Une histoire française

Dessin de Deligne
Dessin de Deligne

L’un de mes clients, en recherche d’emploi depuis un certain temps, se voit souvent poser la question : “pourquoi avez vous accepté tel job qui était bien au dessous de votre niveau professionnel ? ”

Et à cette question là, il est politiquement incorrect de répondre : “parce que j’avais besoin de bosser et de gagner ma croûte, et que c’était ma seule option à ce moment là”. Comme si ces mots et cette intention étaient déshonorants. Comme s’il existait une histoire où tout cadre se devait de voler de succès en succès, et voir une ascension de carrière irrésistible, gérer prudemment sa carrière, mais tout en prenant des risques, et ne jamais prendre de gamelle.

Je trouve qu’il y a là un discours à déconstruire, qui introduit dans le processus de recrutement à la fois une histoire de performance, de succès et de croissance permanents déclinés de façon métonymique et même homothétique de leurs homologues dans les espoirs et les rêves de conquête continue des entreprises, et d’autre part, peut-être, une sorte de trace résiduelle l’hypocrite jalousie bourgeoise vis à vis de ceux qui prennent des risques, et que l’on retrouve dans la sagesse populaire : “pierre qui roule n’amasse pas mousse”. Toujours est-il que le droit à l’échec est très peu accordé dans les faits, quant au droit à plusieurs échecs, n’en parlons même pas ! (le mythe du loser)…

Pourtant, il suffit de regarder n’importe quelle histoire professionnelle (je ne parle pas de ce bricolage narratif que l’on appelle “CV”) pour y trouver immédiatement les traces du hasard, de l’émotion, des rencontres providentielles, du courage, de la chance et de la malchance, bref de la vraie vie dont le récit est impitoyablement exclu de l’actualité heureuse des entretiens de recrutement si l’on veut avoir une chance de correspondre au sacro-saint profil, profil qui lui aussi est un fantasme narratif du recruteur plus souvent basé sur des attentes tribales que sur une analyse de compétences.

16 réflexions au sujet de « Une histoire française »

  1. C’est un sytème un peu hypocrite et au final très calqué sur un modèle ancien régime, qui ne dit simplement pas son nom. Les grandes écoles vendent un modèle, un estampillage “grand cru” sur lequel au final on ne s’interroge pas. Une anecdote à ce sujet en passant. Un des professeurs d’hypotkhâgne de ma fille a expliqué devant un public d’élèves frissonnant d’extase que les 8 qu’il distribue quand il est de bonne humeur, équivaudraient à un 15 en université ! Personne ne s’interroge sur les fondements manipulateurs et exécrables de ces pratiques et pourtant…

  2. Ce que je voulais dire en fait, c’est que le recrutement est fait par les diplômés de ces écoles, bercés de certitudes fortement ancrées par des années d’études chèrement payées (c’est quand même pas pour rien !) et absolument pas préparés à remettre en cause ces certitudes, quelque soit la conjoncture.
    C’est ainsi qu’on enseigne et vénère toujours le marketing, la logique financière, les nouvelles normes comptables, la communication, etc … et le fait qu’il ne doit pas y avoir de trous dans un CV, ni trop de revirements. Le tout sous forme de credo, sans jamais donner la possibilité de déconstruire ces idées normalisées.
    Voir peut-être le livre de Florence Noiville : “J’ai fait HEC et je m’en excuse”, que je n’ai pas lu. Seul le titre m’interpelle.

  3. Je pense aussi à la prédominance en France dans l’entreprise des diplômés des GRANDES écoles (dont certains se repentent aujourd’hui quand ils analysent la crise et ses raisons et le manque de recul et d’esprit critique dont ils ont presque tous fait preuve 🙂 et au mépris qu’ils affichent pour les formations universitaires et ceux qui les ont choisies. Est-ce parce que la fac engage à l’autonomie et laisse plus de liberté pour penser qu’elle fait peur aux entreprises ?

