Master Class de David Epston en octobre : le programme

P1110525Pourquoi certaines histoires raflent la mise ? Comment co-construire des contre-histoires puissantes et durables ? L’approche narrative comme un voyage entre différentes temporalités… et bien plus encore !

Nous partirons de la question posée par la philosophe féministe narrative Hilde Lindeman Nelson[1] : « Qu’est ce qui fait que certaines histoires parviennent à bluffer les autres ? ». Cette question est au cœur du travail des praticiens narratifs. Les réponses apportées jusqu’ici ne sont pas complètement satisfaisantes.

Dans cet atelier, nous reprendrons le concept de « contre-histoire » de Nelson et examinerons comment co-construire ce type d’histoire de façon pratique. Nous partirons de deux exemples particulièrement extrêmes et dramatiques : une jeune femme de 15 ans avec un diagnostic d’anorexie nerveuse, avisée qu’elle « peut mourir d’un instant à l’autre », ainsi qu’un jeune homme de 16 ans qui avait souffert « d’asthme sévère » toute sa vie, et à qui les médecins avaient pronostiqué cinq jours à vivre.

Nous considèrerons ensuite la notion de « contre-histoire » et étudierons comment « contrer les histoires saturées par le problème ». Certes, cette idée était implicite dans le travail de Michael, le mien et celui de nombreux autres. Pourtant, curieusement, elle n’a jamais été sérieusement discutée. Nous allons donc consacrer ces trois journées à le faire !

Nous parlerons également de la révélation du caractère moral, du « sentiment d’initiative morale » avec une considération particulière pour le travail de GS. Morson [2] sur le rêve, dont il décrit l’expérience de la façon suivante :

« Je fais l’expérience d’une identité non définitive, modelable, capable de faire des choix qui remettent en question les précédentes définitions que j’ai de moi-même… Je vis dans un monde encore en construction… Dans mon rêve, j’existe sur un autre plan que les autres, je suis pleinement conscient de ma capacité à faire des choix. Dans mon propre rêve, il m’est impossible d’être simplement un personnage… En tant qu’auteur de l’histoire, je la façonne à ma guise. Mais, comme personnage (de l’histoire) je suis maintenant sur un pied d’égalité avec les autres personnages, contrairement à mon expérience de rêveur.

L’art narratif ne ressemble pas à un rêve mais à une histoire sur un rêve.

« L’extériorité[3] » de l’auteur lui confère un avantage fondamental… et sa présence change la donne. En effet, l’auteur prend toujours en compte le temps dans sa globalité, il se situe toujours « plus tard », pas seulement au niveau temporel mais aussi au niveau du sens. Ce qui revient à dire que l’auteur existe dans une temporalité différente, qui lui permet de contempler l’intégralité de la vie d’un personnage comme il ne lui serait jamais possible de le faire depuis son propre temps. Quand une telle perception globale devient possible, alors chaque moment de ma vie figure à l’avance dans une histoire déjà écrite ; dès lors qu’il existe une « ligne narrative » pesant sur le récit, mes actes perdent alors leur caractère contingent. »

 

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[1] dans Damaged Identities : Narrative Repair, 2001

[2] Narrative and Freedom: In the Shadows of Time, 1994

[3] « outsideness » : le fait d’être à la fois à l’intérieur et à l’extérieur

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