Par Lydie Chevalier
Quand Mathieu est venu me voir pour la première fois nous avons, après une séance d’exploration du problème, découvert un gros sens interdit qui avait envahi toute sa vie et avait anéanti toute possibilité d’emprunter le passage vers les chemins du bien-être ou de la joie.
Se faire plaisir ou lâcher prise n’était pas possible, tout était sous le contrôle de ce gros panneau de signalisation, avec lui à ses côtés même la vie sociale ne paraissait plus possible. A la fin de la première séance lorsque Mathieu lui a donné un nom et l’a dessiné j’ai vu apparaitre sur son visage un sourire de victoire. Il tenait le problème en face de lui et il était tellement énorme qu’il était désormais décidé à ne plus le laisser prendre toute la place. A la fin de la séance je lui demandais de bien le surveiller, de noter comment il s’y prenait pour exercer son contrôle dans sa vie.
La séance suivante il m’indiqua qu’il avait bien observé ce sens interdit et qu’il l’avait bien « grillé ». Il avait compris que le sens interdit n’aimait pas les choses de dernière minute ! Aussi il en avait profité pour faire un restaurant improvisé avec des amis … Ce fut la première victoire de Mathieu face à cette histoire de problème !
Une fois ce sens interdit sous la surveillance de Mathieu il devenait aisé de flâner dans ses expériences de vie, se comprendre ses passions, de chercher dans les histoires qu’il me racontait les valeurs importantes pour lui.
Il était cependant moins aisé d’épaissir ces histoires et de leur donner de la valeur aux yeux de Mathieu. En effet le sens interdit était selon lui encore nécessaire pour réussir dans certains comme domaines notamment celui de la cuisine. Je l’interrogeai donc sur ce rapport avec la cuisine et il m’expliqua qu’il aimait cuisiner pour les autres et qu’il avait récemment organisé toute une soirée d’Halloween, qu’il avait préparé tous les repas sur le thème de l’horreur ainsi qu’un horrible parchemin pour le menu, il avait également prévu les costumes pour que la fête soit vraiment réussie.
A ce moment-là je tenais la fine trace de la créativité et je n’allais pas la lâcher avant un bon moment. Il a recontacté qu’en effet il était quelqu’un de très créatif, qu’il aimait organiser des choses pour faire plaisir aux autres et même s’il m’avoua que le sens interdit était un peu là pour la préparation du diner il semble qu’il ait été remercié pour la fin de la soirée au moment de danser. Une fois la créativité recontactée et le sens interdit étant devenu inutile, nous sommes partis visité son monde d’enfant. Depuis tout petit il souhaitait être archéologue, il aimait fouiller dans le sol pour découvrir des « trésors ». Il était très autonome et avait beaucoup de facilité pour apprendre !
Il poursuivit son rêve en choisissant des études d’histoires de l’art, grâce à un professeur qui l’avait fait vibrer par sa passion de la transmission. Chose qu’il s’efforce d’appliquer au quotidien avec ses enfants. Je sentis à ce moment-là que nous pourrions faire l’arbre de vie pour donner une unité à toutes ces histoires et pour commencer à parler de projets. Un remembrement avec une des feuilles de son arbre, son oncle Dédé, a certainement été le point tournant de l’accompagnement.
Le fait de recontacter Dédé, personnage qui l’emmenait régulièrement sur les sites de la résistance pour lui montrer l’importance du souvenir et de la mémoire, a permis à Mathieu de se souvenir à quel point cet oncle avait joué un grand rôle dans sa vie d’enfant mais également dans ses choix professionnels et familiaux.
Les séances suivantes ont permis de consolider ce travail de re-authoring et de permettre à Mathieu d’envisager avec sérénité un changement important de vie professionnelle. Pour cela il comprit qu’il devait absolument faire abstraction du sens interdit et se laisser porter par cette nouvelle histoire qui s’appelait lâcher-prise et qui était symbolisé par une vague.
Le lâcher prise dans la parenthèse professionnelle de Mathieu eut comme effet de lui permettre de se laisser aller complément à ressentir les choses, à ressentir ce qui était bon pour lui.
L’énergie du lâcher prise lui permet maintenant de se faire plaisir, de reprendre la pêche à la ligne avec un vieil ami et puis alors qu’il pensait vivre de cette façon pendant au moins un an, une annonce lui permit de prendre un tournant définitif dans sa vie professionnelle
Il venait d’être accepté dans une formation qui lui tenait particulièrement à cœur et dans laquelle ses valeurs trouvaient naturellement leur place. Cette formation lui permet aujourd’hui d’apprendre un nouveau métier : celui d’horloger mais également d’être un soutien et de transmettre sa passion aux autres personnes de la formation.
