Les Pratiques Narratives sous le Baobab

Par Sonia Bonkowski et Véronique Schermant
Les filles du Baobab© – 
lesfillesdubaobab.com

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Quand l’image suggère des mots et quand les mots évoquent des images.

Le Baobab est un arbre bien connu en Afrique dont la symbolique recouvre de nombreuses facettes : “arbre magique”, “arbre guérisseur”, “arbre à palabres” … C’est ce dernier aspect qui nous a inspiré pour notre projet de création et de transmission; pour lancer la “Communauté du Baobab”. Comme dans les villages africains, nous rêvions de réunir celles et ceux qui à un moment de leur chemin de vie souhaitent s’asseoir, faire le point, prendre le temps de se dire, de se raconter, d’évoquer les milles et une aventures vécues et prendre le temps de célébrer le parcours.

Formatrices et coaches, il nous semblait également important de soigner particulièrement le démarrage et la clôture de nos processus d’accompagnement en offrant par le biais d’images ou de mots de jolis tremplins de partage. Il nous semblait important de pouvoir aussi mettre en dialogue les représentations du monde qui s’entremêlent lors des parcours d’accompagnement à vivre avec nos clients.

Les collections de photographies “poétiques” de Véronique, glanées au long de ses multiples escapades nous ont fourni un trésor d’images idéal à rassembler en photos-langage. Ma sensibilité à la langue française et à ses riches nuances de sens (je fus professeur de lettres dans une première vie) rendait notre approche de la métaphore aisée. L’image comme “pré-texte” pour raconter ce qui habite et nourrit nos identités multiples et expressions métaphoriques formaient à nos yeux un bel alliage pour proposer des outils boosters de parole.

Ainsi démarra notre projet des “Filles du Baobab” © et la création de nos premières séries de “Baobabelcards” © !

J’aime particulièrement cette appellation car il s’agit d’un jeu de mots et de symboles : Babel, d’une part, cette tour symbole de la confusion due à la diversité des langues, symbole d’une cacophonie où toutes les langues s’entremêlent rendant la communication peu aisée. Et babeler, expression bruxelloise, qui signifie parler beaucoup, échanger, tenir une conversation. Des cartes donc pour parler, pour converser, pour mettre des mots sur des visions diverses. Des cartes pour voir autrement et dire autre chose ! Des images pour mettre en mots, des mots pour créer des images !

Lorsque nous avons croisé les Pratiques Narratives à travers la formation proposée par Dina Scherrer et Elizabeth Feld, nous avons tout de suite compris la complémentarité de notre approche avec les conversations narratives de Michaël White. Les notions de narration, de déconstruction des discours dominants, d’échafaudage d’histoires préférées ainsi que la notion de redevenir auteur de sa vie nous parlaient avec une telle évidence que nous n’avons pas hésité un seul instant à nous définir résolument comme praticiennes narratives dans nos accompagnements individuels et collectifs.

Comment utilisons-nous nos photos-langage pour accompagner les personnes et les groupes lors de nos coachings narratifs ?

Le coaching narratif sous le Baobab

Démarrer une conversation narrative à partir d’un photo-langage offre une réelle opportunité pour amorcer le récit d’histoires de vie complexes, riches et ouvertes sur de nombreuses pistes de re-authoring. En effet, la métaphore portée par l’image permet d’explorer un vaste champ où l’on peut aller par exemple assez aisément d’une conversation externalisante vers une conversation de re-membering .

L’image est porteuse de multiples sens et le coaché peut y voir, c’est-à-dire y projeter, ce qui lui semble dans l’instant, opportun à exprimer. C’est par le biais des questions posées par le coach qu’une conversation narrative peut s’amorcer. Lors d’un accompagnement individuel, à partir d’une thématique comme la série des cartes “Milles et un chemins”© de nombreuses histoires peuvent s’échafauder ou se déconstruire. La conversation de départ s’ouvre par quelques questions comme :

  • Quel chemin ai-je envie d’emprunter ?
  • Sur quelle route me suis-je perdu(e) ?
  • Quel chemin parle de moi ?
  • Sur quel chemin suis-je aujourd’hui ?

Dans un accompagnement d’équipe, l’image du chemin permet aisément d’aborder une mise en projet. Le processus du voyage est une mise en route comme l’est le démarrage d’un projet qui vise un objectif collectif.

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A partir d’un photos-langage composé d’une cinquantaine de cartes de routes et de chemins très variés, on peut amorcer un questionnement qui met l’équipe en réflexion sur le trajet à parcourir jusqu’à la réalisation du projet défini ou à définir.

Pour commencer, chacun des membres de l’équipe choisit une image représentant le “ici-maintenant” du groupe. Chaque participant garde sa carte et la présente en explicitant sa vision puis il la met en relation, à la manière d’un domino, avec la carte de son voisin en précisant les points de convergences/divergences/particularités entre les images et ce qu’elles représentent pour chacun et ainsi de suite afin de créer, de composer ainsi le chemin du groupe.

Nous prenons ensuite avec l’équipe, un peu de hauteur pour observer de façon “méta” les échanges qui ont eu lieu et engranger ainsi la matière qui commence à sortir du collectif qui se constitue.

