Lettre à D. Histoire d’un amour

Par Catherine Vérilhac

andre-gorz-lettre-a-dJe partage avec vous, un petit bout de ce joli livre d’André Gorz que je viens de lire, Lettre à D. Histoire d’un amour.

Il y écrit sur l’amour bien sûr, et c’est de son amour dont il parle, c’est donc narratif, à double titre si je puis dire :

“J’ai eu beaucoup de difficultés avec l’amour (auquel Sartre avait consacré environ trente pages dans L’Etre et le néant) car il est impossible d’expliquer philosophiquement pourquoi on aime et veut être aimé par telle personne précise à l’exclusion de toute autre”.

Plus loin il poursuit en parlant de son amour :

“… montrer comment mon amour pour toi, mieux : la découverte avec toi de l’amour, allait enfin m’amener à vouloir exister ; et comment mon engagement avec toi allait devenir le ressort d’une conversation existentielle”, “… l’amour doit mépriser l’argent”.

Il évoque aussi, plus loin, ses valeurs et ses engagements et notamment à propos de l’acquisition d’une automobile :

“Elle ne nous a pas empêchés de tenir la motorisation individuelle pour un choix politique exécrable qui dresse les individus les uns contre les autres prétendant leur offrir le moyen de se soustraire au lot commun”.

Puis citant Yvan Illich :

“L’expansion des industries transforme la société en une gigantesque machine qui, au lieu de libérer les humains, restreint leur espace d’autonomie et détermine quelles fins ils doivent poursuivre et comment. Nous devenons les serviteurs de cette mégamachine. La production n’est plus à notre service, nous sommes au service de la production. Et en raison de la professionnalisation simultanée des services en tout genre, nous devenons incapables de nous prendre en charge, d’autodéterminer nos besoins et de les satisfaire nous-mêmes : nous dépendons en toute chose de professions incapacitantes… La technomédecine m’apparaissait comme une forme particulièrement agressive de ce que Foucault allait plus tard appeler le bio-pouvoir – du pouvoir que les dispositifs techniques prennent jusque sur le rapport intime de chacun à soi-même”.

Vous comprenez sans doute les liens que je fais entre nos pratiques narratives et cet extrait de texte en lien avec la question du pouvoir moderne et de la déconstruction et donc en lien avec nos trois superbes journées de Bordeaux !

 

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