé est généralisateur et qu’il y a aussi des entreprises et des personnes qui ne ressemblent en rien à ce que je décris et ne font pas parler d’elles, peu soucieuses de médiatiser leur réussites. Tant mieux. Cet article leur rend aussi un véritable hommage.

L’emploi a si peu à voir avec les compétences en définitive…
… sauf avec une, mais de taille : la capacité à créer du lien social ciblé et efficace professionnellement.
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Un retelling

Par Françoise Quennessen
http://legranddeblocage.blogspirit.com

Bonjour à tous,
Mercredi dernier, fin de la cinquième session de formation à la Fabrique.
Sur le chemin du retour, à chaque fois je suis passée par plusieurs étapes, ressentis…  très différents, mais toujours très puissants.
Première session j’ai vécu  avec une immense tristesse la séparation d’avec le groupe que je venais de découvrir, auquel je me sentais appartenir très fortement : larmes.
La seconde je l’ai vécue et assumée sans  problèmes notoires. Travail sur le désespoir; découverte de Stephen Madigan. Wouaouuuuuuu !!
Troisième session : “le club de vie”. Le mien était habité/occulté par une seule personne. J’ai   découvert qu’il y avait pas mal de monde; de belles “retrouvailles” qui m’ont permis de remettre “les pendules à l’heure”.  Mes deux filles sont re-devenues une,   elles ne sont plus le jour et la nuit, mais une seule lumière  qui habite ma vie depuis et pour toujours. J’ai pleuré, comme tout le monde ce jour là ! Beaucoup d’émotion sincèrement partagée.