Lettre d’Australie : un chemin initiatique

Suspendu dans ce gigantesque nulle part qu’est l’espace de transit de l’aéroport de Singapour.

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Une version moderne des limbes puisque le transit est un non-moment, une simple parenthèse de silence entre deux trajets, du temps suspendu. Quoique finalement, c’est faux. C’est comparable aux non-moments de nos clients que nous leur proposons de se réapproprier pour les transformer en vrais moments de vie vivante. Par exemple : à la boulangerie. Au lieu de guetter, de râler, de fulminer après cette dame âgée qui met du temps à récupérer sa monnaie, se dire : “c’est un moment de ma vie, il est précieux, je vais le recycler, je vais en faire du temps pour moi, pour regarder autour de moi, me sentir respirer, me brancher sur le battement de coeur du monde à l’extérieur de moi et sur le fait de faire partie de ce monde.” Et respirer.

Et je me souviens du moment où tout cela a commencé, dans le petit bureau de Fabrice Micheau, à Cenon, fin 2004. “Tu as entendu parler des pratiques narratives ?”, m’avait-il demandé. “Toi qui es à la fois coach et écrivain, ça pourrait te brancher”. L’été suivant, j’étais inscrit au séminaire de Michael White. Et je ne dirais pas que ma vie a changé tout de suite, genre grand éclair de feu. En fait, je n’ai pas compris grand chose. Mais je sentais bien que c’était énorme. La compréhension est venue plus tard, peu à peu, en pratiquant et en voyant mes clients devenir auteurs de leur vie, se redresser et reprendre contact avec leur identité, retrouver ce qui était vraiment précieux dans leur vie, verser des “larmes de retrouvailles”, pour reprendre l’expression de l’un d’entre eux.

A un moment, j’ai décidé de faire ça pour le reste de ma vie. Je n’étais pas spécialement doué, j’ai dû m’accrocher, bosser comme un fou sur les cartes, les questions. Heureusement, mes clients m’ont tout le temps aidé. Les individus, les équipes, les communautés : ils nous montrent le chemin car c’est leur territoire que nous les aidons à conquérir.

Et au bout d’un moment, le chemin du praticien narratif passe par l’Australie, comme je suppose celui du systémicien par Palo Alto (et celui du psychanalyste par Vienne ? mmm, je ne sais pas…) Il y a sans doute une dimension, comment dire… initiatique ?

4 réflexions au sujet de « Lettre d’Australie : un chemin initiatique »

  1. Pierre, ton papier me rappel une citation “aller sur la lune (où en Australie), se n’est pas si loin, le plus lointain c’est à l’intérieur de soi-même”. Et pour faire se voyage il faut avoir les clefs pour tenter d’ouvrir les portes. L’initiation en est une, je crois. Enjoy 😉

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