Voici un très beau texte rédigé par Martine Compagnon à l’issue de l’atelier inaugural du nouveau cycle d’initiation aux pratiques narratives, à Bordeaux. Martine est coach, comédienne, conteuse et clown. Elle tisse ici des liens et des passerelles entre les différents mondes qu’elle visite.
J’ai eu envie de partager avec vous quelques ressentis sur ce premier atelier (pour moi) de “la narrative”.
Tout d’abord, j’ai eu une double impression surprenante : la sensation de rentrer dans une maison que je n’ai jamais visité mais qui m’est familière. Et en même temps, une vraie différene de façon de faire et de voir les choses, avec ma pratique actuelle… Continuer la lecture de IMPRESSIONS D’INITIATION→
Nos amis Dina Scherrer, Stéphane Kovacs, Jean-Louis Roux et Françoise Quennessen ont eu l’honneur de voir l’un de leurs articles publiés sur le site du Dulwich Centre.
Dina et Stéphane ont publié un article (voir ici pour le lire) extrêmement original concernant les applications de “l’arbre de vie” aux contextes professionnels. Ces applications ont été mises au point et testées par Dina et Stéphane à différentes occasions. Nos collègues australiens se sont intéressés à leur travail car ce sont à peu près les seuls praticiens qui développent une pratique en entreprise et en coaching de l’ “arbre de vie” (technique développée par Ncazelo Ncube (REPSSI) et David Denborough). Continuer la lecture de LES FRANCAIS A L’HONNEUR→
Voir David Epston fabriquer des questions puissantes et poétiques, comme un ébéniste fait naître un chef d’œuvre d’un humble morceau de bois, c’est assister au spectacle de la pure virtuosité.
Mais une virtuosité gentille, généreuse, qui a pour intention de vous montrer la route et de vous pousser gentiment dans le dos pour vous faire avancer. C’est voir le langage se désarticuler et se réorganiser pour atteindre au plus profond de l’histoire du client. C’est voir, avec fascination, naître et se développer une contre-histoire, s’écrire à quatre mains un roman dont le client est le héros, un roman d’aventures qui remplace progressivement la sinistre tragédie dans laquelle il est enfermé.
C’est abandonner les micro-cartes comme des cannes qui nous ont appris à marcher pour nous lancer sur le vaste océan du “développement d’histoires riches”, abandonner les dernières tentations pontifiantes qui nous poussaient à expliquer pour, comme le disait Michael White, “tout transformer en questions” avec une sauvage jubilation.
Nous espérons que vos commentaires restitueront un peu de la richesse, de la diversité et de la puissance de ces trois jours passés à voler avec un Maître dans le ciel du sens et du lien.
C’est une famille : leurs têtes et leurs visages sont taillés dans d’humbles outils de récupération, leurs corps constitués de dizaines de petits morceaux de bois collés ensemble. Il s’agit d’une oeuvre d’une plasticienne française vivant à Abidjan, Sophie Leuthe.
Ce trypique familial était au centre de la première journée de découverte des pratiques narratives que nous avons eu l’honneur d’animer en Cote d’Ivoire, à l’initiative de Se Former Autrement et de sa Présidente, notre amie Stéphanie Tchibanda.
Regardez bien ces statues. Elle proposent une métaphore saisissante de l’identité narrative. Leur tête pourrait constituer une définition identitaire pauvre, totalisante et dominante. Le père avec sa tête de cisaille, raide et tranchant, coupant court à la discussion. La mère avec sa tête de pelle, nourricière et travailleuse, épuisée d’avoir porté tant de chargements. L’enfant, petite pelle de jardin, destiné à planter et sarcler. Continuer la lecture de L’HOMME A LA TETE DE CISEAU→
Traditionnellement, il est de bon ton d’échanger des voeux.
La folie du téléphone portable a même créé une nouvelle pratique : celle de les présenter par texto le plus près possible de minuit, ce qui a pour effet de saturer régulièrement les réseaux sans pour autant manifester une qualité particulière d’affection aux récipiendaires.
Dans notre petit milieu narratif et aborigénophile, il est de bon ton de déconstruire cette pratique des voeux pour y voir une simple manifestation de notre représentation du temps, de notre obsession de le mesurer, et de notre propension à nous réjouir sans raison, un peu stupidement, du simple écoulement des unités que nous avons nous-même créées.
Pourtant, le retour du printemps et de la chaleur, l’allongement des jours, la repousse des feuilles sur les branches, le retour du gibier a constitué pour notre espèce pendant des millions d’années de véritables miracles. C’était comme si le monde sortait une fois de plus de la mort, pour offrir à nouveau toute la magie des possibles. Continuer la lecture de FAITES VOS VOEUX→
Nous avons reçu Peggy Sax (thérapeute familiale américaine du Vermont) la semaine dernière pour une Master Class épatante sur le thème : “relier les vies de nos clients “.