  4. Le sujet passionne et fait réagir et c’est tant mieux : il est fondamental !
    Au delà des personnes ou des entreprises, c’est un véritable sujet de société.
    Un de mes clients me disait la semaine dernière : “on a les dirigeants que l’on mérite !” et je suis convaincu qu’il a raison.
    Dans quelles entreprises voulons-nous travailler ?
    Dans quelle société voulons-nous vivre ?
    Là est la question.

    Je regrette de ne pas pouvoir être avec vous demain à Nantes et j’espère que vous trouverez le moyen de nous faire partager vos débats…
    Merci à distance pour votre initiative !
    Parce qu’il ne sert à rien de rester focalisés sur la partie mortifère du système et que seule la partie vivante vaut la peine qu’on lui consacre de l’énergie.

  5. Quelles belles contributions ! J’en retiens l’idée, que l’on retrouve sur un autre blog dans une réponse de Stéphane Kovacs à un billet de Pascal Guibert que nous visons une crise d’humanité et que la réponse doit venir du sujet lui-même. Et donc, tout ce qui peut instrumentaliser la personne en recherche d’emploi et la priver de sa qualité de sujet peut être déconstruit… mais pour déconstruire, il faut pouvoir parler (ou poser des questions) depuis un ailleurs extra-territorial, cet ailleurs proposé par le cabinet du coach ou du thérapeute, ce territoire “au sec” où commencer à bâtir une histoire préférée et qui ne se trouve pas sous le sabot d’un recruteur. sauf celui d’un recruteur courageux, comme tu le rappelles Sandrine, sachant que le monde du recrutement est un monde de conseil qui obéit lui aussi à l’équation économique dominante. Nous allons essayer demain d’illustrer ce sujet de l’espoir en entreprise et il est certain que les échanges ci-dessus vont m’aider à le relier à l’idée du courage… on vous tient au courant !

  6. En fait, il y a une horrible histoire dominante qui s’est insidieusement installée dans les têtes et les coeurs des gens qui travaillent en France aujourd’hui: Le travail serait un mal nécessaire ! Plus question d’épanouissement, de rencontres, d’apprentissages de partages, non il faudrait se contenter d’être un rouage de “production de valeur ajoutée “au profit d’on ne sait qui….
    C’est une histoire qui s’est installée dans les têtes et qu’il n’est pas si simple de déloger.

    A Nantes, la COOP RH organise demain un petit déjeuner débat dans lequel nous avons choisi de traiter d’Espoir en entreprise.

    Quelle audace ! Les réactions des destinataires du mail ont été parfois surprenantes: certains nous ont soupçonné de prosélytisme puisque nous semblions nous approprier une valeur qu’il n’envisage que comme chrétienne, d’autres se sont sentis agressés: Qu’est qui vous permet de penser que nous avons besoin d’espoir ? On est pas France Télécom ou Renault quand même….

    Et heureusement, il y a aussi tous les responsables des “Ressources humaines” qui se sont dit, ça m’intéresse de contribuer à ramener de l’espoir, du sens de l’humanité à mes collègues. Alors même si je ne peux pas venir à la conférence, j’adresse un petit salut d’encouragement à ceux qui osent le proposer… Merci à eux, et à bientôt.

    et juste en rappel du Post de Pierre, je vous jure qu’il est possible de recruter des vraies personnalités, d’oser proposer de la diversité aux Entreprises, des personnes qui n’ont pas déjà fait ce qu’elles sont censées venir faire dans leur nouvelle boite… Ca nécessite de se positionner en tant que Recruteur et de faire preuve de courage. je l’ai fait des années et j’ai gardé mes clients.
    J’en connais d’autres qui le font et luttent contre la normalisation et la tentation du clonage… Regarder autour de vous, chercher, même chez les Recruteurs il y a des Résistants….

