Archives pour la catégorie Résistances

La première promo de la Fabrique Narrative

Bon alors c’est reparti. Ca a l’air de marcher mais si vous ne recevez pas le mail d’alerte, please, ne flippez pas, n’agglomérez pas cette nouvelle expérience de vie à l’histoire dominante selon laquelle personne ne vous aime, réinscrivez-vous cool zen sur la page d’accueil.

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Ces magnifiques jeunes gens que vous voyez sur la photo sont la première promotion de la Fabrique Narrative, notre école de formation à l’approche narrative, qui a ouvert à Bordeaux le 4 avril dernier et accueilli son  premier séminaire de deux jours la semaine dernière.

L’objectif est de les initier, en six fois deux jours, à l’exploration des territoires non défrichés qui existent dans la vie de chacun et qui recèlent des trésors d’amour de soi, d’engagements dans les choses réellement importantes de la vie, de compétences à résoudre les problèmes et à décider de nouveaux projets.

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You Never Know When it Ends
But You Know Where …

Supervision narrative new style. Deuxième à partir de la droite, on reconaîtra Elizabeth.
New style narrative supervision. You will recognize Elizabeth, second from the right.

The first European Conference of Narrative Therapy ever ends today, and if there is something in my suitcase that really proved to be useless, it was my bathing suit.

But can one say that a conference has really ended just because we arbitrarily choose to reduce it to a few days of get-togethers? For me, the Narrative Conference in Adelaide never ended. We had the opportunity to regularly correspond with colleagues throughout the world who are intelligent, humble and enthusiastic. We were also able to learn new concepts that have influenced, and continue to influence, my daily work. We were offered the opportunity to be supervised by a very prominent Australian therapist. Conferences are occasions to stretch our identity by starting a whole series of new stories with new people and by strengthening the ties we have with people we have already met. Conferences continue to live on after all the bright lights have dimmed.
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But You Know Where …
 

On ne sait jamais quand ça finit
mais par contre on sait où.

Supervision narrative new style. Deuxième à partir de la droite, on reconaîtra Elizabeth.
Supervision narrative new style. Deuxième à partir de la droite, on reconnaîtra Elizabeth.

La première Conférence Narrative Européenne de l’histoire se termine aujourd’hui et s’il y avait vraiment un truc dans mes bagages qui ne m’a servi à rien, c’est bien mon maillot de bain.

Mais peut-on dire qu’une conférence est terminée autrement par le choix arbitraire que nous faisons de la réduire aux quelques jours de rassemblement ? Pour moi, la Conférence Narrative d’Adelaide ne s’est jamais terminée, il y a eu la chance de correspondre régulièrement avec des collègues du monde entier intelligents, humbles et enthousiastes, il y a eu la rencontre avec quelques concepts nouveaux qui ont influencé et qui influencent tous les jours mon travail. Il y a eu la possibilité d’être supervisé par un très grand thérapeute australien. Les conférences sont des occasions de déployer son identité en démarrant tout un tas de nouvelles histoires avec de nouvelles personnes, et en épaississant les liens avec ceux que l’on connaissait déjà. Les conférences continuent à vivre longtemps après que les lampions de la fête se soient éteints.

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mais par contre on sait où.
 

Putting Shame to Good Use

minst_re_de_la_honte_mOne of the very interesting topics discussed on the second day of Rob, Shona and Maggie’s workshop was the narrative use of shame.

Leaving the problem’s “territory” to create new landscapes, celebrating differences instead of controlling and molesting others to make them similar: this is the objective of the journey of men who use violence, an essential stage of which consists in becoming able to “walk in someone else’s shoes” in order to develop a plural understanding of life fed by multiple narratives.

Experiencing shame plays an important role in therapy with men who use violence. Shame offers a starting point for conversations on the absent-but-implicit of shame: “What kind of man do you want to be and does this shame refer you to?” This is a kind of door that can be opened, leading to the idea that being responsible does not mean accepting “guilt” or falling into repentance, but rather remaining in contact with an ethical feeling (A. Jenkins), with the impact of our life choices and practices on the lives of those around us, and with our identity project (who we want to be).

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Du bon usage de la honte

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L’un des thèmes très intéressants développés dans la 2ème journée d’atelier de Rob , Shona et Maggie était sur l’utilisation narrative de la honte.

Quitter le territoire du problème pour créer de nouveaux paysages, célébrer la différence au lieu de contrôler et molester l’autre pour le rendre semblable. Tel est le but du voyage de l’homme qui utilise la violence, dont une étape essentielle consiste à devenir capable de se mettre dans les chaussures de l’autre afin de développer une compréhension plurielle de la vie, nourrie par des récits multiples

L’expérience de la honte joue un rôle important dans l’accompagnement des hommes qui utilisent la violence. La honte offre un point d’entrée pour des conversations sur l’absent-mais-implicite de la honte : “quel type d’homme as tu envie d’être et auquel cette honte te renvoie ?” Il y a là une porte qui peut s’ouvrir vers l’idée qu’être responsable n’est ni se reconnaître “coupable”, ni se vautrer dans le repentir, mais plutôt rester en contact avec le sentiment d’éthique (A. Jenkins), avec les effets de nos choix et de nos pratiques sur la vie de ceux qui nous entourent, et avec notre projet identitaire (qui nous voulons être).

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Men and violence

p10005102Working on men’s violence against women and children means looking at violence since the beginning of times in all human communities.