Au lieu de nous présenter un enseignement théorique structuré en chapitres ou de dérouler des concepts, Peggy nous a fait entrer de plain pied dans la vie de trois de ses clientes, qui avaient survécu psychologiquement à des catastrophes grâce à l’action de communautés de soutien actives autour d’elles.
A partir de ces exemples, elle a développé une métaphore des relations sociales basée sur l’idée de se comporter en “bons voisins” (neighbourly ways). La métaphore est plus adaptée à la culture américaine du voisinage qu’à la culture française (certains voisins sont de sacrés boulets et les rapports avec eux tiennent plus de la guérilla d’Achille Talon avec son voisin Lefuneste que des barbecue parties des Desperate Housewives). Continuer la lecture de BONS VOISINS→
Tous les visiteurs australiens, américains et canadiens qui se sont succédés à la Fabrique depuis septembre dernier dans le cadre d’une année très (trop ?) riche nous ont fait bouger, chacun dans son style :
Flamboyant pour Stephen Madigan, créatif pour John Stillmann, galvanisant pour Cheryl White et David Denborough, éthique pour Ruth Pluznick. Gaye Stockell, quand à elle, nous a proposé d’explorer notre propre relation aux pratiques narratives, comment nous avons intégré les différents apports au fil des mois pour certains et des années pour d’autres, quels problèmes nous rencontrons et qu’est-ce qui peut nous soutenir dans notre travail.
Les trois jours de Master Class de Cheryl White et David Denborough à Bordeaux se sont terminés ce soir.
Nous avons vécu ensemble des moments forts et passionnants. Pour tous les participants qui souhaiteraient exprimer des retours, des idées, des messages pour Cheryl et David, ou participer aux différents projets qui sont nés de ces trois jours, nous avons ouvert une page spéciale ici qui sera traduite régulièrement en anglais.
Cet atelier a été remarquable à bien des égards. Il nous a permis de relier beaucoup plus fortement nos pratiques à l’histoire des mouvements sociaux du XXe siècle, à nous rappeler que l’approche narrative a été créée initialement par des activistes sociaux qui l’ont appliquée au domaine de la thérapie, mais qu’elle ne se réduit pas à une approche thérapeutique ou coachique, même si ses possibilités dans ces domaines sont extraordinaires.
Au-delà des multiples outils qui nous ont été offerts, et de la très forte incitation à les dépasser, les détourner, les adapter pour développer nos propres métaphores et nos propres approches, nous avons été invités à explorer les idées politiques et sociales qui font des pratiques narratives bien plus qu’un outil ou une technique, même très efficaces, mais un projet de justice sociale fondée sur la réhabilitation et la mise en valeur des savoirs locaux, utilisés depuis toujours par les communautés pour surmonter les difficultés.
Bref, une belle leçon d’humilité, d’humour, de générosité, de profondeur et de légèreté à la fois, qui donne envie de continuer à joindre nos voix à cette petite musique venue d’Australie et qui se développe rapidement dans le monde entier.
Un peu de réclame pour notre master class des 25 et 26 novembre sur la créativité, avec John Stillmann de la Dulwich Center Faculty.
Les passerelles entre l’approche narrative et les disciplines dites “créatives” telles que peinture, musique, arts plastiques et autres sont au centre de cette master class. Ceci permet de démultiplier l’efficacité des interventions narratives, non seulement avec les individus aussi dans le travail avec les groupes, dans le prolongement de l’atelier (inoubliable !) sur la documentation des histoires alternatives en juin dernier.
L’écriture de textes définitionnels en entreprise en est une des facettes mais également toute forme de documentation créative permettant l’accès aux expériences de vie qui permettent de constituer de riches histoires alternatives. John Stillmann partagera avec nous les méthodes de travail qu’il a mises au point avec ses clients et qu’il pratique depuis plusieurs années.
Nous nous focaliserons sur les approches dites «expressives», l’art, la mise en scène , le mouvement, le dialogue intérieur, entre autres, et également sur d’autres écoles et cadres de référence, tels les inventaires de personnalité type Golden, les concepts Jungiens…
Nous ouvrirons également une espace d’exploration pour d’autres approches apportées par les participants, telles que la création de personnages en entreprise (personnages syncrétiques tels que FAJEC, (voir ici l’article de Sandrine Janssen) et aussi le travail de David Denborough sur “Power of song” ou la façon d’utiliser la création musicale et les chansons pour accroître la compétence des clients sur la description de leur propre vie et également en renarration de groupe.
Bref, cela s’annonce dense et passionnant, et il est encore temps de vous inscrire auprès de catherine@cooprh.com