Elles nous emportent, elles nous figent, nous envahissent. Parfois elles nous dirigent. Comment mieux les comprendre, les connaître, les rendre familières et bienveillantes.
Comment retrouver l’histoire préférée qu’elles viennent nous raconter ?
Nous avons tous eu nos premières émotions à un stade de notre vie ou nous n’avions pas le langage pour les “histoiriser”, nous les vivions de plein fouet, traversé-e-s dans tout notre corps, sans comprendre c’est à dire sans « mentaliser » ce qui nous arrivait.
Nous avons ressenti de la colère, de la frustration, la tristesse, la peur de l’abandon, la peur du vide, du noir, la joie, l’anxiété, l’excitation , le plaisir. Sans les mots, notre corps exprimait déjà ces émotions. Puis les mots sont venus, enfermés dans des discours , des représentations, on nous a appris comment « gérer nos émotions », « les bonnes, les mauvaises », celles que la société nous autorise à exprimer comme celles que nous devons réprimer. Nos émotions gérées comme une petite entreprise, par le chef qui siège là-haut : le Mental. Celui qui décortique, qui analyse, qui décide, qui nous met parfois en contradiction avec nos émotions.
Nous pouvons pleurer devant un film et rire dans la minute qui suit. Se mettre en colère, ressentir de l’amour, de la haine, nous sommes des êtres empathiques aux émotions multiples. Nous nous rendons compte que nous ne pouvons pas nous protéger et nous enfermer pour ne rien ressentir, nous sommes surchargé-e-s aujourd’hui de situations qui déclenchent en nous des émotions. Comment ne pas subir cette surcharge émotionnelle ?
L’approche du yoga assez tôt dans ma vie à 35 ans, en parallèle avec mon activité d’éducatrice spécialisée auprès de différentes populations qui n’avaient pas accès au langage m’aura permis de faire un lien assez rapidement entre la tête et le corps, la tête pensante et le corps qui subit. J’ai mis en place différents ateliers dans les établissements que j’ai fréquentés, pour ramener le corps dans la prise en charge thérapeutique. En dehors du cadre médical et donc du corps en souffrance, j’ai essayé d’expérimenter la découverte du corps à travers les sens , le souffle , dans le plaisir et le jeu. Tout en interrogeant les ressentis et en favorisant la verbalisation.
Aujourd’hui, la médecine s’intéresse à la méditation, pour les mêmes raisons. Lorsqu’on pratique la méditation, on s’installe dans une prise de conscience de sa respiration. Dans une meilleure écoute et connaissance de son être tout entier. On se ré-unifie. L’écoute du souffle est un support pour le mental, et permet également d’améliorer notre respiration dès lors que nous en avons conscience.
Après avoir enseigné et éduqué pendant plus de 15 ans, j’ai rencontré sur mon chemin les pratiques narratives : une autre voie pour arriver à la même chose, une meilleure connaissance de soi, une prise de conscience de son être dans le présent. J’explore aujourd’hui une nouvelle manière de laisser la place au corps dans la thérapie par des questions narratives orientés essentiellement sur nos ressentis. Nous pouvons retrouver les histoires préférées de nos émotions. Laisser notre corps nous raconter son histoire. Trouver les mots qui donnent la place au sens.
En adoptant une posture décentrée face à nous même, nous pouvons observer et accueillir nos émotions différemment. Dès lors que nous sommes dans le présent , notre mental hyper actif ne peut plus nous entraîner dans différentes histoires pour nous détourner d’émotions parfois difficiles. Nous pouvons alors, en simple spectateur ou spectatrice, dans une posture bienveillante, accueillir nos ressentis comme étant un reflet de notre être. Un reflet sans filtre .
Cela va nous permettre de nous détacher de nos premières impressions d’enfants sans paroles, qui ressentaient, subissaient leurs émotions sans pouvoir les exprimer verbalement. Nous avons aujourd’hui en tant qu’adultes la possibilité non pas de gérer, mais de connaître et reconnaître dans nos émotions quelles histoires elles nous racontent sur qui nous sommes. Et grâce aux pratiques narratives, de renégocier ces histoires et le sens qu’elles donnent à nos vies.
Merci Laure pour ce bel article qui montre ce lien essentiel entre émotions et corps. Comment Bébé, notre corps savait si bien exprimer ses émotions sans pouvoir y mettre des mots et comment Adulte, avec les mots à disposition, nous avons alors perdu la liberté d’exprimer totalement toute la palette de nos ressentis.
Belle conférence à toi et à tous ceux qui auront la chance de pouvoir y être !
Fabienne
Merci à toutes pour vos réactions la conférence aura lieu le 26 avril au forum 104 vous pouvez vous inscrire sur l’agenda d’errances narratives.
Merci Charlotte d’associer la pensée d’André à ma conférence cela adresse une douce chaleur à mon âme.
Merci Laure pour cet article et la belle perspective de cet atelier !
Cela m’a fait penser aux réflexions qu’André Grégoire partageaient à ce sujet : le risque dans notre société d’une “sacralisation” des émotions, qui deviendraient absolument essentialistes. Et donc on ne pourrait, face à nos émotions, qu’en être témoin (passif) et les accueillir / accepter.
Je lis dans ton article que tu leur laisses toute la place de s’exprimer, de les mobiliser comme autant d’histoires possibles et comme dit André :
“En considérant les émotions comme un langage et en privilégiant des pratiques qui reconnaissent la dimension participative des personnes dans la productions de leurs émotions, nous contribuons à enrichir encore plus ces émotions et l’expérience humaine en général”
Belle soirée ! =)
Merci Laure !
Bises
Entre narration et émotion…
Tentant si je peux être à Paris à cette date.
Question précédente à annuler, je viens de trouver la réponse dans les évènements programmés.
Merci
Entre narration et émotion…
Tentant si je peux être à Paris à cette date.
Même question que celles d’Anne-Sophie ?
Rien ne presse, le 26 avril est encore loin.
Merci.
Ce sujet m’intéresse énormément.Peut-on s’inscrire à la conférence?
D’avance merci
Très intéressant !
La conférence est-elle programmée ?
Où peut-on en savoir plus (sur la conférence et sur le travail mené) ?
Merci,