It means asking how “dangerous stories”, a product of culture, society and identity, manage to recruit new accomplices among young boys, and supporting them in freeing themselves from the shackles of violence. These questions on violence were one of Michael White’s major preoccupations at the end of his life, which he widely shared and developed with the three workshop leaders (in order on the photo: Shona Russell, who is very familiar to us in France, Maggie Carey and Rob Hall), who were very close, long-standing friends and co-workers.

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La violence des hommes

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Travailler sur la violence des hommes envers les femmes et les enfants, c’est se placer au coeur de la violence exercée depuis le fond des âges au sein de toutes les communautés humaines.

C’est poser la question de la façon dont les “histoires dangereuses”, production culturelle, sociale et identitaire, se débrouillent pour recruter de nouveaux complices dans les rangs des jeunes garçons et c’est donner à ces jeunes garçons les moyens de s’en libérer. Ces questions sur la violence ont été l’un des thèmes de réflexion majeurs de Michael White à la fin de sa vie, un thème qu’il a amplement partagé et développé avec les trois intervenants de l’atelier (dans l’ordre sur la photo : Shona Russell que nous connaissons bien en France, Maggie Carey et Rob Hall) qui ont été de très proches amis et collaborateurs de longue date.

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“Croisements narratifs” enfin en ligne !

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Le site-blog de Béatrice Dameron est en ligne depuis hier (voir ici), tout à son image : érudit mais pas ennuyeux. Elle commence par une pièce maîtresse : la traduction en français de l’article cultissime de Stephen Madigan, “the eight habits…”
Merci Béatrice !

L’un des freins à la diffusion des idées narratives en France est la rareté du matériel théorique disponible en traduction française. A cet égard, la parution tant attendue de la traduction de “Maps” (le dernier dans les deux sens du terme hélas ouvrage de Michael White) le mois prochain chez Satas est une excellente nouvelle pour toute la communauté narrative francophone. Egalement à la rentrée, chez Interéditions, la sortie de “Comprendre et pratiquer l’approche narrative”, un ouvrage collectif d’une vingtaine de praticiens français qui présentent des cas expliqués (avec un long article de Michael White inédit en français), et la création à la Fabrique Narrative de notre propre pôle d’édition dont l’une des premières publications sera la traduction par Catherine Mengelle de “What is narrative therapy ?”, un livre clé d’Alice Morgan qui nous a vraiment soutenus dans cette entreprise de traduction, au même titre que les dirigeants du Dulwich Center d’Adelaide.

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Copines d’avant

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Cela fait plusieurs fois que j’entends parler d’amours de jeunesse retrouvées sur des sites communautaires et dont la re-rencontre provoque une sorte d’épisode régressif de retour vers l’adolescence et de déni des choix, des engagements et des responsabilités du présent.

Il me semble que ce phénomène apparemment assez fréquent a une lecture possible en termes de définition identitaire. Nous découvrons en effet souvent la relation amoureuse à l’adolescence dans un contexte qui nous permet de construire un nouveau pan de notre identité, c’est à dire de décider en tant que personne autonome ou s’efforçant de l’être ce qui compte pour nous dans le lien amoureux et dans le choix d’un objet d’amour qui ne serait ni tout à fait papa, ni tout à fait maman.

Ceci se produit en général à un moment où nous n’avons aucune attache et où l’avenir nous apparaît entièrement ouvert, sous l’aspect métaphorique d’une surface blanche ou d’une route à dessiner, où notre style de vie laisse une large place aux topiques de l’adolescence chantés nostalgiquement par Aznavour et tous les crooners du temps disparu : “mes amis, mes amours, mes emmerdes”. Les années et les responsabilités nous isolent de ces espoirs, de ces rêves et de ces principes de notre adolescence qui constituent, comme tous les rêves et les espoirs, une part d’autant plus essentielle de notre identité qu’elle ne s’est jamais usée à l’épreuve du réel et de ses coins carrés.

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Le Bounty, école de management

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La DRH d’un grand établissement hospitalier du Sud Ouest dit souvent que : “le DRH, c’est le dernier à avoir les pieds mouillés”.

Cette réflexion se télescope avec la rediffusion récente des “révoltés du Bounty” qui nous offre une admirable réflexion sur le management autour de l’histoire de Christian Fletcher, honnête homme et copilote du vaisseau éponyme qui finit par se mouiller les pieds et le reste en prenant la tête d’une mutinerie contre le cruel Capitaine Blye. Plusieurs conceptions du management et plusieurs systèmes de valeurs s’affrontent sur ce paradigme vivant de l’entreprise qu’est un grand trois-mâts engagé dans une mission vitale : rapporter pour son actionnaire des plants d’arbre à pain qui lui serviront à améliorer ses profits en nourrissant à bas prix les esclaves employés dans ses filiales, pardon, ses domaines.

Le Capitaine Blye est l’archétype du dirigeant de filiale traditionnel, incarnant ce que l’on appelle le management par la terreur, un management où la peur est vue comme le principal driver des collaborateurs et où la mission (augmenter les profits de l’actionnaire) passe avant tout le reste. Ainsi, pour arroser les fameux plans d’arbre à pain, l’eau est prélevée sur les rations de l’équipage qui meurt de soif. Le temps et la rapidité sont une obsession dans ce type de management, et aucune autre opinion que celle du Capitaine n’y est concevable.
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