Super-hero questions are very interesting to step into preferred territories of identity.
Par exemple, une cliente syndicaliste, très virulente, prenant le parti des victimes d’injustice depuis l’âge le plus tendre. “On m’a toujours appelée Zorro”, dit-elle. Question : “Mais Zorro, c’est aussi Don Diego de la Vega. Et vous, sous le masque et la cape, quelle serait votre identité secrète ?” Réponse : “Madame de Récamier ou Madame de Staël”. Cette réponse nous fait pénétrer dans de nouveaux territoires identitaires préférés, un pays de porcelaine et de dentelle complètement différent de l’histoire dominante de Zorro (qui n’est d’ailleurs pas une histoire de problème, mais juste un peu envahissante).
Autre piste, discutée avec Patricia Grellety qui travaille beaucoup sur ce thème avec des groupes : l’exploration des super-pouvoirs du super-héros favori de la personne, l’invention d’un super-héros qui représente le groupe et doté des super-pouvoirs qui reflètent les intentions, espoirs et engagements du groupe (je l’ai testé avec des CoDir) ou bien en remplaçant les super-héros par des Dieux et des Déesses imaginaires, inspirés du panthéon antique. Dina Scherrer l’a fait avec un groupe en entreprise, elle en parlera si elle veut.
Le super-héros a de super-pouvoirs et un “super-telos”, souvent lié à la justice. Il est ancré dans notre imaginaire : on m’a parlé d’une expérience dans un quartier difficile aux US : des étudiants habillés en super-héros étaient présents dans les rues et ceci aurait fat baisser le nombre d’agressions et d’actes de violence. On rencontre souvent des justiciers dans les conversations de remembrement.
Superman est le plus intéressant de tous, car à l’inverse de ses collègues il est (comme le démontre brillamment Bill dans “Kill Bill II”) super-héros à l’état natif et se déguise en Clark Kent pour avoir l’air normal. Est-ce que ce n’est pas une ligne narrative extrêmement intéressante pour aborder le sentiment d’échec personnel ?
Les contes, les mythes, la culture populaire sont des supports formidables pour le développement d’histoires polyphoniques et la double-écoute du client, plus l’externalisation de thèmes préférés et l’exploration des relations du client avec ces thèmes. Lionel Ancelet (SF freak NarraBro) dit sur FB que cette veine est présente dans plusieurs films récents. Avez vous d’autres exemples ou expériences à partager ?
Merci Dina pour cette “démonstration/illustration” du héros en coaching narratif.
and now, in or out subject ? that is my question 🙂
Qu’il soit “incarnation”, ou “création”, “notre” héros n’est-il pas tout ou partie de nous même ? une projection ?
Amos Oz a écrit dans “Une histoire d’amour et de ténèbres” :
“Au fond quelle est la part de l’autobiographie et de la fiction dans mes récits ?
Tout est autobiogaphique : si j’écrivais un jour une histoire d’amour entre Mère Thérésa et Abba Eban, elle serait sans doute auto-biographique, mais ce ne serait pas une confession.”
Nancy Huston écrit dans “L’Espèce Fabulatrice” “Vous fabulez en toute innocence. Par les mêmes procédés qu’emploient les romanciers, vous créez la fiction de votre vie”
Louis – 69 ans – Thérapie via email.
Un jour je lui demande :
“Votre vie ? Métaphore, conte ou histoire vécue, ou puisée/inspirée dans la fiction… ce qui vous convient le mieux. »
Louis a créé l’histoire dont il est le héros.
Quatre épisodes intitulés “LA VIE RACONTÉE”
“Il était une fois un petit garçon de cinq ans…”
J’ai “exploité” ce conte comme une “narration” pendant une cérémonie définitionnelle, Je l’ai transmis à trois “collègues” (Laure, Luc, Monique) qui ont écrit chacun une renarration; à son tour Louis a commenté
“Je voudrais dire merci à ces témoins. Je suis tout à fait étonné de constater qu’à travers un conte jailli très spontanément et sans présupposés de ma part, ils aient pu dégager ce qui me semble être ma vérité profonde, ce à quoi je m’identifie.”
Cette étape a été déterminante, éclairante, dans la thérapie de Louis.
Qui est il devenu ?
Le petit garçon, héros du conte, l’aurait-il aidé à externaliser son/ses “problèmes”, Je le crois.
Ce conte m’a suggéré une image, et une question…
Et si je dis : vous êtes absent de votre propre vie ?
