Les trois jours de Master Class de Cheryl White et David Denborough à Bordeaux se sont terminés ce soir.
Nous avons vécu ensemble des moments forts et passionnants. Pour tous les participants qui souhaiteraient exprimer des retours, des idées, des messages pour Cheryl et David, ou participer aux différents projets qui sont nés de ces trois jours, nous avons ouvert une page spéciale ici qui sera traduite régulièrement en anglais.
Cet atelier a été remarquable à bien des égards. Il nous a permis de relier beaucoup plus fortement nos pratiques à l’histoire des mouvements sociaux du XXe siècle, à nous rappeler que l’approche narrative a été créée initialement par des activistes sociaux qui l’ont appliquée au domaine de la thérapie, mais qu’elle ne se réduit pas à une approche thérapeutique ou coachique, même si ses possibilités dans ces domaines sont extraordinaires.
Au-delà des multiples outils qui nous ont été offerts, et de la très forte incitation à les dépasser, les détourner, les adapter pour développer nos propres métaphores et nos propres approches, nous avons été invités à explorer les idées politiques et sociales qui font des pratiques narratives bien plus qu’un outil ou une technique, même très efficaces, mais un projet de justice sociale fondée sur la réhabilitation et la mise en valeur des savoirs locaux, utilisés depuis toujours par les communautés pour surmonter les difficultés.
Bref, une belle leçon d’humilité, d’humour, de générosité, de profondeur et de légèreté à la fois, qui donne envie de continuer à joindre nos voix à cette petite musique venue d’Australie et qui se développe rapidement dans le monde entier.
Au fait, lors de la dernière séance de groupe que j’ai animée autour de l’Arbre de Vie, une femme a demandé lorsque nous en étions aux feuilles si on n’allait parler que des gens qui nous soutiennent. Que faire des gens qui nous ont fait ou nous font du mal ? Elle proposait de dessiner une poubelle, je crois, au pied de son arbre pour les placer à l’intérieur, car ils sont importants aussi. J’ai suggéré bien sûr l’idée du compost, dont David D. nous avait parlé, et cette idée a été très appréciée, notamment pour le sens qu’elle permet de donner à ces expériences : elles sont “pourries” mais elles nourrissent et fortifient.
Pour ma part, j’ai découvert la Riverbank Position, que je n’avais pas su traduire sur les diapos car elle n’est pas mentionnée telle quelle dans le livre de David. C’est une image nouvelle pour moi.
Je trouve que c’est une belle idée pour laquelle j’aimerais trouver en Français une expression aussi imagée. C’est le travail de l’arbre de vie, de l’équipe de vie, du cerf-volant et de toutes les choses de cet ordre que nous allons inventer avec nos clients au plus proche de leurs centres d’intérêt, qui permet de retrouver ou de trouver un sens de soi stable (stable comme les berges du torrent), condition nécessaire avant la mise en action, quelle qu’elle soit. Sortir la tête des remous du torrent, parvenir à se mettre à l’abri en regagnant la rive, et regarder les choses avec une nouvelle perspective.
Cette image me permet de conscientiser encore plus le travail que je fais avec les groupes, d’en saisir encore plus et mieux l’intention et me motive pour continuer dans ce sens, lorsque je me sens recrutée par le doute et tentée par un retour aux bonnes vieilles façons de faire !
Ce dernier séminaire à Bordeaux a été pour moi une révélation, voire un choc. Le fait d’être en prise directe avec 2 des personnes les plus impliquées depuis l’origine, le fait de comprendre dans quel contexte cela s’est insérer, m’a mis en contact avec une réalité dont j’avais entendu parlée, mais qui n’était pas encore suffisamment concrète pour moi.
Je me suis sentie profondément concernée par leurs actions et très touchées par la manière dont ils les conduisent.
