Nous sommes nombreux à constater à la fois la très grande pertinence de l’approche narrative dans les organisations et en coaching, et à noter une certaine difficulté à la présenter de facon convaincante dans ce contexte. Notre partenaire et amie Chantal Caumel ouvre ce débat…
Partons de l’idée que l’approche narrative se raconte sous forme de récit en tenant compte de la culture, du langage, des normes, des coutumes et des contextes dans lesquels un auditoire pourrait lui accorder une attention. Toutes ces dimensions contribuent à donner une couleur, un ton unique pour (re)raconter et comprendre la finalité de son histoire. En prenant la métaphore du voyage, nous pourrions dire que l’approche narrative se traduit de manière différente dans chaque continent, chaque pays, chaque communauté de notre monde. Elle peut parfois prendre une nuance de couleur particulière lorsqu’elle est plongée dans une situation spécifique.
Sur quel héritage local pourrait-elle s’appuyer pour se raconter ? Et pour continuer à se transmettre ?
Dans certains pays et dans certaines situations, l’histoire de l’approche narrative s’épanouit et donne de son intensité et en même temps dans d’autres cultures, d’autres contextes, l’approche narrative si elle est traduite mot pour mot n’a pas la même résonance et pourrait, pour des questions de langage et d’incompréhension être interprétée comme « à côté du sujet » ou « à côté de ce qui est important ». Si nous racontons l’approche narrative en Mongolie, au Pérou, en Argentine, au Canada, en Australie ou en France, nous pourrions choisir de le faire avec les mêmes mots, le même langage, les mêmes métaphores et en même temps nous pourrions nous rendre compte que les mots renvoient à des histoires différentes et n’ont pas le même écho d’un pays à un autre. L’héritage culturel local semble constituer un élément fondamental du sens donné à l’approche narrative. Appliquée à l’entreprise, nous pourrions considérer qu’écouter et comprendre les besoins d’un client, c’est être attentif à son langage, aux métaphores qu’il utilise. C’est aussi le questionner sur ses projets, sa vision, son ambition, ses valeurs. C’est enfin reprendre une partie de cet héritage local précieux pour raconter l’approche narrative.
Comment retraduire la portée de l’histoire de la narrative en entreprise ? Comment préserver l’intention de ceux qui en ont été les auteurs ?
Parler son langage, construire l’histoire à partir de ses propres métaphores pourrait aider le client à sortir d’un point de vue unique vers de nouveaux angles de vue et lui permettre de s’interroger différemment sur la situation qu’il vit. Eclairer le projecteur sur des expériences et compétences oubliées dans un coin de sa mémoire serait une manière de l’aider à ouvrir de nouvelles pistes d’action possibles. C’est avec cette intention première et un esprit d’ouverture, d’aventure et d’explorateur curieux que nous pourrions conduire le client à se libérer d’une seule histoire au profit de multi-histoires et lui permettre d’amorcer les premières réponses à des questions ou des problèmes soulevés.
Pourrions-nous construire ensemble l’histoire ou les histoires de l’approche narrative destinée aux entreprises ?
Vous allez me dire que nous allons peut être avoir des traductions locales suivant que nous racontons l’histoire à une entreprise du secteur du public ou du secteur privé ou bien d’une entreprise familiale par rapport à une entreprise du CAC40, ou encore celle du secteur de la santé. Il me semble que de multi-histoires sur l’approche narrative vont prendre forme et je m’en réjouis d’avance…
Voir également sur ce thème un article publié en septembre 2011 avec de nombreux commentaires intéressants : voir ici.
Citation de Michael White :
« Je sais que nous allons emprunter des chemins extraordinairement pittoresques jusqu’à cette destination inconnue. Et je sais qu’à l’approche de cette destination nous allons pénétrer dans de nouveaux territoires de l’expérience. Je sais aussi que cette exploration ne va pas nous entrainer vers la confirmation de ce que nous savions déjà, mais au contraire vers la découverte de ce qu’il est possible, pour ces personnes, de savoir sur leur propre vie. »
belle initiative, Chantal,
Le coaching en entreprise n’est pas mon domaine, mais je te souhaite beaucoup d’interlocuteurs
Nous aussi les psy, nous avons le problème de présenter l’esprit narratif aux potentiels demandeurs d’accompagnement. Ton article ranime mon interrogation sous-jacente de comment le faire
Compte tenu des traditions, psychanalytiques, psychologiques, des différents courants thérapeutiques et des traditions familiales des relations humaines, , l’histoire de la narrative a à se décliner de multiples façons
merci à toi de nous inviter à y réfléchir davantage
Fanny