“C’est exactement cela ! Je suis absent de ma vie…. Tout m’intéresse, certes, et je prends plaisir à ce que je fais. MAIS CELA N’A PAS D’IMPORTANCE. ”
Alors que vous détourniez la tête depuis si longtemps, qu’est ce qui fait qu’aujourd’hui vous soyez capable de regarder la vérité en face ?
Sur quoi vous appuyez vous pour y arriver ?
Y aurait il quelque chose en particulier qui ait “pavé” la route pour préparer cela ?
” Je m’appuie pour y arriver sur la pensée que s’accrocher à de l’imaginaire, à des faux souvenirs ou des souvenirs embellis ne sert ni la vérité ni la vie. Je crois que pouvoir dire, écrire, être interrogé sur son récit est fort utile, en effet.
Il me semble entrevoir, enfin, une issue.
Je me suis débarrassé de ces images idéalisées d’un passé qui n’a jamais existé, en tout cas tel que je le voyais.
Je ne suis pas naïf au point de croire qu’il y n’y aura pas des moments de retour de nostalgie. Mais je crois bien être armé pour les combattre.”
Le petit garçon “désemparé”, héros du conte de sa vie , serait il devenu le héros “bien armé pour combattre” ?
Un personnage “auteur de sa vie ?
Les derniers mots lui appartiennent :
“Je réalise que la parole est PERFORMATIVE et qu’elle effectue ou commence à effectuer ce qu’elle dit. Puissance de la narration.”
Le lieux où j’habite se nomme le Super flat. Chacun des colocataires à un ou plusieurs pouvoirs, qu’il choisi avec la communauté. Tous les invités sont entousiasmés et cherchent eux même leurs pouvoirs. Et c’est super-cool parce que ça cree un monde ludique et magique, qu’on s’amuse bien et qu’on trouve plus d’harmonie.
PS : Wojtek a décreté que le super pouvoir de Dude est la super intelligence parce qu’il l’a aider à calculer les factures.
J’ai effectivement animé une journée de réflexion pour un groupe de financiers. Le sujet était « Le défi de la rentabilité » et, pour tout vous dire, je n’ai pas eu à faire d’effort pour me mettre dans la peau du coach « ignorant » dont parle Pierre comme étant la posture même du coach narratif.
Pour externaliser le sujet de la réflexion, je leur ai proposé d’entrer dans la mythologie et d’imaginer leur déesse de la rentabilité. Je leur ai demandé de la dessiner ! Ils ont été très créatifs et productifs. Au bout d’une demi-heure, nous avions une galerie de portraits de cette déesse de la rentabilité, allant du positif au négatif avec toutes les nuances intermédiaires. Une production d’une grande richesse, témoignant de la maturité de ce groupe par rapport au sujet. Ensuite chacun a présenté sa déesse aux autres. Au final, cette « déesse rentabilité » révélait des visages multiples et, en tout premier lieu, ces visages parlaient bien plus des hommes, des femmes, des territoires, des compétences, du travail de qualité que d’argent.
Le reste de la journée, nous sommes restés dans le même registre avec des groupes de travail autour de : Qui sont les fidèles et les prêtres de la déesse Rentabilité ? A quoi les reconnaît-on ? Quels sont les rites qu’ils accomplissent ? Que font-ils pour lui rendre hommage, pour la satisfaire ? Tous les dieux ont des pouvoirs, quels pouvoirs a votre déesse de la Rentabilité ? Quels sont ses pouvoirs positifs ? Quels sont ses pouvoirs négatifs ? Qu’est-ce que vous pouvez faire pour accroître ses pouvoirs positifs ? Comment faites-vous pour résister à ses pouvoirs négatifs ? Quels sont pour vous les autres dieux et déesses que vous n’avez pas envie de négliger, qu’il faut continuer à entendre, à respecter et ne surtout pas oublier ? Quels sont les dieux et les déesses que vous aimeriez rassembler dans le Panthéon de votre entreprise ? De quelle manière comptez-vous les honorer ? De quelle manière pourriez-vous les faire rayonner autour de vous ?
La déesse a été très utile pour faire émerger toutes les connaissances, expériences et influences qu’ils ont déjà sur le sujet. Utile aussi pour leur permettre de regarder en face les valeurs profondes qui les animent de sorte que l’urgence du quotidien et les pressions de toute nature ne les leur fassent pas oublier ou dénaturer.