Par Elizabeth Feld
Quand Elizabeth se retrouve dans une réunion de sécurité routière animée par la Police Nationale, elle continue à réfléchir narratif…
On était une trentaine dans les salles du sous sol de la Mairie du 11ème, à Paris samedi matin. Moi, deux autres femmes, et une vingtaine de mecs, tous là parce qu’on avait été chopés pour une infraction sur nos deux roues et condamnés à une amende de 90€. Ils étaient là en embuscade, aux heures ou passaient les camions de ramassage de poubelles rue de la Roquette, en train d’attendre les gens en vélo pressés comme moi qui empruntaient les trottoirs pour dépasser les éboueurs.
On nous annonce le programme : 3 présentations d’une demie-heure chacune. Lors des 3 présentations, je me suis fait des réflexions narratives.
La première présentation, experte, deux flics, tout ce dont je me rappelle c’était le ton ironique de l’un : “de toute façons, comme tout bon Français, vous vous dites : ce n’est pas un problème si je ne me fais pas prendre. Les Français interprètent les lois selon leurs envies.” Je sens monter mon agacement. De quel droit !!! Et puis les Powerpoints : en position de savoir, un Powerpoint avec des statistiques, quelques réflexions partagées d’un ton un peu ironique sur le sens civique des Français, justes peut être, mais de quoi bien me braquer. Peu de souvenirs, et peu d’effet sur mes possibles conduites à l’avenir.
La deuxième : un médecin des urgences de l’hôpital d’à-côté : un Powerpoint aussi, avec des photos sanguinolentes d’effets d’accidents de deux roues. Marquantes, oui, des statistiques aussi, impressionnantes ; mais est-ce que cela va me faire changer de conduite ? Peut être un peu… au moins, je ne me sentais pas sur la défensive avec elle, mais sa position était experte, pas juste moralisatrice.
La troisième: des membres de l’association “moto handicap”, pas de position experte, des partages de leurs expériences et de leur vécu. Pas de Powerpoint, des vêtements de protection pour la moto, un gant qui avait été raclé sur une chute à 50 km/h, le partage et circulation dans la salle de la prothèse jambe de rechange d’un des membres. Les gens dans la salle ont posé des questions et ils ont été applaudis à la fin. Un impact.
Assise là, dans les sous-sols de la Mairie, j’ai pense aux formations narratives et à cette expérience faite aux USA dans les années de la deuxième guerre mondiale. Celle menée pour que les ménagères américaines se servent plus des abats, des ” bas morceaux” dans leur cuisine. Un groupe avec présentation experte et statistiques, qui a donné lieu à très peu de changement, (peut-être 6%), le deuxième, des petits groupes de parole et d’échanges sur le sujet ‘supposez que des ménagères comme vous”… Discussion sur les différentes pistes possibles: quelque chose comme 40 % de changements de comportement.
Si le Commissariat du 11e avait utilisé des petits groupes narratifs, me suis- je dit, autour du sujet des dangers de la conduite en deux roues pour soi et pour les autres, et comment on se voyait impliqué là dedans: quelles solutions on pouvait trouver… animés à la limite par les membres de “moto handicap”, en position décentrée et influente. On aurait pu imaginer un impact puissant de ces 1h30 passées au Commissariat. Une vraie réflexion et, qui sait, un changent de conduite durable !
Bonjour Fanny,
en voilà une bonne question!
Elizabeth
Oui Elizabeth,
ta réflexion sur l’emploi de la narrative dans ce genre de situation est pertinente
Comment pourrions-nous faire connaître l’esprit narratif, pour qu’un jour, il soit du domaine public ?
Je veux croire que ça viendra