Lors d’une séance avec la compagne de Mathieu comme témoin extérieur, elle résonna également au fait qu’elle sentait que Mathieu surfait sur cette vague dorénavant et l’image que Mathieu choisit à ce moment-là pour évoquer sa nouvelle histoire préférées était un soleil qui rayonne , qui est en mouvement , qui inonde de lumière les autres et qui avance dans la vie.
Parce que contacter le lâcher prise et accepter de vivre avec lui demande beaucoup de courage et d’ingéniosité je lui ai demandé de nous livrer sa recette du lâcher prise en 10 leçons que nous avions écrite ensemble lors d’une séance :
Le lâcher prise en 10 leçons :
Règle n°1 : Ne rien s’interdire
Règle n° 2 : Laisser partir « le sens interdit »
Règle N ° 3 : Répondre à ses envies
Règle N°4 : Ne pas avoir peur
Règle N°5 : Arriver à se mettre dans la tête que les gens ne comprennent pas toujours
Règle N°6 : Ne pas se prendre la tête
Règle N°7 : Faire le deuil, tourner la page de la situation précédente
Règle N°8 : Avoir la Force
Règle N°9 : Avoir de la volonté
Règle N°10 : Se faire plaisir
C’est un précieux cadeau de partager sa méthode pour lâcher prise car bien des gens souhaitent atteindre cet état de plénitude et je tiens à remercier Mathieu pour cela. Le fait de lire cet article permettra de prendre conscience des sens interdits qui s’invitent régulièrement dans nos vies et d’avoir maintenant un manuel de survie pour les dissiper.
Lydie CHEVALIER
Coach Formatrice. Etudes de littératures et de langues, diplôme en Achat et logistique. Expérience de manager de plus de 8 ans en Suisse dans l’industrie horlogère. Formée en PNL et à l’Elément Humain. Elle vient de créer le “Labo Bulles” en Haute-Savoie qui a pour vocation d’accompagner des personnes et des équipes dans un monde complexe en transition.
Merci à toutes pour vos retours forts et touchant de la part de Mathieu et de la mienne.
Catherine , je te remercie de partager cette vision de l’externalisation , nous étions en formation avec Julien Betbèze le jour ou tu as posté le commentaire et il nous expliquait lui aussi l’importance de l’externalisation des exceptions et des histoires préférées afin de mettre la personne en relation avec le positif et comme tu l’as mentionné pour la vague de garder une certaine maîtrise dessus.
Quelle belle découverte pour mes futurs accompagnements
Belle journée
Bises
Lydie
Merveilleux témoignage narratif. Me permettriez-vous, Lydie et Mathieu, de parler de votre expérience ?
Ce qui me plaît aussi, et je me permets de prendre la parole sur votre article pour évoquer une idée qui me tient à cœur, c’est le fait d’externaliser autant le problème (le sens interdit) que l’histoire préférée (la vague).
C’est vraiment ça “externaliser”, ce n’est pas consacré à la carte du problème. Externaliser (si on choisit de le faire), c’est utiliser un langage, une grammaire, une façon de s’exprimer, particuliers et communs à toutes nos conversations, quelles qu’elles soient. Ce n’est pas dérouler une carte spécifique.
En fait, la carte d’exploration du problème, c’est exactement la même que la carte de l’exception : Michael l’a appelée “carte de prise de position”, avec les 4 mêmes thèmes (nom, effets, évaluation, justification). On peut la dérouler d’une manière externalisée ou pas, sur le thème du problème et/ou sur celui de l’exception.
Voilà ce que j’imagine : Mathieu surfe sur la vague, IL N’EST PAS la vague. Et la vague doit être maîtrisée par celui qui surfe dessus. C’est également lui qui choisit la bonne vague. Elle ne s’impose pas. Il ne lui fait confiance que parce qu’il l’a choisie (ça me fait penser au Petit Prince !). Le fait d’externaliser l’histoire préférée avec cette vague permet d’en choisir l’intensité, le moment, la direction. Mathieu peut aussi décider à certains moments de contempler le soleil qui rayonne, allongé sur son surf, sans se soucier de la vague. Mais tout ça, c’est ce que moi j’imagine en vous lisant… et cela me plaît beaucoup 🙂
Merci Lydie pour cette révision en acceléré de nos cours à la fabrique narrative, avec mise en situation. Dans mon métier on parlerait de “cas clinique”.
Il y a l ‘extériorisation du problème, la mise en évidence des fines traces, la constitution de l’arbre de vie, la production d’un document à partager, etc, et surtout un jeune père qui se plait à devenir auteur de sa vie. Vraiment de la belle ouvrage! Vive Labo bulles
J’aime beaucoup ce témoignage, il me parle énormément. Merci à tous les deux !
Merci Lydie, et merci Mathieu, pour cette belle histoire inspirante sur le lâcher prise!
Elizabeth