  7. Tout ceci me donne envie de raconter une histoire qui n’a rien à voir, qui se passe ailleurs et dans un autre temps:
    Un prof de musique est rentré un soir dans une classe où la petite fille s’exerçait aux gammes, fastidieusement. Il lui a demandé: qu’est-ce que tu fais? Elle a répondu: je m’ennuie et ça me fait mal aux doigts. Il a dit : tu sais, les gammes ça peut être vachement amusant, tout dépend de ce que tu mets dedans… et il s’est mis à jouer les gammes d’une telle façon que la terre a éclaté de rire…
    c’est à partir de ce moment-là que la petite fille a construit son histoire de résistance et d’espoir… qui ne l’a jamais quitté… et qui est nourrie parfois par le partage avec les musiciens qu’elle rencontre.

    Ma question serait: quels chemins de résistance pourrait-on trouver dans cette “histoire française” et comment la plainte et la colère pourraient-ils les nourrir autrement?
    J’ai déjà lu quelques réponses plus haut apportées par Stéphane, mais j’aimerais bien entendre d’autres, ce serait passionnant et jubilatoire.

  8. Bonjour
    Je n’aime pas la notion de « plantage » qui présuppose que l’on devrait coller de façon quasi intime et surtout continue à un job, quelle que soit notre qualification et au-delà, notre histoire propre. Qui suppose aussi que l’on est censé dans un parcours professionnel trouver « sa voie » et si elle ne vient pas, se remettre en question, soi. Etant dans une situation particulièrement difficile, au regard d’un choix de vie en rupture totale et volontaire avec un passé, je me suis ainsi entendue tenir par une « coach professionnelle » dument rémunérée par l’état, un discours lénifiant m’incitant à cerner mieux ce que je cherchais, ce que je voulais être etc, alors que c’est une chose solidement établie dans ma tête et dont je cherche les moyens d’application ! J’ai fini par littéralement bramer, debout et vibrante cette affirmation, accueillie autour de la table avec stupeur : Tiens , elle sait ce qu’elle veut celle là ! Puis cette éternelle et horripilante invite à rebondir ! J’exècre ce conseil stupide qui n’invite pas à la réflexion, au travail sur soi, mais à passer outre et à se forcer, à montrer « un dehors dynamique et brillant ! » quitte à ce que ce rebondissement forcené et intempestif se finisse contre un mur !
    L’image que cela donne est celle d’un humain figé dans un soi épais comme une armure là où je le pense flexible, non pas malléable mais changeable par apprentissage et découverte de la vie. Tout s’apprend et à tout âge et l’adaptabilité ne cesse pas sur un mouvement d’horloge.
    L’autodidactisme et la liberté d’esprit qui est souvent couplée avec, soufflent un dangereux parfum de désordre, d’impermanence et cela fait peur. Et si malgré les obstacles, on reste solide sur ses bases, ça peut déclencher des effets bizarres. Un psy, que j’appelle en mon for intérieur, Bilbo le Hobbit, et que j’avais consulté en me disant que ça ne me ferait pas de mal, m’a ainsi soufflé sulfureusement au visage que n’étant pas désespérée par une situation où je devais l’être (vous apprécierez comme moi cet avis positif et porteur !) , je suscitais l’envie chez mes pairs non pas de m’aider mais de me taper dessus, je cite dans le texte !!!!
    Autre anecdote amusante et qui illustre le système de castes qui prédomine encore dans l’entreprise, est la déclaration furibonde que m’avait faite ma directrice de communication (j’étais moi assistance de com) à qui j’ai osé rappelé pour la énième fois que non je n’avais pas fait d’études supérieurs en lettres : « vous auriez du ! » . Il était plus important pour elle que je possède cet étiquetage, que d’avoir les connaissances requises pour le poste. Incroyable, non !
    Mieux vaut en rire, l’amertume ne servant à rien qu’à gacher la saveur de la vie, etcontinuer à avancer vaille que vaille !

