Une vidéo du Dulwich Center trouvée sur YouTube par Elizabeth Feld, présentant leur travail avec les communautés. On y trouvera en particulier de beaux exemples d’arbres de vie. Pour ceux qui comprennent l’anglais, malheureusement… Une vidéo du travail de Michael White est en cours de traduction et de sous-titrage, elle sera probablement visible en juillet.
Tous les articles par La Fabrique Narrative
Maps, relecture subjective
par Catherine Mengelle
www.dclictonavenir.com
Cinq cartes et deux guides pour un voyage narratif qui réorganise avec simplicité toute l’expérience narrative de Catherine, et nous rappelle qu’une conversation narrative est une randonnée, avec cartes et boussoles (les deux “guides”, intentions conversationnelles transversales mises en valeur de façon très élégante dans cet article).
Dans « Maps of narrative practise », Michael White avait fini par accepter de modéliser son travail d’accompagnement. Il savait en écrivant ce livre que ce n’était qu’une simple pause, le temps de cartographier les pratiques qu’il avait mises au point jusque là et d’expliquer les idées qui les avaient nourries. Il ne souhaitait pas que l’approche narrative devienne une approche figée et encore moins un dogme. Aujourd’hui, après sa disparition, des praticiens continuent à lui rendre hommage en faisant vivre et grandir l’esprit et les idées narratives dans le monde entier et en les enrichissant de nouvelles réflexions et de nouvelles cartes – par exemple pour collecter auprès des gens et selon des intentions très précises, la matière nécessaire à la création de documents narratifs collectifs (« Collective Narrative Practise », David Denborough, 2008).
Coaching et approche narrative
Par Chantal Caumel
ccaumel@elancoach.com
Un texte important qui met bien en lumière les enjeux de l’approche narrative dans les entreprises, notamment dans sa prise en compte des “symptômes” en tant que résistances et les savoirs locaux au service d’une reconstruction identitaire préférée.
Dans un contexte où les entreprises remettent en cause fréquemment leurs organisations pour faire face à une évolution permanente de l’économie mondiale, à une concurrence exacerbée, à une logique incessante de réduction des coûts, l’environnement de travail se trouve fortement ébranlé. La pression forte qui s’exerce à tous les niveaux du management alourdit les relations entre managers et collaborateurs. Les signes de reconnaissance s’affaiblissent. Le temps précieux des échanges et de la convivialité disparaît peu à peu pour faire place à une cascade de contrôle et de suivi de la performance et de la rentabilité. L’écoute, le partage et le soutien managérial prennent parfois une place secondaire. Les signes de reconnaissance s’affaiblissent et l’épanouissement au travail est mis en second plan pour privilégier le résultat « à tout prix ».
“La Narrative au service de notre vie”
Un texte épatant de Thierry Groussin, animateur talentueux du blog “Indiscipline Intellectuelle”, manager humaniste et compagnon de route de longue date de nos explorations narratives.
Une vie, ce n’est pas un chemin, c’est une multitude de chemins. Nous avons l’illusion d’une ligne – notre “ligne de vie” – comme une ligne de métro avec ses stations, toujours les mêmes, toujours dans le même ordre. Vous allez me dire : c’est normal, c’est la chronologie ! Je ne suis plus d’accord avec cette vision. La ligne que nous décrivons, les stations que nous y recensons, l’ordre dans lequel nous le faisons, tout cela résulte du choix du narrateur, de l’histoire qu’il a élaborée pour intégrer des évènements que, dans le moment, il juge importants et structurants. Or, pouvez-vous faire découvrir Paris à des étrangers en parcourant seulement la ligne 12 ou la ligne 3 du métro, fût-ce de la surface ?
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Errances collectives
Revoilà “Errances Narratives”. Ce blog est désormais celui d’un collectif : l’ensemble des participants, anciens participants et enseignants de la Fabrique Narrative. Depuis son ouverture, le 4 avril 2009 à Bordeaux, notre centre consacrée au développement et à l’enseignement de l’approche narrative australienne en langue française a su fédérer autour de ses activités une communauté forte d’une soixantaine de membres : coachs, thérapeutes, psychologues, travailleurs sociaux, DRH, professionnels de la relation d’aide, enseignants français et australiens…
“Errances Narratives” sera désormais l’espace d’expression et d’échanges de cette communauté. Idées, récits de conversations, développements théoriques, partage de lectures, retours d’expériences : chacun pourra proposer ses compréhensions et les enrichir grâce à l’échange. Alors à vos claviers, pour continuer à “errer” tous ensemble dans cet espace partagé d’exploration et de respect.
L’équipe de la Fabrique Narrative
(Nous sommes désolés pour les petites erreurs de manips qui ont accompagné la remise en ligne, certains d’entre vous ont pu recevoir plusieurs e-mails de notification. Nous vous prions de nous en excuser si c’est le cas.)
