Archives pour la catégorie Ruses du Pouvoir Moderne

Un “coup de gueule”

Par Catherine Mengelle
www.dclictonavenir.com

Une tribune subjective, un brin totalisante et volontairement partiale qui interroge le contexte sous-jacent au recrutement dans certaines entreprises aujourd’hui… L’indignation de l’auteur donne à voir en absent-mais-implicite les valeurs de courage, d’honnêteté et de respect dans lesquelles elle est engagée.

Emploi et compétence, illusion et colère

Cet article, écrit sous le coup de la colère, force le trait et provoque à chaque ligne.

C’est une forme de rébellion contre des systèmes que personne ne remet jamais en cause. C’est aussi le reflet de la détresse que je croise régulièrement dans mon travail et un questionnement sur ma responsabilité d’accompagnante. Je sais que le ton employé est généralisateur et qu’il y a aussi des entreprises et des personnes qui ne ressemblent en rien à ce que je décris et ne font pas parler d’elles, peu soucieuses de médiatiser leur réussites. Tant mieux. Cet article leur rend aussi un véritable hommage.

L’emploi a si peu à voir avec les compétences en définitive…
… sauf avec une, mais de taille : la capacité à créer du lien social ciblé et efficace professionnellement.
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Petit “cadeau” du pouvoir moderne

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Pour ce 11 novembre, une belle publicité qui décourage explicitement les gens à travailler sur eux-mêmes et à chercher du sens pour s’anesthésier en consommant les produits à la mode.

Dans le genre activités de la culture dominante, je pense que cela se passe de commentaires. A propos de commentaires, ne ratez pas les échanges passionnants du précédent post sur Marlo Morgan, notamment les deux commentaires de Stéphane Kovacs et les références précieuses qu’il donne pour tous ceux qui sont intéressés par la véritable culture Aborigène.

Bien sûr, cette petite pub fonctionne un peu en miroir avec Marlo Morgan, reader’s digest plus ou moins apocryphe d’une cosmogonie d’accès difficile, mais ici, le miroir est tellement déformant qu’on peut le garder sans cesse à l’esprit pour éclairer les choix que nous effectuons et protégeons en tant qu’auteurs de notre vie.

La Narrative contre Alzheimer ?

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Peut-on proposer un protocole de conversation narrative qui aiderait à lutter contre l’histoire de la maladie d’Alzheimer dans la vie des patients ?

Depuis longtemps -mes premières discussions avec Jean-Luc Pardessus sur le projet “Bulles de Sagesse” datent d’il y a au moins 3 ans- je me demande comment l’approche narrative pourrait s’intégrer dans le travail avec les personnes âgées confrontées à une histoire dominante d’isolement. Marie-Hélène Idiartegaray a mené de son côté plusieurs expérimentations intéressantes en maison de retraite avec des petits groupes de parole et des échanges de récits.

Une conversation récente avec Stéphanie Bouget, une amie psycho-gérontologue (ou géronto-psychologue, je ne sais jamais) en institution a nourri et fait avancer cette réflexion, en lui faisant emprunter un chemin différent. En effet, le projet Bulles de Sagesse consistait à demander à des groupes de personnes âgées isolées de raconter des histoires en réponse à des questions du type : “qu’est ce que la vie vous a appris de plus important ?” et de réfléchir ensemble à ce que ces histoires disaient d’eux en termes de valeurs, d’espoirs, etc., puis de voir comment quelle résonance ces espoirs et ces valeurs pouvaient avoir sur leur vie d’aujourd’hui et d’en organiser éventuellement une proclamation avec des publics de jeunes également isolés ou en difficulté. Mon interrogation portait sur la capacité de personnes luttant contre la maladie d’Alzheimer à mener un échange structuré autour de questions de témoin extérieur nécessitant de mémoriser l’histoire racontée par un autre participant, et où chaque étage de l’échafaudage se construit sur le précédent. Dès lors, que se passe t-il si à chaque instant, l’étage précédent risque de se dissoudre dans l’oubli ?

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Bienvenue dans la matrice

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Le film « Matrix » des frères Wachowsky décrivait un monde dirigé par des machines créées par l’homme mais qui avaient pris le dessus sur lui.

Afin de se procurer l’énergie nécessaire à leur alimentation, elles « cultivaient » l’espèce humaine dans des couveuses géantes et pour le maintenir en forme, projetaient dans son esprit… une histoire, celle que nous considérons ordinairement comme la réalité où nous avons un travail, un passé, des relations, une identité, des projets, des espoirs, etc.

Cela ne vous rappelle rien ? Michel Foucault était l’impitoyable prophète de l’histoire que nous avons créé pour oublier que nous sommes enfermés dans des couveuses géantes, notre énergie alimentant les machines économiques que nous avons créées et qui sont en train d’échapper à notre contrôle. Il avait tout vu, tout prévu. Il avait minutieusement décrit le basculement du rapport de forces, le glissement du pouvoir des Palais et des Eglises vers l’intérieur de notre esprit, un pouvoir fondé sur l’idée de normalité et sur l’auto-surveillance.

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Bonjour chez vous

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La mort de Patrick McGoohan nous donne l’occasion de nous repencher sur “The prisoner” et de réaliser à quel point cette série TV cultissime d’il y a 40 ans était puissamment visionnaire et prémonitoire.

17 épisodes seulement et pourtant, tout était dit sur le pouvoir moderne. Ancien agent secret souhaitant démissionner, Patrick McGoohan se retrouve prisonnier d’un village, version mitteleuropa déjantée du “Truman Show”, où tout le monde est jovial, se consacre à des activités de loisirs sociales et anodines, porte des canotiers et des vestes à galons, et parle uniquement de la pluie et du beau temps. Des haut-parleurs et des radios branchés en permanence diffusent des résultats de tombolas, des bulletins météo et de la musique militaire.

Mais des caméras omniprésentes (planquées notamment dans les yeux des statues !) retransmettent les moindres faits et gestes des “villageois” vers une salle de contrôle ultra-sophistiquée où de mystérieux surveillants exercent le pouvoir dans l’ombre à la recherche de la moindre déviance, du moindre comportement anormal.

Le pouvoir moderne, rappelons-le, est un concept central de la philosophie du pouvoir de Michel Foucault, repris par Michael White qui en a fait l’un des piliers de l’approche narrative et le fondement de sa dimension politique. Là où le pouvoir classique est exercé de l’extérieur par la coercition et la répression, le pouvoir moderne est exercé de l’intérieur par l’individu lui-même, invité à s’auto-contrôler, s’auto-évaluer et s’auto-surveiller en permanence. Le pouvoir classique est fondé sur la loi, le pouvoir moderne sur la norme.

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