Je ne sais pas où tout cela va me conduire, mais j’ai eu l’impression de me retrouver à travers eux, dans quelque chose qui est un appel à l’intérieur de moi, j’ai eu l’impression d’être brassée et connectée à un espoir puissant, relatif à la fois à ce qu’il est possible de faire sur cette planète, et à la fois à ce que j’ai envie de faire moi aussi. Et sans aller trop loin, il y a bien des choses à faire en France.
J’ai bien l’intention de continuer cette réflexion avec quelques uns autour de moi. C’est évident que je tiens à être reliée aux autres dans tout ça.
Une idée qui m’a paru majeure est la réflexion autour de l’unité dans la diversité (Paulo Freire). C’est un sujet qui me tient à coeur dans un monde où la division règne. Se relier à quelque chose de plus grand que soit que ce soit à travers une communauté ou un idéal avec des valeurs partagées me paraît être la meilleure manière de sortir du conflit, de l’isolement, de la souffrance et cela sans oublier sa manière d’être soi-même et différent. C’est un magnifique thème d’accompagnement des équipes ! Bises. Véronique
Bonjour à tous !
Pour moi qui n’ai pas eu la chance de connaître Michael White, rencontrer Cheryl et David, les entendre nous parler longuement des origines, de la philosophie, de l’éthique des Pratiques Narratives, cela m’a vraiment donné l’impression de me rapprocher au plus près de ce qu’est la narrative. Plus qu’une pratique, une manière de regarder le monde, d’être au monde.
Beaucoup de choses importantes ont été dites, qui vont influencer ma pratique. Notamment quand David évoque les quatre principes clés avec lesquels il va à la rencontre de Peter en prison. Il me semble que toute la philosophie et les intentions d’un accompagnement narratif sont là. Pour moi qui commence à transmettre les idées narratives, rester reliée à ces principes va m’aider.
D’autre part, les cas et les outils qui ont été partagés avec nous m’ont permis de comprendre que, pour aider une communauté à parler des difficultés qu’elle rencontre, il faut le faire à travers quelque chose qu’elle connaît et/ou qu’elle apprécie (foot, cerf volant, arbre de vie, théâtre de vie …), tout en restant connecté aux principes. Je trouve que cela donne beaucoup d’espoir et permet à la fois une grande liberté et une grande créativité pour nos pratiques.
Quand aux mots, expressions qui m’ont particulièrement touchée, je garde entre autres : « aller au secours des mots », « il faut du temps pour écouter et reconnaître la souffrance avant d’aborder l’histoire alternative », « sauver ce qui a encore de la valeur pour la personne », « considérer la personne qui vient nous voir comme porte-parole d’un problème social ». « Leur permettre de s’adresser à travers moi à d’autres personnes », « solidarité éthique », « éthique de la diversité » et « amitié éthique ».
En parlant d’amitié éthique, je voudrais remercier chaleureusement Pierre et son équipe pour ces trois jours. Remercier aussi Elizabeth et Mike de m’avoir rendu accessibles les mots de Cheryl et David. J’ai été ravie de partager ces moments avec vous tous et ravie aussi d’avoir rencontrer de nouveaux collègues.
…et je profites de cet espace pour saluer tous ceux à qui je n’ai pas pu dire au revoir, en raison de mon départ précipité vers la gare.
Oui, ce furent trois belles journées, j’ai été émue, intéressée, interpellée. Et j’ai encore la chanson de Pierre dans ma tête… « helloy , helloy, helloy»…. « merci, merci, merci… »
Cheryll nous a demandé de prendre soin de la philosophie des Pratiques Narratives et a confirmé que toutes les techniques qui sont en cohérence avec cette philosophie sont les bienvenues.
Si je devais garder un enseignement, ce serait le principe de contribution à la communauté.
J’ai toujours pensé qu’un accompagnement thérapeutique devait être utile au-delà de la personne accompagnée. La pratique Narrative le pose comme un principe fondateur. Donner, recevoir et rendre, c’est un processus qui ouvre une voie à notre accomplissement et à la joie. La joie qui redonne, même dans les pires tourments et violence de la vie, la fierté de partager son humanité.