  • Qu’est-ce que ce chemin dit du groupe ?
  • Quel nom pourrait-on lui donner ?
  • Vers où va-t-il ?
  • Chacun du groupe peut-il s’y aventurer ?
  • De quoi a-t-on besoin pour s’y sentir bien ? …

Une photo de ce chemin de groupe est prise ainsi que des notes afin de collecter de la documentation à transmettre aux participants. C’est le premier pas sur le chemin commun ! La confrontation des visions permet de mettre en dialogue le cadre des représentations des uns et des autres, sans en exclure aucune, et de dégager ainsi ce qui est communément important pour se mettre en route ensemble.

Des parcours cartographiés où les photos-langage se complètent

Nos photos-langage s’articulent entre eux . En effet, il n’est pas toujours nécessaire de rester sur la même métaphore pour poursuivre les conversations qui ponctuent un accompagnement narratif.

Ainsi, de l’image du chemin qui a permis le démarrage du processus narratif, l’on peut aisément explorer le “club de vie” en utilisant les séries “Tables et chaises” © pour converser sur qui on invite à sa table ou dans un groupe, sur la place attribuée à chacun ou encore en utilisant les séries “Pile ou face” © pour explorer qui sont ces autres adjuvants de nos projets ou empêcheurs d’évolution ! Qui sont ces autres promoteurs de nos rêves ou poids à délester pour poursuivre notre quête ?

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En effet, faire route c’est aussi faire des rencontres, croiser des personnes. La réflexion est ainsi portée sur ce qui nous fait appartenir à une communauté aidante qui soutient et encourage, renforce notre capacité à nous mettre en mouvement.

Se remettre en relation avec ces autres, quelques fois oubliés, permet à la personne accompagnée de se reconnecter à cette part de soi qui a été vue, entendue par d’autres et qui par le biais des conversations de re-membering rendent à la personne sa capacité à être auteur de sa destinée. Les questions qui guideront la conversation de re-membering peuvent alors être :

  • A quelle table ai-je envie de m’asseoir ? Avec qui ?
  • Qui j’invite à ma table ? Que connaît cette personne de moi ?
  • Qui serait heureux de partager un moment à ma table ? Que me dirait cette personne ?
  • Qui ne serait pas invité à notre table ?
  • Et si je changeais de place que verrais-je de là où je serais assis ? – Suis-je à ma place dans ce groupe… ?
  • Qui manque à notre table pour … ?
  • A qui je cèderais volontiers ma place ?
  • Qui ai-je croisé et qui m’a vu, soutenu ?
  • Qu’est-ce que cette personne me dirait aujourd’hui ? …

Là encore c’est au coach à mener de façon décentrée mais influente le fil de la conversation pour permettre à son client d’exprimer ce qui est important pour lui et quelles sont les ressources cachées qu’il peut valoriser dans sa quête ou projet. A quelle famille d’appartenance peut-il se connecter pour trouver le support utile lorsqu’il est en difficulté ? A quelle dimension collective l’équipe peut-elle s’articuler pour réussir ensemble son projet ?

Dans le cadre d’un accompagnement collectif, on peut aussi travailler le dimension des départs et de la place donnée à chacun notamment lors du départ d’un collègue. En effet, ces départs sont souvent de petits “deuils” à traverser et la reconfiguration de l’équipe n’est pas toujours aisée. Mettre des mots sur les émotions, les regrets, les souvenirs, les savoirs acquis avec cet autre qui est parti peut se faire à partir d’un photo-langage qui offre un décor à la parole, la soutient et l’ouvre.

Des Baobab-accompagnantes

Utiliser des supports imagés demande un réel recul par rapport à ses propres projections. Il n’est pas rare que notre propre interprétation d’une image soit mise en tension par l’interprétation de la personne accompagnée ou par le groupe qui confronte ses interprétations. C’est alors que nous devons être particulièrement ouvertes, disponibles au champ interprétatif qui jaillit de l’image.

Les conversations qui s’amorcent peuvent quelques fois nous emmener loin dans l’imaginaire et nous faire faire des détours narratifs très créatifs. Nous veillons toutefois à garder le fil d’un récit échafaudé par les traces subtiles que le client offre pour guider la conversation, de façon décentrée mais toujours influente, vers des récits de lui-même porteur d’une vision nouvelle !

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Comme “Baobab-accompagnantes” © nous laissons flotter notre attention telle une plume pour écrire avec notre client une histoire préférée dont il peut garder la mémoire grâce à la documentation constituée en cours de processus. Nous privilégions le carnet de route, la feuille de route, le parchemin ou le tableau pour garder des traces des différentes étapes de notre accompagnement : une oeuvre créative à emporter, exposer et partager.

3 réflexions au sujet de « Les Pratiques Narratives sous le Baobab »

  1. Le photo langage est un exercice très répandu en coaching, c’est tellement puissant… Mais quand je présente vos collections à mes coachés, il y a comme un petit truc en plus, je ne sais pas bien l’expliquer ! C’est pour moi un véritable privilège de les compter dans mes outils, pas une séance de coaching sans les avoir sous la main désormais !
    Merci aux Baobab’s girls

  2. merci Sonia et Véronique, pour ce rappel ou ce partage de vos pratiques. Vos collections de cartes sont de très beaux supports qui remportent beaucoup de succès lorsque vous les présentez.

    je suis bien contente de faire, grâce à cet article, un bref “bout de chemin” avec vous !

    au plaisir de vous revoir !

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