  9. Bonjour Pierre,

    On connait la résistance légendaire des français au changement et la première source de cette résistance émane de notre système éducatif dans lequel, si tu n’as pas la capacité à te soumettre au système de pensée unique qui est proposé, on t’éjecte ! Le problème est que « l’élite » qui nous gouverne et gouverne bon nombre de grandes entreprises est issue de ce sérail : c’est justement celle qui a su s’adapter… Et comme elle se sent menacée dès qu’une voix discordante se fait entendre, son rôle implicite est de maintenir le système.
    Le système est également gardé de l’intérieur pour des raisons corporatistes par ceux qui le font fonctionner. Et ceci alors même qu’ils constatent quotidiennement l’accroissement de leurs difficultés à enseigner face à des élèves et des parents de plus en plus exigeants en termes d’intérêts et de contenus. D’un côté comme de l’autre on perçoit bien intuitivement qu’un décalage s’est créé entre des enfants qui grandissent dans une société des loisirs de plus en plus ouverte et multipolaire et un système dont le contenu a à peine évolué depuis Jules Ferry. Mais contribuer au changement serait du point de vue de ceux qui enseignent remettre leur travail en cause et devoir abandonner certains avantages et prérogatives…
    Les difficultés que connaissent tous les Ministres de l’Education qui se succèdent (métier impossible par excellence !) à réformer le Mammouth ne serait-ce qu’à la marge est édifiant en la matière…
    Quant aux professeurs et directeurs d’établissement incompétents (et il en faut pour qu’ils soient si ce n’est déclarés du moins reconnus comme tels…), soit ils intègrent le rectorat, soit le rectorat les promeut ! Moralité, on écarte tout danger puisque le système fonctionne en vase clôt !
    Et pour les élèves inadaptés alors ? Et bien le jeu consiste simplement à créer des filières de seconde, troisième ou quatrième catégorie pour les occuper le plus longtemps possible et leur faire croire qu’ils auront les mêmes chances que les autres…
    L’étape suivante c’est évidemment l’entreprise avec d’un côté les bons élèves, ceux qui, sortis des bonnes ou grandes écoles, trouvent leur place sans trop de difficultés (du moins au départ…) et de l’autre tous les canards boiteux qui n’ont pas pu ou su suivre la voie dite… royale (où l’on retrouve l’idée de tradition monarchiste ;-)! Et bien pour eux se sera très dur car les premiers sont là pour protéger leurs castes, faute de quoi le système ne pourrait plus fonctionner.
    CQFD !

    Voilà pour le paysage tel qu’on pourrait le voir si on ne se munissait pas d’une loupe grossissante pour aller voir du côté Gaulois de l’affaire et de la capacité de certains à résister à l’histoire dominante !
    En effet, s’il n’existait pas ça et là un terreau favorable au changement, les accompagnants dont nous faisons partie n’auraient aucune chance de survie, notre rôle et notre esprit d’indépendance nous empêchant d’œuvrer, contrairement à ce que l’on veut parfois faire croire, au maintien d’un système qui va à l’encontre de l’épanouissement de nos clients.

    C’est la raison pour laquelle, lorsque j’accompagne des personnes en transition professionnelle, je leur propose d’abord d’écrire une nouvelle page de leur histoire. Une histoire qui va à l’inverse de celle qu’ils ont apprise jusqu’à présent à l’école, à l’université, dans les grandes écoles ou dans leurs précédents jobs. Une histoire qui démarre d’abord avec un projet professionnel incarné qui leur permette, face aux recruteurs de tous poils, non pas de se positionner en chercheur d’emploi mais plutôt d’aller valider que le job pour lequel ils postulent va bien leur permettre de réaliser ce projet.
    L’idée est d’inverser le rapport de force et de le faire d’abord dans la tête du client !
    La génération Y qui commence à faire couler pas mal d’encre ne s’y est pas trompée, elle qui désarçonne managers et directions RH de tous poils en exigeant d’autres comportements vis-à-vis d’elle, d’autres valeurs, d’autres discours et qui place son intérêt personnel dans la vie courante ou au travail en première ligne de ses préoccupations.

