Comment le dessin peut permettre de documenter histoire et contre-histoire, soutenant la naissance d’un nouveau récit de la relation au temps.
Une personne accompagnée en entretien préliminaire : problématique de gestion du temps… « depuis toujours ». Une cinquantaine d’années, une formation initiale d’ingénieur. De multiples stages de « gestion du temps » et plusieurs tentatives pour résoudre ce problème.
Elle décide de travailler en accompagnement à l’issue de ce premier entretien et nous programmons une dizaine de séances.
Séance 1, janvier 2013.
Je ne relaterai pas tous les détails de cet accompagnement en partie narratif. C’est plutôt l’évolution des représentations de la problématique par le dessin et certains des propos de la personne que je souhaitais partager.
Séance 2 « j’ai atteint le pire », « c’est moi mon problème ».
Les fines traces sont là aussi « je me dépatouille toujours pour que ça passe ». « La dispersion [un des effets du problème], c’est encore pire quand je travaille… pas quand je suis en train de peindre chez moi. »
Séance 3
Arrive un rêve, qu’elle ne souhaite pas raconter mais, dit-elle, il se passe quelque chose « c’est comme si j’avais ouvert un rideau qui cache une forêt ». Le problème l’empêche de venir au RV suivant qui est reporté.
Séance 4
« J’ai l’impression de repartir àzéro ». C’est pendant cette séance que le 1er dessin représentant le problème est réalisé. « Comment tient-elle encore debout ? » m’avait questionnée Pierre lors d’un atelier d’approfondissement.
Séance 5
L’histoire de problème reste invasive et dominante, je me sens recrutée par le problème.
Séance 6
Le problème semble – enfin ! – cerné. C’est le second dessin. Il s’appelle temps-temps, à moins que ce ne soit tant-temps, tentant, puis il devient orang outan, à moins que ce ne soit orang hou temps. Le rêve lève le voile. D’autres histoires se racontent. « Etre active dans le malheur », des valeurs d’humanisme. Nous sommes en juillet 2013. Le problème a pris du temps…!
Séance 7
Arbre de vie « je suis reconnue en entier ». « la façon dont je vivais l’organisation de mon temps a changé ».
Séance 8
Conversation engagée avec un membre du club de vie.
RV suivant annulé – encore un effet du problème ? – la personne doit reprendre RV.
Plus rien ne se passe en fin d’année 2013 jusqu’à ce qu’en mars 2014, je relance mon client par mail pour clôturer l’accompagnement.
RV repris en avril 2014. Séance 9
« Je vais bien depuis le mois de mars mais je n’ai pas touché terre », « j’ai passé un cap… un palier… je me sens très bien ». « Je me voyais en morceaux… je suis une ».
Séance 10
« je vis bien le fait de travailler tous les soirs, je n’aime toujours pas anticiper… ça a changé et pas changé ».
Elle reparle du problème et son impact, je lui propose de le dessiner. C’est le troisième dessin.
Je suis « dissociée » d’orang outan temps, « Je suis protégée » par le trait jaune. Il y a « un filtre » entre moi et le problème. « Je suis hyper contente ».
Et puis encore : « j ‘avais jamais pensé à ça » faisant référence à sa nouvelle façon de se gérer dans son temps, « je choisis ». Elle a le sentiment de construire de la conscience.
« Mon directeur m’a dit que ça se voyait ».
Coaching réalisé de décembre 2012 à mai 2014 par Catherine Vérilhac – praticien narratif, entre autres – ARH-conseils à Lyon.