Elizabeth nous livre ici un article suite à la conférence à Barcelone d’un groupe catalan (enrutat.org) qui travaille à déconstruire les discours sociétaux dominants sur l’identité et les choix affectifs et sexuels.
Je ne sais pas si, dans vos années de collège ou de lycée, vous avez eu l’opportunité de participer à des ateliers où les questions de genre, d’identité et de choix sexuels et affectifs ont été abordées ? Pour ma part, c’était décidément absent, et je pense que cela aurait pu être très porteur pour beaucoup d’entre nous…
Les deux présentatrices, Laura Poch Riquer et Barbara Rabinad Coll, travaillent ensemble et nous ont présenté le travail qu’elles font à Barcelone dans des ateliers de déconstruction des questions de normes identitaires dans les choix affectifs et sexuels que font les gens, et en particulier les jeunes. Entre autres, elles ont monté 5 groupes qui interviennent dans les lycées à Barcelone. Les groupes mènent des ateliers dans les lycées où ils mettent la norme au centre pour la regarder ensemble, et stimuler des discussions autour des normes qui influent dans la vie sexuelle et affective ; avec comme but aussi de casser la notion de “eux” et “nous”. Dans leurs ateliers, elles posent des questions qui déconstruisent le privilège hétérosexuel, et les notions normatives et dominantes autour de l’identité, la sexualité et l’affection. Elles mettent en lumière la construction sociale de cette réalité.
Par exemple, elles nous ont demandé de fermer les yeux et quand on les a ouverts, il y avait au sol ces papiers :
Était-ce difficile pour toi d’accepter ton hétérosexualité ?
Quand as-tu découvert que tu étais hétérosexuel.le ?
…
C’est un exercice qu’elles utilisent dans leurs ateliers pour stimuler des discussions autour du privilège hétérosexuel.
Elles soulèvent aussi les questions sur le “bullying”, l’harcèlement qui peut se manifester, mais qui n’est souvent pas affronté.
Elles sont également intervenues en jouant une pièce de théâtre dans une des écoles.
Les membres de ce collectif, qui font ce travail, sont âgés de 20 à 65 ans, ils font un travail intergénérationnel, et il y a 5 groupes dans Barcelone .
Comment procèdent-ils ?
- Ils commencent avec des ateliers “Histoires de vie”,
- après, la création d’un “Guide didacticiel”,
- puis, les interventions dans les écoles.
Leurs principes : confidentialité, participation horizontale, communication sincère, respect mutuel, compromis…
Ils se sont également servis des “Fleuves de la vie” (travail de D. Denborough), et d’autres façons narratives pour aider les gens à faire face aux barrières sociales et à développer eux-mêmes des histoires d’initiative personnelle. Ils aident également les gens à faire face, à déconstruire les barrières sociales et à développer des initiatives personnelles.
Ils travaillent de façon collective, et ont aussi créé un projet qui est en ligne (si vous parlez espagnol ou catalan), dont voici le lien : http://www.enrutat.org/#!mdia/c6ap.
“Reapropiant-nos ; Relats de dones lesbianes, bisexuals i pansexuals”
“Relater les vies de femmes lesbiennes, bisexuelles et pansexuelles”
Vous avez des questions ? elles parlent également anglais (pour le français, je ne sais pas…) : info@enrutat.org.
Elizabeth Feld, 4 août 2016.
Merci de ce retour Elizabeth. De quoi alimenter mon histoire de regret d’avoir été sur place et d’être quand même passée à coté de très chouettes ateliers 🙂
j’aime beaucoup la façon dont les “petits papiers” bousculent notre représentation.
j’ai lu cet été un magazine féministe TIMULT, https://timult.poivron.org/09/
Cela parlait des débats survenus lors d’une rencontre “alternative” -tout un vocabulaire, en effet- en Allemagne. Une notion (dont j’ai oublié le nom “officiel”) met en effet en avant la façon dont les blancs, riches, enfants de “colons”, ont des privilèges et ne le perçoivent pas… les débats portaient sur l’utilité de cette porte d’entrée, qui joue une carte très culpabilisante pour les personnes qui se voient et se disent “anti-raciste” ou “pro-égalité” et sont mises face au poids des conventions dont elles bénéficient par culture…
mais la façon de nommer / symboliser le privilège induit et non perçu me semble proche de ce qui est vécu dans cet atelier que tu décris.
merci !
a bientôt !
Nous disons souvent que l’approche narrative est une méthode subversive… pour le coup nous sommes en plein dedans !
Quelle libération cela doit être pour certains… merci Elizabeth 🙂