Alice Springs
Shalom Yalom
J’ai déjà parlé ici d’Irvin Yalom, grand thérapeute et écrivain américain. A la page 16 de “la malédiction du chat hongrois” (Galade éditions), ces magnifiques lignes, d’une “narrativité” flamboyante :
“Nous sommes des créatures en quête de sens qui doivent s’accommoder de l’inconvénient d’être lancés dans un univers qui n’a intrinsèquement aucun sens… pour éviter le nihilisme, nous devons nous engager dans une double tâche. Premièrement, inventer ou découvrir un projet donnant sens à la vie et assez solide pour soutenir une vie. Deuxièmement, nous efforcer d’oublier notre acte d’invention et nous convaincre que nous n’avons pas inventé, mais découvert ce projet donnant sens à la vie, qu’il a une existence indépendante “au dehors”.
Pratiquer l’approche narrative, c’est rester conscient en permanence de notre acte d’invention perpétuel, de co-invention de notre vie avec les membres de notre club de vie. C’est honorer cet acte d’invention et ceux qui y participent comme nos ressources les plus précieuses. C’est restituer cet acte d’invention et son infinie créativité à ceux qui viennent nous consulter, désespérés de ne pas découvrir, malgré tous leurs efforts, ce fameux projet qui les attendrait “en dehors”.
Lapsang but implicit
Ce “pun” (désopilant) d’Elizabeth Feld, amatrice de thé de Chine devant l’éternel, permet d’introduire l’un des concepts les plus vertigineux de l’approche narrative.
Nous avons repris au cours d’un séminaire avancé de la Fabrique Narrative la carte de l’absent mais implicite qui avait été présentée en septembre 2008 à Paris par Shona Russell et Sue Mann, comme un travail en cours de développement, et nous avons essayé de la retraiter à la manière de la Fabrique, c’est à dire comme une carte de randonnée qu’il convient de considérer depuis le ciel plutôt que comme un édifice vertical que l’échafaudage de questions permettrait de bâtir peu à peu.
Systémique et/ou narratif
Un Père Noël systémicien a eu la bonne idée de mettre un livre de Guy Ausloos dans mes petits souliers.
La lecture d’Ausloos m’a fait découvrir un territoire finalement assez familier, d’autant plus proche de la narrative que Michael White était à l’origine thérapeute familial. Guy Ausloos est avant tout un clinicien inventif et audacieux, qui laisse à l’expérimentation et à l’exploration la primauté sur la création et la promotion d’un corpus faussement cohérent et vraiment rigide.
Le praticien est ici aussi décentré et non-expert, et il se sert activement des tentatives que fait l’histoire dominante de la famille pour le recruter, offrant un retelling de ce qu’il a vécu dans ces tentatives de façon à “refaire circuler l’information sur le processus”.
Je retiens cette phrase magnifique : “la thérapie ne consiste pas à aider la personne à redevenir comme avant, mais à l’accompagner à devenir comme après”. Car redevenir comme avant, ajoute Auloos, c’est recréer à l’identique les conditions de la crise.
J’ai également été sensible à sa foi dans les compétences des familles et des patients à construire des stratégies créatives pour répondre aux problèmes de leurs vies. Distinguant des systèmes “à transactions rigides” (où tout est bloqué) des systèmes “à transaction chaotiques” (où tout change tout le temps, rendant tout repère impossible), il réfère au terme de “dysfonctionnement” celui de “fonctionnement autrement”, ce qui est intéressant à transposer aux entreprises et aux organisations.
Sa référence permanente à ce que nous appelons le contexte élargi, qui utilise les publics internes de la personne et des récits culturels pour l’enfermer dans des prescriptions internalisées (Madigan, Redstone, Holmgren et Walther) fait retrouver dans ses travaux l’importance de la déconstruction du contexte. Mais Ausloos insiste en outre sur le fait de rester conscient que les contextes bougent tout le temps et sont, eux aussi, le siège d’équilibres dynamiques.
Ceci nous suggère que notre identité est un système, un système narratif dynamique à évolution constante, en équilibre avec tous les récits possibles offerts par les personnes passées, présentes et absentes, qui ont contribué à nous “histoiriser”. Il existe sûrement des dizaines d’autres passerelles vers ce territoire riche, fertile et accueillant aux métissages. Qu’en disent les “vrais” systémiciens parmi vous ?
Qu’est-ce que le réel ?
L’une de mes clientes me dit : “je me rends compte que j’ai passé ma vie à rêver ma vie au lieu de la vivre”.
Et aussi : “je n’ai jamais été en contact avec le réel”. Mais en termes d’approche narrative, cela a t-il un sens de distinguer d’un côté, une réalité solide et objective, comme une chaîne de montagnes immuable avec laquelle on pourrait être en contact, et de l’autre côté le rêve, c’est à dire une histoire fantasmagorique que l’on se raconte pour donner un sens à sa vie ? Pas sûr du tout…