    Ok, mais quid des parcours atypiques et des trous dans le CV ?
    Et bien le « jeu » consiste à les assumer pleinement, y compris en disant qu’à un moment « on a accepté un job au dessous de notre niveau professionnel parce que l’on avait besoin de gagner sa croûte et que c’était la seule option possible ».
    Le faire et l’assumer en regardant le recruteur droit dans les yeux, c’est mettre ce dernier face à ses projections et/ou contradictions. C’est aussi faire preuve de sincérité, de courage et de détermination !
    Et si malgré cela ça ne passe pas ?
    Et bien l’on peut très facilement imaginer avec notre client que l’entreprise est à l’image du recruteur qu’elle a délégué et que, de fait, cette entreprise ne le méritait pas !

    Pour terminer sur une note Gauloise et positive, j’ai pris le parti de croire qu’en France aussi, pour reprendre en partie les termes de Lionel Ancelot, dans certaines entreprises et face à certains recruteurs :
    – On a le droit de se planter parce que ça permet d’apprendre des erreurs à ne plus commettre
    – On a le droit d’avoir fait des petits boulots entre deux “vrais” jobs parce que ça veut dire qu’on sait laisser son ego à la maison et qu’on est responsable
    – On a le droit d’avoir une vie en dehors du boulot et de faire du bénévolat parce que ça veut dire qu’on ne pense pas qu’à sa pomme
    – On a le droit d’avoir un parcours atypique parce que ça veut dire qu’on a exploré différents métiers, différents secteurs et qu’on est curieux
    – On a le droit d’avoir une vraie personnalité !

    Je ne ferais pas ce métier si je n’avais pas l’intime conviction que l’entreprise est un écosystème dont l’efficience repose sur la capacité des hommes qui la composent à considérer le travail comme une source de croissance, de créativité et d’élévation et à bâtir ensemble une histoire qui leur ressemble.
    C’est la raison pour laquelle je crois que le bon choix en matière de recherche d’emploi est de rester aussi honnête que possible et de partir à la recherche de la tribu qui nous acceptera dans toute notre singularité.

    Faute de quoi, à force d’accepter l’inacceptable, on finit par écrire à son tour une histoire inacceptable !

  10. cherPierre,

    Dans mes errances professionnelles d’y il a quelques moiS, j’ai rencontré une personne recrutant pour une agence d’interim; A peine bonjour, mon cv lu en diagonale et le couperet tombe “vous n’avez pas travaillé depuis quatorze ans!”, et de prendre une bonne respiration pour lui dire ” Madame , je suis là n’est-ce-pas cela qui compte? Vous ètes probablement une excellente gestionnaire de stoke humain, mais mes valeurs dans travail et la vie sont différentes des vôtres, vous n’urez pas la chance de travailler avec moi”
    Comment ne pas être déstabilisé par cette attitude binaire? QUI ne laisse la place à rien d’autre.
    Culturellement nous sommes summergés par la proposition, il ya bien/mal, ceux qui ont le pouvoir/ceux qui ne l’ont pas, ceux qui ne savent/ceux qui ne savent pas etc. Tiens,.Je place moi-mème la proposition positive avant la proposition négative:tenace l’empreinte”.
    La porte ouverte à l’osmose, au mélange des propositions est un vrai travail de confiance, qui laisse entrevoir la possibilité des impossibles. Trop risqué le chao, trop risqué la transformation à chaque minute où l’autre ouvre notre propre boite de Pandor.La peur enferme, mais laissons nous aller à cette ouverture, c’est grisant, arriver là où jamais nous ne pensions aller.quel pied!

    Bon cela dit, j’ai une trouille monstrueuuuuse! de me retrouver officiellement face a un client, alors que dans l’informel tout va bien, bises francoise

  11. Le phénomène des accidents de la vie professionnelle, (c’est-à-dire de la vie tout court) dont tout le monde “bénéficie” un jour ou l’autre n’est pas un sujet qu’on vous enseigne… on l’apprend sur le tas! dommage! peut-être à murir tant je vois de personnes cassées par ces situations

    Quant aux recruteurs qui posent ce genre de question, j’espère que ce ne sont pas les mêmes qui, en ce moment même, profitent largement de la situation pour proposer des conditions de salaire très basses à des personnes expérimentées mais “sur le carreau”, on peut en douter

  12. cher PIERRE,

    dans un article de Claude LEMOINE (professeur de psychologie du travail et des organisations universite de LILLE) paru dans le journal des psychologues, septembre 2009,
    quelques idees clefs:
    le retour de TAYLOR,

    par opposition au modele Tayloriste les entreprises ont mis en place des nouvelles formes d ‘orgnasiation au travail
    les caracteristiques : miser sur la diversite des activites l’initiative le travail en equipe.

    on pronait le soutien et al confiance donnes au personnel, qui se son cote le rendait par son implcation dans le travil, le travil etait vu comme un lieu de developpment personel et une valeur centrale sourc de progres social et de niveau de vie.

    SOUS L’ EXIGENCE D’UNE RENTABLITE FINANCIERE MAXIMALE LE TRAVAIL EST MAINTENANT CONSIDERE COMME UN SIMPLE PRODUIT ET LES SALARIE UNE CHARGE à reduire

    il en developpe les consequences notamment le travail qui se retrouve “en miettes” G Friedamnn

    il precise aussi:
    ” une devalorisation du travail lui meme: le fait que les medias et les organismes de placement parlent d’emploi à trouver, plutot que de metier ou de profession, laisse courir l’idee que tout emploi est interchangeable et qu’il faut se satisfaire du 1er venu…

    toi qui est specialement attentif aux mots et syntaxes voila des precisions,

    les mots comme: taches fractionnées horaires variables, travail du dimanche, rotation ds horaires, temps partiels, et pour les cadres: travail par projet, evaluations permanentes, et les DRH qui deviennent
    les executants des liquidations et des plans sociaux…

    en conclusion Taylor est de retour

    avec cela la question Où est donc passé le bel ideal de l’humanisme ?

  13. Une histoire simple…
    Un PDG sur le point de me confier la responsabilité d’un ouvrage (de la rédaction au bon à tirer) me dit : “Rassurez moi, vous connaissez bien le sujet ?”
    “Non, pas du tout monsieur. Mais si je comprends ce que j’écris… tout le monde comprendra”.
    Banco, il m’a fait confiance.
    Je ne sais pas si cette “race” existe encore, c’était il y a 25 ans environ !

  14. C’est exactement ça Lionel, et je me demande bien ce qui dans notre histoire dominante culturelle aboutit à cet effet sur ce champ là. Est-ce qu’il n’y a pas une trace de tradition monarchique (avec la vénération des diplômes, même des années après leur obtention, ces quartiers de noblesse des roturiers)… c’est une véritable question, qu’est-ce qui est spécifique chez nous pour aboutir à ce tabou là ?

  15. Salut Pierre,

    L’absent implicite de cette histoire se cache derrière le titre, car en dehors de notre douce France, il existe des pays où, contrairement à ce qui se passe ici :

    – Il est bien vu de s’être planté, parce qu’au moins on a appris dans la vraie vie quelques unes des erreurs à ne plus commettre ;

    – Il est bien vu d’avoir fait des petits boulots entre deux “vrais” jobs, parce qu’au moins on a laissé son ego à la maison le temps de retrouver autre chose ;

    – Il est bien vu d’avoir eu une vie en dehors du boulot, et de faire par exemple du bénévolat, parce qu’au moins on ne pense pas qu’à sa pomme ;

    – Il est bien vu d’avoir un parcours atypique, c’est-à-dire d’avoir exploré différents métiers, différents secteurs, parce qu’au moins on n’est pas un bourrin qui ne sait pas labourer un autre sillon que celui qu’il a entamé quand il était djeun ;

    – On s’intéresse davantage à la personnalité et à l’expérience d’un candidat, plutôt qu’au beau diplôme qu’il a décroché 15 ans avant, pour savoir s’il est de l’étoffe des leaders.

    …mais va-t-en expliquer ça au recruteur lambda qui, si son client Orange lui demande de lui trouver un nouveau chef de produit pour les offres “Internet mobile illimité” (exemple au hasard), va chercher à débaucher celui qui fait déjà la même chose chez le concurrent…

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